Main-d’œuvre agricole : le casse-tête de l’emploi en cuma

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Main-d’œuvre agricole : le casse-tête de l’emploi en cuma

Malgré une bonne préparation, la cuma du Beaufortain peine à trouver un salarié.

L’embauche d’un salarié est toujours une étape délicate. Si la charge de travail est toujours au rendez-vous, les cuma hésitent parfois à recruter par crainte du travail administratif supplémentaire. Pour celles qui franchissent le pas se pose alors la question de trouver la perle rare et, surtout, de la garder.

Jean-Michel Reymond est un président heureux. Depuis l’automne dernier, la cuma des Éboulis (73), installée dans la commune de Porte-de-Savoie, emploie un salarié à temps plein. Désormais les sept adhérents ont un jour par semaine de plus pour s’occuper de leurs exploitations et ils sont plus productifs.

Un pacte gagnant-gagnant pour l’emploi en cuma

« Jusqu’ici, nous nous relayions pour conduire l’épareuse ou le broyeur, autant de temps que nous ne passions plus sur notre exploitation », analyse-t-il. D’autant que Jean-Michel est convaincu d’avoir trouvé la perle rare. « La personne que nous avons recrutée était tractoriste dans une grande ETA céréalière et il avait envie de changer. Nous n’avons eu aucune réticence à l’embaucher parce que nous le connaissions bien. Il est calme et méticuleux, il a toutes les qualités requises », précise-t-il.

Pour plus de flexibilité, les adhérents de la cuma des Éboulis ont fait le choix d’un contrat Tesa.« ll permet d’avoir un statut de saisonnier, payé à l’heure, ajoute le président. C’est ce que nous a proposé la MSA. Nous en sommes très contents et le salarié aussi ». Un pacte gagnant-gagnant en somme, pour autant que le salarié reste.

À la cuma des Éboulis, Jean-Michel Reymond est un président heureux après l’emploi d’un salarié à la cuma.

Fidéliser les salariés

Car il n’est en effet pas toujours facile de garder ses salariés. Pour se prémunir de ce type de désagréments, la cuma du Beaufortain, installée à Beaufort en Savoie, a eu recours au service d’une consultante dans le cadre d’un Dina (dispositif national d’accompagnement des projets et initiatives). « Avec Sophie Marçot, nous avons été bien accompagnés, nous avons établi le planning d’activité, la fiche de poste. Puis, nous avons défini le profil du salarié. L’idée de départ était surtout d’avoir un peu de recul sur le travail à faire, d’avoir un avis neutre », se souvient Nicolas Bochet, le président de la coopérative.

Un cadre qui devait permettre de dénicher le bon salarié et d’assurer sa continuité dans la structure. Mais après seulement trois mois, celui qui cochait pourtant toutes les cases, a pris la poudre d’escampette. « Je ne remets pas en cause le Dina, ni le travail effectué par la consultante qui nous a très bien accompagnés », souligne Nicolas Bochet. Mais la déception est pourtant bien là, d’autant que pour l’instant, la cuma n’a toujours pas trouvé de remplaçant.

Salarié de cuma : souvent une étape

À Saint-Véran, en Isère, Raphaël Gaillard, le président de la cuma du Piedmont en fait lui aussi les frais. S’il n’a pas choisi de faire appel à un consultant, le président de la cuma désespère de trouver un salarié fiable sur lequel les adhérents pourront s’appuyer. Aujourd’hui, la seconde plus grosse cuma de l’Isère, qui a démarré en 1985 avec une ensileuse et un salarié, a toutes les peines du monde à fidéliser ses salariés.

« La main-d’œuvre, c’est le sujet le plus important de la cuma. Avec 8 automoteurs, 2 ensileuses, 2 ramasseuses à noix, 3 tracteurs et une moissonneuse-batteuse sur un périmètre de 40 km et une soixantaine d’adhérents, ce serait impossible à gérer sans salarié », estime-t-il. D’autant qu’en 10 ans, le nombre d’heures de travail, pour les chauffeurs, a été multiplié par 10, passant de 560 à 5 600 heures. « Des jeunes motivés, il y en a, mais on est souvent sur du court terme. Le travail en cuma n’est souvent qu’une étape pour eux. Beaucoup souhaitent s’installer à leur compte après », appuie Raphaël Gaillard.

Emploi en cuma : trouver le bon équilibre

De son expérience, les jeunes seraient plus intéressés par l’intérim. Et puis, « quand ils sont bons, tout le monde les veut », résume-t-il. Le déséquilibre entre l’offre et la demande pénalise le président de la cuma du Piedmont. Loin de faire porter le chapeau aux jeunes, il sait qu’il doit, avec les adhérents de la cuma, changer aussi son mode de gestion. « Nous nous reposons trop sur les salariés. Il faut trouver le juste équilibre entre leur autonomie et le fait de rester décideur. La gestion des ressources humaines, c’est plus difficile aujourd’hui qu’avant », reconnaît-il.

Et pourtant, malgré les difficultés de recrutement et de fidélisation des salariés, aucun d’entre eux ne remet en cause le recours à l’embauche d’un salarié.

Raphaël Gaillard, président de la cuma du Piedmont.

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