Cette herse rotative modifiée scalpe les adventices

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Cette herse rotative modifiée scalpe les adventices

Des modification notables.

Pour concevoir un outil de désherbage mécanique pouvant remplacer le glyphosate, Benoît Malleron, chef de cultures à l’Inrae de Bourges, est parti d’une herse rotative.

Le désherbage mécanique prend parfois des chemins inattendus. C’est à partir d’une herse rotative que Benoît Malleron, chef de cultures à l’Inrae de Bourges (18), a créé l’outil qui lui manquait. Cette unité de recherche comprend des parcelles cultivées sans produits phytosanitaires et avec le moins possible de travail du sol. Ni glyphosate, ni labour, en quelque sorte. Pour réaliser un désherbage mécanique en plein, il fallait donc trouver un matériel du type scalpeur. Objectif : un travail régulier et intégral à une profondeur ne dépassant pas 3 à 5 cm.

Herse rotative modifiée avec des dents coudées

Ayant essayé différentes solutions non satisfaisantes à ses yeux, Benoît Malleron a finalement opté pour le fait-maison.

« J’avais vu sur les réseaux sociaux que certains employaient une herse rotative avec des dents munies d’une lame horizontale et j’ai essayé », indique-t-il. Un concessionnaire proche a mis à sa disposition une Kuhn HR 4003 de 4 m d’occasion. « J’ai coupé les dents usées toutes à la même longueur, ajoute-t-il, et soudé dessus des sections de lame d’acier biseautée, presque à l’horizontale. Il faut prendre un acier pas trop dur, sinon les lames se cassent sur les cailloux. »

Benoît Malleron

Benoît Malleron cherche des outils correspondant aux cahier des charges des chercheurs.

Pas de packer pour le désherbage mécanique

Seconde modification : la suppression du rouleau packer sur le nouvel outil de désherbage mécanique. Il faut en effet éviter que les adventices se repiquent. « Je me suis servi des points d’ancrage du packer pour installer des roues de jauge, située à l’avant de la herse. La profondeur de travail se règle très facilement avec le système de goupilles d’origine », poursuit Benoît Malleron.

Ensuite, Benoît Malleron a tenté de compléter l’outil par une herse peigne. Elle avait pour but de trier les adventices les mettre en surface, et de secouer la terre restant collée aux racines. Mais n’efficacité n’était pas suffisante. Il est donc parti sur une solution plus énergique. Il s’agit d’un rouleau à pointes, entraîné par un moteur hydraulique. « J’ai utilisé un rouleau désileur, qu’il a juste fallu rallonger. Il tourne de manière à soulever la végétation et à aérer la couche travaillée. » Un système de cales permet d’en régler la profondeur.

rouleau de herse rotative modifiée en scalpeur

Le rouleau, pris sur une ancienne désileuse.

Un autre montage des lames est possible

Signalons au passage qu’il est possible de souder les lames horizontales orientées vers l’extérieur des dents. On peut estimer que le recouvrement du travail entre rotors est ainsi plus complet. C’est le choix qu’a fait Hervé Favet, agriculteur en Côte d’Or. « Je me suis inspiré d’une réalisation suisse, et j’ai laissé dépasser un peu la dent sous la lame pour protéger la soudure de l’usure. » Comme sa herse a des dents boulonnées, il laisse les dents scalpeuses en permanence, même pour semer en combiné. En revanche, il n’a pas installé d’outil de tri à l’arrière. « J’ai juste enlevé le rouleau et mis à la place deux roues de jauge. » A l’usage, il observe que la herse rotative modifiée offre une bonne agressivité dès le premier passage en sol sec, par rapport à un outil à dents classique avec pattes d’oie.

herse rotative modifié pour scalper

Le montage choisi par Hervé Favet dans une réalisation maison sur le même principe.

Le désherbage mécanique au sein de différents projets de recherche

Le domaine de l’Inrae de Bourges compte 620 ha de SAU, moitié en prairie et moitié en culture, ainsi qu’un élevage de d’ovins et de caprins. Il héberge notamment la plateforme ABY, conduite sans phytos ni travail du sol profond. Plusieurs projets régionaux ou nationaux s’y déroulent, consacrés soit à la conduite des cultures en tant que telle, soit à la complémentarité culture-élevage.

Pour plus d’informations, retrouvez aussi ces articles sur www.entraid.com.