Le désherbage mécanique, ça ne s’improvise pas

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Le désherbage mécanique, ça ne s’improvise pas

Pour bien maitriser le désherbage mécanique, il faut adopter une stratégie globale à la parcelle et l'anticiper sur toute la campagne.

Si les conditions météo peuvent être idéales pour désherber mécaniquement ses parcelles, il est bon de prévoir un peu à l'avance quel sera l'outil et la technique la plus adéquate. Retour sur l'intervention de Damien Brun, ingénieur Arvalis lors d'une journée consacrée au désherbage mécanique.

Le désherbage mécanique n’est pas la solution magique pour exterminer les adventices. Toutefois, la technique peut être très efficace lorsque les conditions météo s’y prêtent et lorsque d’autres leviers y sont ajoutés. C’était l’un des enseignements à retenir de l’intervention de Damien Brun lors d’une journée sur le thème du désherbage mécanique organisée par la frcuma du Grand Est. L’occasion de revoir les bases pour bien maitriser le désherbage mécanique.

Désherbage mécanique, comment bien le maitriser ?

Avant d’envisager le désherbage mécanique, il y a plusieurs choses à avoir en tête. Tout d’abord, il faudra mettre en lien le travail du sol avec le désherbage mécanique et notamment la gestion des débris de végétaux. Ceux-ci peuvent gêner le passage de l’outil.

« Il faudra aussi prendre en compte le nivellement du sol, indique Damien Brun. Et aussi être attentif dès les semis. » En s’appliquant sur la qualité du travail avec une densité et une profondeur homogène. Par ailleurs, les réglages du semoir doivent être en adéquation avec ceux de l’outil. Enfin, le système de guidage par GPS doit être bien paramétré.

Le bon outil pour le bon stade

Avant de se lancer tête baissée, il est important de bien choisir son outil. Chacun d’entre eux correspond à une problématique et à un stade de la culture. Ainsi, il faudra privilégier le désherbage en plein lorsque l’adventice est encore à un stade précoce. Et favoriser les bineuses pour le désherbage à tout moment.

« Il est possible d’utiliser une herse étrille, une houe rotative ou encore une roto étrille lorsque l’adventice est au stade fil blanc, cotylédon ou une voire deux feuilles, explique l’ingénieur. En revanche, chacun des outils sera adapté aux conditions. »

En effet, une herse étrille qui désherbe tous les 3 cm pourra travailler sur un sol avec un certain dénivelé. Tandis qu’une houe rotative, avec une largeur de 9 cm, est plus adaptée aux sols avec des débris de végétaux ou une culture plus sensible. Quant à la roto étrille, elle passe tous les 5 cm et s’adapte bien aux sols ayant encore des débris.

Binage passe partout ?

« Avec la bineuse, c’est plus simple, l’outil est adapté à tous les types de sols et utilisables jusqu’aux cinq feuilles de l’adventice, annonce Damien Brun. En revanche, la technique n’est pas très efficace sur les vivaces. L’outil est davantage adapté aux graminées et dicotylédones. » Mais avant cela, le sol doit être débarrassé des débris végétaux et le sol doit être nivelé.

Là où il peut y avoir une différence, c’est dans les éléments de la bineuse. Ainsi, on favorisera des éléments de buttages pour recouvrir les adventices. L’avantage est la simplicité d’utilisation et le coût peu onéreux. En revanche, le passage d’un tel outil modifie le nivellement de la parcelle.

Bien maitriser désherbage mécanique : choisir le bon élément

Les doigts Kress quant à eux, sont utilisés pour détruire les adventices et les recouvrir légèrement. « Ils sont adaptés à plusieurs niveaux de dureté, précise l’ingénieur Arvalis. Mais ils sont plus efficaces sur les adventices jeunes. Le coût et les réglages peuvent être rédhibitoires. » Enfin, les éléments de roto étrille favorisent la destruction des mauvaises herbes. Les réglages sont assez simples. Cependant, les éléments sont moins agressifs sur la culture.

Tout cela n’est valable que dans une stratégie globale de gestion des adventices au sein de la parcelle. Sans actionner les leviers agronomiques, le désherbage mécanique sera vain sur le long terme. « Il n’y a pas de recette toute faite, regrette Damien Brun. C’est à l’agriculteur de trouver la technique la plus adaptée à la situation, mais aussi la plus efficace. » Avant d’intervenir, il est conseillé de faire un diagnostic de la parcelle, d’établir un plan d’action en saisissant les opportunités et ensuite d’établir un bilan.

Activer l’agronomie

Outre l’allongement de la rotation, le travail du sol, le décalage de la date de semis, primordiaux pour la gestion du salissement des parcelles, d’autres leviers, existent. Ils sont, certes, moins efficaces seuls, mais avec l’agronomie, ils ont toute leur place. Parmi ceux-ci, on peut lister l’ajout de cultures intermédiaires, le semis avec un écartement réduit ou une densité de semis plus élevée, ou encore, le choix des variétés. « L’agriculteur peut tenter de sélectionner ou de choisir des variétés avec un pouvoir couvrant plus rapide », illustre l’ingénieur.

La gestion des adventices passe également par la prévention. Avec le travail du sol, une fertilisation adaptée ou une alternance de cultures faciles ou moins faciles à désherber. « L’agriculteur peut tenter de limiter la présence des adventices dans sa parcelle en utilisant des semences propres et en contenant le salissement des bords de champs », précise Damien Brun.

Éviter avant de devoir gérer

Mais une fois la parcelle infestée, les solutions sont moindres. L’objectif sera d’éviter que les graines ne retournent au sol. « Le nettoyage des outils de récolte est alors judicieux, comme le broyage des menues pailles, fait remarquer l’ingénieur. Mais avant, il est aussi conseillé d’avoir un sol propre, de broyer les zones infestées et pourquoi pas désherber certaines zones manuellement. » Tout un programme donc.

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