À vouloir gagner du temps, on peut parfois en perdre beaucoup. Il ne faut pas confondre vitesse et précipitation, au risque de se retrouver dans des situations dangereuses avec son tracteur. Alors, situation dangereuse ou non ? On fait le point.
Six situations dangereuses en tracteur
Globalement, lorsque le chauffeur est dans sa cabine, les risques sont restreints. « C’est une fois que l’on quitte son poste de conduite que la situation peut être dangereuse en tracteur, explique Benoît Moreau de la MSA. D’autant plus lorsque les tâches ne sont pas prévues ». En effet, dans ce cas, le chauffeur est rarement équipé et ne dispose pas forcément des outils adéquats.
1 / Je peux descendre de mon tracteur en avant pour aller plus vite
Faux. Première cause des accidents de travail : la descente du tracteur doit être effectuée en marche arrière et grâce aux trois points de contact. Soit deux pieds et une main en appui ou deux mains et un pied. « C’est vrai que naturellement, on a tendance à descendre de son tracteur sans se retourner, avoue Benoît Moreau. C’est à peine plus rapide, surtout que les cabines n’offrent pas toujours la possibilité au chauffeur de se retourner avant de s’élancer ». Ce problème se pose moins sur les automoteurs de récolte par exemple. Le marchepied ressemble davantage à une échelle et la descente est plus intuitive en arrière.
« Pourtant, nous avons fait des mesures avec des chercheurs de l’UTC (université de technologie de Compiègne) sur l’impact au niveau du sol, explique le conseiller en prévention des risques professionnels. Il est en moyenne deux fois plus grand lorsqu’on descend dos au tracteur, ce qui représente un risque accru, surtout lorsque le mouvement est répété plusieurs fois par jour. D’autre part, un sondage réalisé par la MSA lors d’un salon a montré que le chauffeur ne gagne qu’une à deux secondes à chaque fois, sur une journée, ça peut représenter près d’une ou deux minutes… Ce n’est rien rapporté à une journée de travail ou à une immobilisation suite à un accident ».
Par ailleurs, le conseiller précise que ce temps prit pour se retourner « permet à l’opérateur de ne pas se jeter sur l’outil ou la machine attelé à l’arrière », au risque de faire des bêtises. L’occasion d’éviter de situations dangereuses voire même des accidents.
2 / Je peux rouler au dessus de la vitesse de l’homologation de mon tracteur
Faux. On n’y voit souvent pas le mal, avec le gabarit du tracteur, on peut avoir l’impression de sécurité. Mais rouler au dessus de la vitesse de l’homologation du tracteur et des outils peut être dangereux. « C’est le défaut de maitrise qui peut être fatal, annonce Benoît Moreau. Un virage pris trop vite en tracteur, un arrêt trop tardif, ou une bordure prise à trop grande vitesse et là on peut retourner l’engin ».
Si les dégâts ne sont que matériels et qu’ils ne concernent que le chauffeur, on peut se dire que ce n’est pas si grave. Malheureusement, c’est rarement le cas. « Sur 200 accidents chaque année impliquant des tracteurs, la victime est rarement dans le tracteur. Et seulement une quarantaine n’impliquent pas d’autres usagers, annonce le conseiller de la MSA. Avec une vitesse raisonnable, il est possible de les éviter ».
Une étude réalisée par Entraid montre que 10km/h supplémentaires impliquent une distance de 10 mètres pour s’arrêter. En respectant les vitesses d’homologation, cela permet de se passer des freinages d’urgence et une perte de contrôle de ses outils.
3 / Je peux laisser mes feux de travail allumés sur la route pour qu’on me voit
Faux. D’une part, c’est interdit par le code de la route. Il faut utiliser les phares de route dont le tracteur est équipé. D’autre part, c’est dangereux. En effet, « si cela part d’une bonne intention d’être vu par les automobilistes, en réalité, ça les éblouit, explique Benoît Moreau. D’autant que l’usager en face ne peut pas constater le gabarit du tracteur et de son outil ».
Dans ce cas là, le chauffeur ne réalise pas le danger qu’il peut représenter. Dans la même veine, il ne faut pas lésiner sur la signalisation : gyrophares, clignotants, etc… « Ils doivent non seulement fonctionner mais aussi être visibles, rappelle le conseiller. Non seulement pour le tracteur mais pour le convoi en entier. Le but est d’aider les autres usagers à comprendre le danger que l’on représente et ses intentions notamment lors des changements de direction ».
4 / Je peux charger un peu plus ma remorque pour limiter le nombre de trajets
Faux. Il s’agit d’une très mauvaise idée. Même si on peut penser gagner du temps, c’est au risque d’en perdre beaucoup. « Avec le poids du convoi à vide et celui de la cargaison en plus, la distance de freinage se retrouve multipliée. D’autant que de nombreux chauffeurs ne sont pas formés au freinage d’urgence, fait-il remarquer. D’où l’importance de former ses chauffeurs afin qu’ils apprennent à avoir des réflexes et qu’ils soient au courant de la réglementation ».
5 / Je ne mets pas ma ceinture, je suis en sécurité dans ma cabine
Faux. On en a pourtant l’impression. Lors d’un choc ou un freinage brutal, la ceinture permet au chauffeur de rester à son poste de conduite et de pourquoi pas, mieux maitriser son véhicule. « Je suis bien conscient qu’entre deux parcelles, ce n’est pas toujours évident de porter sa ceinture, estime Benoît Moreau. Cependant, sur les trajets longs, ou dans des parcelles à dévers, rien n’empêche le chauffeur de la porter ». Toutefois, il n’y a pas que le chauffeur qui doit porter une ceinture, l’accompagnant également.
A découvrir : Crash-test en tracteur : même à 30 km/h, sans ceinture, tu meurs.
6 / Je dois rester courtois car je ne suis pas seul sur la route
Vrai. Il faut avoir conscience que malgré son gabarit imposant, vous devez partager la route. Car elle est à tout le monde. « Attention donc à ne pas être trop optimistes lors des redémarrages, ou des croisements, alerte le conseiller de la MSA. On garde son calme et on laisse passer les voitures ».
La MSA de Gironde a d’ailleurs depuis quelques années, lancé une campagne de prévention du risque routier passant notamment par l’affichage lors de la saison des récoltes. Ainsi, les banderoles dans les communes informent les automobilistes de la présence d’engins lents et de la nécessité pour eux de prendre patience. D’un sens, comme de l’autre.
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