Fourrage et changement climatique au Mécaélevage

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Fourrage et changement climatique au Mécaélevage

Démo de semis et sursemis à MécaÉlevage le 28 avril à Saint-Mexant, en Corrèze. Les défis agroclimatiques et environnementaux obligent à repenser la méthodes de cultures, les dates et outils d’intervention.

En Corrèze, l’évènement MécaÉlevage organisé par le réseau cuma le 28 avril à Saint-Mexant, a mis en relief les problématiques de production fourragère en lien avec les contraintes climatiques. Ce qui oblige à réajuster les modes de production.

L’adaptation des systèmes de fourrage au changement climatique a été au centre du débat qui a eu lieu lors de cette journée. Stéphane Martignac, conseiller à la chambre d’agriculture de Corrèze a livré quelques références agroclimatiques calculées à l’échelle du Massif central. On prévoit une hausse de la température comprise entre 0,35 et 0,40°C tous les dix ans. Certes, le cumul de pluviométrie annuelle se maintient. Mais avec une modification dans la distribution : baisse au printemps et hausse à l’automne. Parallèlement, l’évapotranspiration est en hausse, avec une augmentation de 15 % en cinquante ans. « La situation étant différenciée selon les types de sols. La décharge de la RFU [réserve facilement utilisable] sera de plus en plus précoce au printemps et la réserve hydrique des sols légers sera entamée plus rapidement que celle des sols profonds », précise le conseiller.

Un mois de précocité pour le fourrage !

L’ensemble des stades de végétation, et donc des chantiers de récolte, gagnent en précocité, à cause du changement climatique. La forte augmentation du nombre de jours assez chauds (plus de 25 °C) durant la période printemps été donnera lieu à une ‘précocification’ d’un mois en trente-cinq ans, prévoient les climatologues. Ce qui signifie que l’essentiel des stocks puisse être réalisé avant la fin du printemps, témoigne Cédric Pierre, éleveur bovin qui exploite 120 ha sur des terres sablo-limoneux avec une faible réserve utile.

Avec quatre autres adhérents de la cuma du canton de Seilhac, il s’est engagé dans la voie du semis direct. Ils ont investi pour cela dans un semoir Novag T 450 CT (4,50 m). La surface prévisionnelle engagée est de 230 ha par an dans un premier temps. Les adhérents concernés, souhaitaient un semoir polyvalent adapté aux différentes espèces végétales implantées en pur ou en mélange dans la cuma : prairies, couverts végétaux, méteils, maïs, céréales, etc.

Ils voulaient aussi un outil capable de déposer la graine à la profondeur requise, quel que soit le type de sol. L’outil qui combine dents et disques, peut opérer dans les champs ayant des résidus denses en surface. Enfin, l’appareil a la capacité de réaliser jusqu’à quatre distributions de produits : semences, engrais, petites graines, antilimaces, etc. Seuls deux à trois adhérents et le chauffeur de la cuma conduiront cet outil sophistiqué. L’appareil de 8 t (près de 10 t quand on y ajoute les masses additionnelles) demande 200 ch minimum. L’octroi d’une subvention Pcae, allège son coût qui culmine à 150 000 €.

Le méteil immature comme alternative au changement climatique

Dans ce contexte de déficits fourragers récurrents, il convient de trouver des voies d’adaptation. Stéphane Martignac en propose quelques-unes : augmentation de la surface pour être autonome, mise à l’herbe plus précoce, fertilisation plus précoce sur les parcelles destinées à la fauche, implantation de luzerne, etc.

Pour l’intéressé, la solution passera probablement, en l’absence de recette miracle, par une combinaison de leviers. Le remplacement de céréales par du méteil immature, fait partie aussi des stratégies expérimentées. La culture assure une forte production fourragère dès le printemps. Certains choisissent d’implanter un méteil immature sans même travailler le sol en priorisant une installation rapide pour éviter la concurrence. On peut envisager ensuite l’implantation des prairies sous couvert de méteil.

Le sursemis de prairies pour relancer des sols dégradés

Autre voie mise en lumière à MécaÉlevage : le sursemis de prairies. C’est une solution pour relancer des prairies dégradées en baisse de productivité et de valeur fourragère. Cela concerne les prairies en perte de productivité (inférieure à 4-5 t MS/ha/an) ou ayant plus de 50 % de trous (ou espèces indésirables) avec des espaces de la taille d’une assiette et des refus important lors de repousses.

Plusieurs méthodes de sursemis sont envisageables. La méthode ‘banzaï’ réalisée avec un combiné de semis élimine les petites adventices tout en créant de la terre fine. Ou bien le régénérateur de prairies qui garantit un bon contact de la semence par le grattage de la herse et le rouleau pieds de mouton.

La cuma les Trois Villages possède ce type d’outil. Un HE-VA multi-seeder 3 m de large, avec une trémie de 200 l qui a été essayé à MécaÉlevage. L’outil travaille la surface du sol avec système de herse étrille. Le sursemis peut aussi être réalisé avec un semoir direct à disques. Cela évite les perturbations mécaniques sur le sol en positionnant bien la graine. La cuma Varetz a prêté pour cet évènement, son semoir Sly Boss de 3 m de large, avec double trémie et un inter-rangs de 16,7 cm, munis de disques de semis inclinés pour faciliter la pénétration.

MécaÉlevage 2022, Corrèze, vitrines végétales,

Deux vitrines végétales étaient exposées pour évaluer de visu les facultés des différentes espèces fourragères et le sursemis de prairies .

Revenir aux fondamentaux du sol

Lors du forum, François Hirrissou, agronome en Dordogne est intervenu à son tour sur l’importance de la microbiologie des sols dans la culture du fourrage. Plus précisément sur l’utilité de la symbiose mycorhizienne dans la mobilisation des éléments minéraux tel que le phosphore. Sans oublier l’eau, un facteur déterminant pour résister à la sécheresse due au changement climatique. Ces exigences pédologiques seront également à prendre en compte pour définir des voies d’adaptation durables, face à des contraintes de plus en plus sévères…

Intégrer le semis direct sur son exploitation

Le semis direct est une technique culturale basée sur l’introduction directe de la graine dans le sol, sans travail préalable. L’approche globale est basée sur la fertilité naturelle des sols dans une perspective d’autonomie de l’exploitation. Le sujet a été présenté à MécaÉlevage. Le 28 avril dernier à Saint-Mexant, Konrad Schreiber, agronome et conseiller indépendant a présenté les différents gains potentiels que peut générer la technique du semis direct.

Dans un atelier dédié à ce sujet, il a comparé deux exploitations laitières. L’une en conduite classique avec une ration à dominante maïs ensilage (10 à 20 t MS/ha), complétée avec du soja. L’autre avec une ration dominée par les légumineuses et graminées (10 à 18 t MS/ha) en semis direct.

Pour plus d’information, retrouvez aussi ces articles sur www.entraid.com :