Dans la cabine perchée, la climatisation est appréciée. Autour de Château-Gontier (53), le thermomètre affiche allègrement les 30°C en ce jour d’ensilage du maïs. Le coup de chaud accélère de fait le murissement de la culture fourragère qui jusqu’ici avait bénéficié d’un cycle favorable. Frédéric Trémulot illustre en chiffres cette bonne année. Depuis quinze ans qu’il est installé, il a connu des rendements de 7,5 à un exceptionnel 18 t/ha MS il y a deux ans. Dans cette large fourchette qui s’explique par la sensibilité du secteur aux saisons sèches, une production de 10 t/ha MS semble un repère habituel. « Là, nous serons vers les 13 ou 14 t/ha MS », souligne l’agriculteur.
L’éleveur utilise un écartement du maïs fourrager de 60 cm
Particularité de ses 28 ha de maïs qu’il ensile dans la journée avec la cuma des Courans, un inter-rang réduit. « Depuis quatre ou cinq ans, je sème mon maïs fourrager en 60 cm. » Sans changer la densité de semis globale, l’éleveur estime améliorer son rendement : « Je gagne une tonne de matière sèche par hectare par rapport à un semis à 75 cm. » Pour cela, il utilise un semoir monograine 5 rangs de la cuma, qui sert surtout pour le colza et le tournesol.
Frédéric Trémulot dispose par ailleurs de son propre semoir à céréales et il commence aussi à l’utiliser pour sa culture fourragère stratégique. « C’est un Bednar 4 m à double trémie. Cela me permet d’appliquer l’engrais starter », précise l’agriculteur mayennais. « En ligne, je sème 3 ha/h. Et je ne vois pas de différence de rendement entre le semis en ligne et l’inter-rang de 60 cm. »
Pas de semoir spécifique pour le maïs, quand les conditions sont idéales
En priorisant ses parcelles les plus séchantes, l’agriculteur a porté à 7 ha cette année la surface de maïs implantée en ligne. « C’est la première fois que j’en fais autant », ajoute-t-il. Néanmoins, Frédéric Trémulot n’entend pas se passer totalement du semoir monograine, car : « si on l’a inventé, il y a bien une raison », note-t-il. Le débit du chantier constitue un intérêt certain du semis en ligne. Avec son outil 4 m, le témoin rapporte une cadence de croisière supérieure aux 3 ha/h. Il pointe une limite : « On n’a pas le même rappui qu’avec un semoir monograine. Donc, si les conditions du sol ne sont pas idéales, c’est trop risqué. Il faut vraiment que le sol soit frais lors du semis », prévient-il.
« Quels que soient les inter-rangs, les toupies du bec de l’ensileuse fonctionnent bien. » L’agriculteur n’envisage donc pas de contre-indication vis-à-vis de la récolte, du moins en ensilage de la plante entière. Le jugement serait effectivement autre dans le cas d’une valorisation sélective du grain ou de l’épi nécessitant un dispositif cueilleur. Par ailleurs, l’adhérent concède que la tâche du chauffeur de l’automoteur est plus ardue. Benjamin Leblé, le chauffeur de la cuma, acquiesce : La Jaguar 930 avec son bec Orbis huit rangs en engloutit ici dix. « Ce qui change, surtout, c’est que j’ai moins de marge d’erreur que lorsque ‘il y a 75 cm d’inter-rangs », résume le salarié de la cuma des Courans.
La conduite d’ensileuse perd en facilité quand les rangs se resserrent
Particulièrement sans assistance de guidage par GPS, la conduite de l’ensileuse devient encore plus exigeante lorsque le maïs est semé comme une céréale à paille. « Là, je me laisse un peu plus de marge. Mais c’est le détourage des parcelles qui devient particulièrement délicat », observe Benjamin Leblé. Il explique : « La culture haute n’autorise pas la même visibilité sur l’extrémité de la coupe qu’une céréale lors de la moisson. » Le conducteur d’ensileuse conforte enfin l’analyse de l’agriculteur. Visuellement, les épis et la culture semblent tout aussi intéressants, que le maïs soit semé en rangs ou en lignes.
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