Améliorer les rendements avec moins d’azote mais plus d’oligoéléments

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Améliorer les rendements avec moins d’azote mais plus d’oligoéléments

Nicolas Denieul : « Des analyses sur jeunes feuilles et vieilles feuilles révèlent l’équilibre des minéraux et oligoéléments dans la plante. »

Face à des rendements de maïs en berne, Nicolas Denieul a revu sa fertilisation. Grâce à une méthode novatrice, il apporte des oligo-éléments au bon moment et moins d’azote sur la culture.

Pour améliorer les rendements de maïs, Nicolas Denieul, agriculteur à Piacé, dans la Sarthe, utilise moins d’azote et davantage d’oligoéléments. Lorsqu’il s’installe en 2002 dans la ferme familiale, il adopte les principes de l’agriculture de conservation. Mais après quinze ans de semis direct, les rendements commencent à stagner. Ils finissent même par baisser. « Sans que nous comprenions pourquoi, s’exclame l’éleveur de porcs. J’avais besoin d’un conseil personnalisé pour déplafonner les rendements. »

Une analyse des sols indispensable pour améliorer les rendements

C’est vers CERAgro que Nicolas s’est tourné il y a deux ans. Première étape, une analyse de sol dans chaque parcelle, réalisée par un laboratoire des Pays-Bas, indique l’équilibre entre les minéraux dans la capacité d’échange cationique (CEC), les oligoéléments et leur potentiel assimilable. Au champ, des tests à l’acide citrique révèlent si le calcium est disponible, « mes sols manquaient de soufre et de calcium, malgré un pH à 7, explique Nicolas Denieul. Chaque année, je corrige en apportant du gypse quinze jours avant le semis des maïs. »

Déficience en magnésie

Il remarque également une déficience en magnésie, redressée par un apport de kiesérite à la même période. Son exploration met en lumière un autre point à corriger. Les sols limono-argileux sont compactés à 25-30 cm, et cela malgré les pratiques mises en œuvre pour éviter le tassement : couverts végétaux, épandage sans tonne et récolte par transbordeur. Sur avis du conseiller, Nicolas passe le décompacteur à 40 cm de profondeur, d’abord sur 3 ha dans une parcelle de 20 ha. Il constate : « L’écart de rendement sur les colzas était de 7 q/ha ! » L’année suivante, il décompacte donc 100 ha avant les semis de maïs. « Les pointes de rendements sont passées de 90 à 130 q/ha. Je n’aurais jamais imaginé ça. » On conseille un décompactage tous les quatre ans, notamment si l’été sec compromet la réussite des couverts ou si la récolte du maïs s’effectue en conditions humides.

« Comme une prise de sang »

La seconde étape pour améliorer les rendements consiste a réaliser des analyses foliaires sur des jeunes et des vieilles feuilles aux stades clés du maïs : 4 à 5 feuilles, 7 à 8 feuilles et floraison. « C’est un peu comme une prise de sang ! », décrit Nicolas. Une application foliaire s’ensuit pour apporter les éléments manquants. Les terres présentent des déficiences en bore, calcium, manganèse, magnésium, potasse et phosphore. « Le lisier de porc amène du phosphore,  avance l’agriculteur, mais il n’est pas forcément assimilable au moment où la plante en a besoin. »

Des oligoéléments améliorer les rendements du maïs

Chaque nutriment joue un rôle. Le calcium participe à la croissance du maïs. Le bore aide à la régulation de l’évapotranspiration et à l’assimilation du calcium. Le soufre rend l’azote plus disponible. « Les apports d’oligoéléments valorisent mieux les effluents d’élevage », détaille Nicolas. Quant à la potasse, elle permet la migration des sucres dans la plante. Le Brix* des feuilles est justement un indicateur important. « Un maïs riche en sucres est en bonne santé. La pyrale ne l’attaquera pas. Je peux alors faire l’impasse sur l’insecticide. Ça fait bizarre de ne rien mettre, mais ça fonctionne ! »

Comme d’habitude, les parcelles reçoivent 30 m3/an de lisier minimum, entre deux mois avant le semis et le stade 3 à 4 feuilles. l’agriculteur incorpore au semis 50 kg de soufre élémentaire et 15 kg d’engrais starter riche en phosphore, calcium, soufre et zinc. « Ça stimule le développement racinaire et l’assimilation d’azote », soutient Nicolas Denieul. Il réduit l’apport d’azote minéral de 80 à 40 kg/ha. « Le bonus en tant qu’éleveur de porcs est d’être dans les clous de la réglementation des 170 kg/ha d’azote organique. »

Rendements déplafonnés

Avec deux saisons de recul, les résultats sont à la hauteur des attentes. Les rendements sont « déplafonnés », comme aime à dire l’agriculteur. Et d’ajouter : « Cette approche est révolutionnaire. Le suivi personnalisé tient compte de l’historique des parcelles, des types de sol, des effluents apportés. Les analyses sécurisent sa prise de décision. On progresse sans prise de risque, sans jouer au kamikaze. »

Des économies et…

L’agriculteur fait les comptes. L’analyse de sol représente une dépense de 50 à 80 € tous les quatre ans. Le décompactage, 100 €/an, se raisonne à l’échelle de la rotation. Il détaille :  « Les trois analyses foliaires s’élèvent à 150 € pour une parcelle de 7 à 10 ha. Le conseil se chiffre à 10-15 €/ha. Les oligo-éléments sont peu chers, de 1 à 5 €/l. Enfin, le coût des applications foliaires équivaut à une économie de 40 kg d’azote. »

… un gain de rendement

Avec un gain de rendement de 15 à 20 q / ha en moyenne, l’investissement dans le conseil se rentabilise vite, surtout vu les prix actuels du maïs et des engrais azotés. Sans compter l’économie de l’insecticide pyrale si le Brix est correct à la floraison. « Si mon temps de travail ne baisse pas, je gagne, en revanche, beaucoup en satisfaction car c’est une agriculture plus respectueuse de l’environnement. De plus, le potentiel de rendement s’amplifie, avec moins de pesticides et d’azote », conclut Nicolas Denieul.

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* Le taux de Brix est un indicateur de la concentration en sucres et en nutriments de la sève d’une plante.