Au Canada, les quotas laitiers toujours là

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Au Canada, les quotas laitiers toujours là

Le Canada a mis en place depuis longtemps un système de régulation de la production laitière. Comment ça marche? (©Entraid)

Au Canada, vendre du lait à un transformateur nécessite de disposer d’un quota. Avantage du système de ces quotas laitiers : il garantit à ses 9 400 producteurs un revenu stable, aligné sur les coûts de production et l’inflation.

Les quotas laitiers régissent toujours la production au Canada. Quand les avancées technologiques des années soixante ouvrent les vannes de la surproduction, l’instabilité et les tensions internes aux filières – dont celle du lait – poussent à l’instauration d’une régulation. Dès lors, l’éleveur pour vendre son lait à un transformateur doit détenir ce fameux permis. Avec l’établissement des prix et le contrôle des importations, c’est là l’un des trois piliers du système de stabilisation des revenus agricoles et des tarifs à la consommation.

Droits d’entrée

Concrètement, sous la surveillance d’un Conseil des produits agricoles du Canada, un Office national précise les contingents de production laitière pour chaque province. Les offices provinciaux diffusent ensuite la répartition à l’échelle des agriculteurs qui s’engagent à respecter le volume qui leur est alloué. L’établissement de plusieurs règles se joue au niveau des offices provinciaux, dont celles qui régissent le transfert des quotas (voir encadré). C’est là aussi que se fixe le prix du lait qui prend en compte coûts de production et la situation du marché.

Mise en marché et collecte collectives

Le transformateur paye son lait d’autant plus cher qu’il fabrique des produits à haute valeur ajoutée. Pour autant, ce n’est pas le cas du producteur, « tous rémunérés aux mêmes prix moyens, quelle que soit l’utilisation faite de leur lait. », observe une analyse de Centre d’études et de prospective du Ministère de l’agriculture français (CEP).

De la même manière, les offices, gérants des parcours de collecte, en uniformisent le coût. En bref, près ou loin de l’usine : le producteur paie le même prix par hectolitre transporté. « La péréquation des revenus et des frais de transport contribuerait à maintenir une dispersion spatiale des exploitations laitières », observe le CEP.

Avec ces quotas laitiers, pas de déprise au Canada

Historiquement, le quota global de production évoluait donc de la même manière que la consommation. Or, plusieurs accords de commerce internationaux ont été signés au cours de la dernière décennie. Depuis, les importations remplacent progressivement l’augmentation de la production domestique. La forte croissance démographique canadienne a atténué l’impact envisagé des accords de libre-échange. Toutefois, le CEP note : « Cette tendance pourrait entraîner des tensions dans le système de gestion de l’offre. Et ce d’autant plus que le Canada ne peut chercher de la croissance sur les marchés d’exportation. »

Le quota est devenu un actif important

Initialement, les quotas ont été distribués gratuitement aux agriculteurs. « Toutefois, ils ont acquis une valeur marchande qui s’est grandement appréciée au fil des ans », retient une publication de la Bibliothèque du parlement. Un inconvénient étant que le système défavoriserait les nouveaux entrants hors d’un cadre familial. Craignant notamment un endettement excessif, plusieurs provinces dont le Québec et l’Ontario (principales provinces de la production) ont instauré une politique de contrôle des prix du quota en 2008. « Au Québec, par exemple, une ferme laitière possédait en moyenne 64 vaches en 2017. L’exploitation d’une telle entreprise représente un investissement supérieur à 1,5 million de doallrs, rien que pour l’achat de quotas. »

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