Margot Morisot, éleveuse dans l’Aude : « Ce qui fait la différence, ce n’est pas le genre, c’est l’autonomie »

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Margot Morisot, éleveuse dans l’Aude : « Ce qui fait la différence, ce n’est pas le genre, c’est l’autonomie »

Margot Morisot, agricultrice dans l'Aude, entourée de Luigi Mathieu et Souleimane, salarié de la cuma. (©Entraid)

"On a d'autres soucis dans l'agriculture que de se s'opposer parce qu'on est des hommes ou des femmes." Margot Morisot, installée sur une exploitation individuelle dès ses 24 ans, sur la Petit Plateau de Sault, dans l'Aude, produit de la viande et de la bière.

Margot Morisot vit et travaille quotidiennement avec des hommes, salariés et agriculteurs, à travers la cuma du Petit Plateau. Plongez dans l’agriculture au féminin.

L’agriculture au féminin : organiser, anticiper, consolider

« En fait, je pense que tous les agriculteurs devraient travailler comme des agricultrices, » résume-t-elle en souriant. Et dans ses propos, on comprend : s’organiser pour éviter le port de charges lourdes, mais aussi « blinder » ses choix et ses décisions. Car être agricultrice, en fait, c’est ça : c’est devoir anticiper, réfléchir, argumenter deux fois plus que les autres. De quoi consolider les projets.

« Ce qui fait le plus de différence entre les agriculteurs, c’est la formation et l’autonomie. Quand j’ai dû préparer le dossier pour accéder à la DJA, j’étais bien armée, avec mes deux BTS. J’ai reçu aussi un soutien fort de la part de la Chambre d’agriculture, parce que mon projet tenait la route. Par contre, tout est très focalisé sur l’économie. Rien sur l’organisation, la stratégie de mécanisation…  »

L’équipe de la cuma du Petit Plateau dans l’Aude. (©Entraid)

« En tant qu’administratrice à la fdcuma de l’Aude, j’interviens auprès de jeunes avant installation. Même si les jeunes sont davantage formés, sur la zootechnie par exemple, on les pousse à avoir confiance. Ceux qui reprennent vite ont tendance à faire ce que leur disent leurs parents ou les vendeurs.

Parfois, il faut assumer nos choix. Ça m’est arrivé de refuser d’acheter des matériels de fenaison : j’ai peu de vaches, et pour moi, c’est plus rentable d’acheter du foin. »

Car de son côté, tout est réfléchi : à la brasserie, il y a des treuils pour bouger les caisses, et toute la mécanisation repose sur la cuma, où elle-même s’investit, et crée notamment un Groupement d’employeurs.

L’obstacle vient souvent de l’écosystème

Les discriminations, Margot Morisot les vit finalement davantage dans l' »écosystème agricole » qu’avec les agriculteurs.

Première demande de financement à la banque : « à l’oral, on m’a refusé mon dossier, au motif qu’une femme seule ne peut pas s’installer en élevage, » s’étrangle-t-elle. Dans les collectifs agricoles traditionnels, « on accepte les femmes si elles restent dans le rang. Sinon, on est beaucoup moins bienvenues, » précise Margot Morisot.

Au quotidien, ensuite, « dans les réunions, à la cuma, je dis tout ce que j’ai à dire. Il y a bien sûr les sujets importants qui se décident en groupe, mais au quotidien, je suis trésorière. Après, il faut parfois se rendre à l’évidence : il y a des hommes mal à l’aise avec les femmes décisionnaires. Pour eux, c’est inconcevable. On fait avec, en se faisant aider. »

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