L’envie d’entreprendre anime l’ingénieure en agriculture qui a toujours aimé évoluer dans le milieu agricole. Retour sur son parcours de femme en reconversion agricole.
Qu’est-ce qui a déclenché votre reconversion agricole ?
Lorsque mon père a voulu prendre sa retraite, il nous a convoqués avec mes frères et sœurs pour nous demander si nous voulions reprendre sa part. Je me suis lancée après une réflexion partagée avec mon conjoint.
Devenir agricultrice, j’en parlais parfois. Mais ce n’était pas une évidence. Pour moi, cette voie n’était pas toute tracée, à la différence de celle de mon frère déjà installé et que je rejoignais.
Quelle a été la réaction dans votre entourage ?
Déjà, j’ai pris cette décision en concertation avec mon conjoint, car c’est un changement de vie pour plus qu’une dizaine d’années. Mes parents ne s’y attendaient pas, mais c’était une satisfaction pour eux.
Mon père nous laissait un bel outil de travail et nous pouvions le conserver tel qu’il était. Mes amis proches m’ont plutôt soutenue dans l’aventure, quand certains potes sont restés dubitatifs.
Et les agriculteurs ?
Lorsque j’ai annoncé aux agriculteurs que j’allais m’installer, j’ai eu l’impression de faire partie des leurs. En réunion, je trouve ma place facilement. J’écoute beaucoup pour le moment.
Je suis impliquée dans ma coopérative et je trouve que c’est important de représenter les jeunes et les femmes dans ces instances. On n’a pas toujours le même point de vue, les mêmes sensibilités. Il ne faut pas hésiter à y aller. Surtout lorsque, comme pour moi, l’exploitation et son organisation du travail peuvent s’y prêter.
Quelles sont vos missions sur la ferme ?

Cécile Tardieu était agent de relations cultures dans une coopérative de légumes. « L’envie de faire, au lieu de dire comment faire », a motivé son installation sur la ferme familiale. (© Cécile Tardieu)
Sur plusieurs ateliers dont l’élevage, nous essayons de travailler ensemble. À terme, j’aurai la responsabilité des pommes de terre. Je risque également de récupérer les tâches administratives. J’y vois deux missions complémentaires et qui m’intéressent : tout en étant sur le terrain, j’ai la possibilité de prendre du recul.
Je suis au cœur de tout ce qui se passe sur l’exploitation. J’espère apporter un peu plus d’organisation au sein de l’exploitation, de mieux gérer notre temps de travail.
Quel bilan de votre première année ?
En tant que femme en reconversion agricole, en arrivant, j’ai découvert un métier que je ne connaissais pas réellement. Je dois tout apprendre, là où mon frère a appris au fur et à mesure qu’il grandissait. L’apprentissage n’est pas toujours évident, car les tâches sont diversifiées. À l’image de la plantation de pommes de terre. Ça ne dure que deux semaines et ça ne revient que l’année suivante : de quoi oublier.
Et même si je veux déléguer la tâche, j’ai besoin de me sentir légitime, en sachant la faire moi-même avant de demander. Manager des salariés compétents, plus expérimentés et devenir leur interlocuteur naturel n’est pas évident. Mais c’est peut-être plus une question de posture que de genre ?
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