Une économie de 0,40 € par botte, une paille ?

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Une économie de 0,40 € par botte, une paille ?

Le Forstack empile les balles par deux, trois ou quatre.

Quand sortir une botte de paille de son champ coûte 2 €, il y a des moyens de faire le même travail pour 1,60 €. Et l’argument économique n’est pas le seul qui plaide en faveur d’une bonne organisation du chantier de paille.

Pour gagner sur le coût de revient d’une botte de paille, il faut jouer sur différents facteurs. Les moyens d’y passer bien moins de temps existent aussi. Et en même temps ils réduisent le coût du chantier, divisent le tassement du sol ou la consommation de GNR… Bref, le ramassage de la paille n’est pas si anodin que cela. Le 21 septembre, à Saint-Martin-des-Noyers (85), le réseau cuma organisait un Mécasol. Éric Canteneur et Samuel Nicolas y dévoilent les résultats d’une étude. Celle-ci porte sur les chantiers de paille. Elle est inédite et spécialement préparée pour l’occasion. « Nous avons regardé quatre critères », indiquent les deux conseillers. Le bilan économique est le premier. Une évidence. « Il fallait aussi que ce soit rapide, économe en GNR, et que ça ne tasse pas le sol », résument-ils. Pour ce dernier point, l’analyse a retenu comme indicateur la distance parcourue sur le champ par les outils de manutention et de transport.

Ramasser plus vite la paille

Dans l’étude, l’étalon est un chantier organisé autour d’un télescopique qui charge un plateau, avec une opération de pré-groupage. « C’est une méthode de travail que l’on retrouve dans beaucoup de cuma », précise Éric Canteneur. Grâce au suivi réalisé par boîtiers Karnott, « on voit que le télescopique est allé vraiment partout dans la parcelle », introduit Samuel Nicolas. Pour une tonne de paille sortie du champ dans cette configuration, il aura fallu consacrer 4 min 45 s en couvrant un parcours d’en moyenne 609 m. Et avec une consommation de 0,91 l de GNR, l’opération revient à 4,96 €. Face à cette méthode traditionnelle, l’offre des machinistes est finalement assez large.

Balles rondes ou parallélépipédiques

Il y en a pour les balles rondes autant que les parallélépipédiques. La liste propose des remorques autochargeuses, des outils attelés de regroupement spécifiques. La bibliographie présente « même un robot qui regroupe les balles en bout de parcelle. Nous ne savons pas si c’est commercialisé », précise Éric Canteneur, néanmoins le concept existe.

Déterminer des zones

Dans ce panel, les experts retiennent deux familles de solutions. La première est celle qui leur semble la plus prometteuse. Elle consiste à générer des zones préférentielles où la presse déposera ses bottes. Concrètement, un groupeur ajouté sur la presse accumule jusqu’à deux bottes de fourrage. Lorsque le convoi entre dans le périmètre défini, il lâche simultanément les balles ficelées. Ce système restreint donc grandement la zone de travail du chargeur. « Là on voit que le télescopique n’est absolument jamais passé dans le milieu de la parcelle », constate Samuel Nicolas en pointant un relevé de géolocalisation tracé dans une parcelle.

Sortir une tonne de paille

Plusieurs modèles de matériels reprennent ce concept, dont le Bale Collect, chez Krone, qui a servi de support à l’étude. Dans les inconvénients les conseillers notent la longueur que le dispositif ajoute au convoi, tant du point de vue de la circulation routière que des manœuvres dans le champ. Au final, 1min30 suffit ensuite pour sortir une tonne de paille. En termes de coût, cette modalité ‘groupeur sur la presse’se place à une moyenne de 3,28 €/t, dont 0,36 €/t en carburant (hypothèse d’un GNR à 0,83 €/l). Enfin le télescopique aura parcouru 226 m pour charger une tonne de paille, « et uniquement dans les zones en bordure du champ », insistent les orateurs.

Les bottes de paille sont pressées et relâchées en bout de champ.

Le groupeur Bale Collect (Krone) permet à la presse de lâcher ses balles par deux ou par trois, et à un endroit choisi. À la fin du pressage, tous les bigs sont ainsi alignés en bout de champ.

Les bottes de paille tombent au bout du champ

Notons que par rapport aux deux autres configurations de chantier, cette modalité est avantagée par la capacité de la presse à former des bottes de 500 kg (contre environ 400 kg). En détaillant cette fois les résultats en fonction du nombre de bottes produites, les gains de temps ou de distance constatés restent du même ordre d’idée. En revanche, le gain en termes de charges n’est plus ‘que’ de 20 % par rapport à la référence.

20% d’économie

Environ 20 % de coût en moins sur la botte ramassée, c’est aussi ce que propose la seconde alternative décortiquée par cette étude. Elle prend la forme d’un groupeur attelé à son propre tracteur. Même si 90 ch suffisent pour manœuvrer le Forstack d’Arcusin utilisé ici, c’est bien un ensemble supplémentaire, et son chauffeur, qu’il faut engager sur le chantier. C’est là la principale limite, qui vaudra aussi pour les plateaux autochargeurs (voir paragraphe « Des remorques autochargeuses »).

Un investissement nécéssaire

Dans les deux cas, le gain organisationnel sous-tend un investissement. « Nous avons considéré un coût de 42 000 € pour le Bale Collect et de 47 500 € pour l’outil Arcusin », précise Éric Canteneur. Un intérêt de ce second outil est qu’il constitue lui-même des piles de deux à quatre balles que le chargeur n’aura plus qu’à piquer en l’état.

3,91 € pour le ramassage d’une tonne de paille pressée

Et au total, dans ce schéma, le ramassage d’une tonne de paille pressée a coûté en moyenne 3,91 €/t. Il aura fait faire 480 m cumulés entre le groupeur et le télescopique et sollicité moins de trois minutes de travail. Le gain de temps du chantier avec le groupeur vertical par rapport à la référence représente ainsi environ 40 %. Ramené au poids ou à la botte, ce même gain de temps dépasse 60 % avec le groupeur sur la presse. Tout cela sous-entend que le gain agronomique est au rendez-vous puisqu’une parcelle vite libérée à la récolte, c’est une culture suivante qui augmente ses chances de réussite.

Des remorques autochargeuses

Plusieurs constructeurs proposent dans leur gamme un plateau doté d’un organe de chargement des bottes. Par rapport au groupeur vertical étudié, le plus des remorques autochargeuses est de cumuler plusieurs piles déposées au même endroit. « Contrairement au Forstack, il n’y a pas à apporter une à une les piles au bout du champ », explique Samuel Nicolas. Pour autant, ce type d’outils ne s’envisage pas vraiment pour assurer un transport entre le champ et la ferme. « Au regard de leur capacité relativement limitée leur intérêt est surtout de les laisser à regrouper les bottes dans la parcelle.

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