[Organisation de groupe] Un ensilage sans frontière

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[Organisation de groupe] Un ensilage sans frontière

Avec ce rayon d’action élargi à deux groupes voisins plus une troisième cuma dans un autre département, l’activité ensilage se met au service du rapport qualité / prix.

Sur un bout de frontière entre le Maine-et-Loire et la Mayenne, deux cuma dépassent la ligne imaginaire et administrative pour assurer le service ensilage chez les adhérents : la machine vient d’un côté, de l’autre on trouve le salarié qui la pilote et le hangar pour son entretien.

L’intercuma reste soudée, depuis 10ans malgré plusieurs mésaventures au niveau du matériel qui a dû être très souvent renouvelé jusqu’ici. En Mayenne, la cuma du Semnon fédère un noyau dur d’une demi-douzaine d’adhérents autour, notamment, de deux automotrices. A Pouancé (49), la cuma en avait aussi une pour l’ensilage, jusqu’en 2006: une Claas 6 rangs qui rempilait pour sa 13e campagne. Âge respectable, mais «cette année-là, nous avions eu de la soudure à faire tous les soirs», résume le chauffeur mécanicien Thierry Colombeau. L’année suivante, il conduisait la machine de la cuma de Senonnes pour assurer l’ensemble de la récolte des deux groupes. Son président, Emmanuel Pipard, explique: «Eux avaient une bonne machine», mais un problème de chauffeur se profilait. Ils l’ont également vendue pour acquérir une John Deere 7300 (6 rangs) qui est restée de 2007 à 2012.

Planning dessiné en collège

«Celle qu’ils vendaient avait trois fois plus de valeur que la nôtre mais finalement, ils se sont rendu compte que ce que nous apportions», à savoir un chauffeur et un atelier, «avait aussi de la valeur. Ils tenaient aussi à garder une machine en leur nom.» Ainsi la cuma de Pouancé est devenu une cuma ensilage sans autre ensileuse en sa possession que quelques parts sociales, 15.000€, dans l’automotrice d’une voisine. Et ça fonctionne ainsi: «Nous nous maintenons à un coût de 100€/ha (machine + fioul + chauffeur), aussi grâce à une surface que nous allons faire dans l’Orne.»

Emmanuel Pipard, président de la cuma de Pouancé, et Thierry Colombeau, chauffeur-mécanicien, encadrent le bec de l’ensileuse de Sénonnes avec laquelle ils réalisent toute leur campagne.

L’organisation est importante pour expliquer la réussite. Les plannings se font lors de réunions où c’est le groupe qui décide. «Personne n’appelle directement le responsable.» Ce dernier n’est pas soumis à la tentation de s’octroyer tout seul dans son coin, la primeur sur les dates qui l’arrangent le plus. En fin d’année, un bilan est fait autour d’une table pour établir le tarif: Pouancé facture à Senonnes «le carburant, la conduite, l’entretien…, nous ajoutons les charges de remboursement de l’emprunt… Ensuite, le total est divisé par le nombre d’heures et ils nous facturent.»

Une machine performante

Après avoir connu plusieurs déboires sur les précédentes ensileuses, le président de cuma espère avoir trouvé la bonne. Il souligne que malgré les renouvellements rapides – après la 7300, une 7350 puis une 7380 ont dû être changées après deux campagnes – «nous sommes toujours retombés sur nos pattes au niveau du coût.» Et pour cette John Deere 8300i, leur fournisseur, voulant conserver le marché, a fait un effort, avec un contrat de maintenance qui apporte aux cuma une certaine sécurité. «Nous n’étions pas mécontents de la qualité du travail», juste de la fiabilité.

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Les saisons se suivent et le coût de l’ensilage de maïs reste maîtrisé autour de la centaine d’euros par hectare.

Toujours pour expliquer leur fidélité à la marque au cervidé, le changement de marque que le groupe a étudié «aurait fait exploser le tarif et pour une machine moins puissante». Emmanuel Pipard confirme les deux critères de choix prioritaires dans leur cas: le coût par hectare et la qualité du travail. Avec le nouveau modèle, il se montre satisfait, notamment de la dernière avancée: «Le i signifie intelligente. La machine propose une analyse du fourrage et à partir de celle-ci, elle ajuste la vitesse des rouleaux d’alimentation du rotor pour adapter la longueur de coupe.»

Au-delà d’une telle qualité d’équipement, le président de la cuma de Pouancé est lucide: «Aujourd’hui, nous ne pourrions pas avoir d’ensileuse tout seuls. L’activité n’aurait pas perduré.» Pourtant, avec des investissements, sur le matériel d’épandage, un groupe de fauche de 9,5m…, la cuma de Pouancé «écoute le besoin de ses adhérents», ose des choses et développe ses activités. «Nous avons quatre nouveaux adhérents qui nous ont rejoints», argumente le président qui ne mise pas que sur le matériel: Pour le fumier, «nous proposons du chantier complet.» L’idée pourrait un jour s’appliquer à l’ensilage, activité pour laquelle Emmanuel Pipard identifie que des rapprochements avec d’autres groupes proches seront encore possibles, avec le temps… qui sait. S’ils se font, cette logique permettrait par exemple de développer un parc adapté au large panel des demandes des éleveurs dans la région.

Les chiffres de l’ensilage de l’intercuma

L’intercuma travaille avec une John Deere 8300i, 8 rangs, 500ch depuis 2016, pour environ 700ha de maïs récolté par campagne, dont 200ha pour la cuma de l’Aisance dans l’Orne depuis 2012.
Le débit de chantier se situe à environ 40-45tMS/ha, un repère plus important aux yeux de l’éleveur que celui de la surface horaire. 300ha d’ensilage d’herbe complètent l’activité de la machine.