Charges de mécanisation : pourquoi ont-elles tant augmenté ?

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Charges de mécanisation : pourquoi ont-elles tant augmenté ?

Les charges de mécanisation plombent la gestion des exploitations.

Les charges de mécanisation représentent, de loin, la part la plus importante des coûts d'une exploitation. Or elles ont connu une sacrée hausse ces dernières années. Les raisons de cette flambée des prix dans ce dossier.

Les charges de mécanisation sont déterminantes dans la gestion d’une exploitation. La mécanisation compte en effet pour 35 % des coûts de production d’une exploitation agricole. 45 %, même, si l’on y ajoute les coûts d’entretien et surtout le carburant. C’est l’un des postes de charges les plus élevés dans l’économie des exploitations. À l’échelle de la France, le montant annuel des investissements nets, c’est-à-dire les acquisitions moins les cessions de matériels neufs et d’occasion, oscille sur les dix dernières années entre 6 et 7 milliards d’euros.

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Une hausse des charges liée à la demande

Le chiffre des coûts de mécanisation progresse vite ces derniers temps. Cette hausse s’explique non seulement par l’augmentation des prix de matériels liés au coûts des matériaux et des composants électroniques, mais aussi par la forte demande d’achat de matériels.

En 15 ans, les prix des tracteurs ont augmenté de 34 %. Ce qui n’est pas pour déplaire aux tractoristes. La société Deere and co annonce ainsi pour 2021, un chiffre d’affaires record de 50 milliards de dollars. Le bénéfice, quant à lui, se chiffre à 7 milliards. Cette augmentation des prix des matériels est également à mettre en rapport avec les aides à l’investissement versées aux acheteurs. En clair : si un matériel est éligible à une subvention, le vendeur semble d’humeur à augmenter ses tarifs. Un effet « d’aubaine » observé en particulier sur certains secteurs de matériels, tels que les outils de désherbage mécanique. Les prix de vente de ces derniers ont littéralement flambé ces dernières années.

Un paradoxe qui dure

L’agriculture est chahutée quasiment tous les ans, par des crises à répétition (sanitaire, climatique, économique, géopolitique), qui fragilisent les revenus des exploitants.  Mais paradoxalement, le niveau d’achat de matériels agricoles demeure à un niveau élevé. Dans le Centre Val de Loire, région à dominante céréalière, la valeur du matériel neuf d’une ferme en « grandes cultures » moyenne de 160 ha, est de 3300 à 4000 €/ha, rapporte Arvalis dans une étude menée en 2020. Soit 528 000 à 640 000 € par exploitation. D’une région à l’autre et selon les pratiques culturales, d’importantes disparités existent.

Des coûts qui passent du simple au double

Les coûts de mécanisation peuvent aller du simple au double : de 256 à 535 €/ha selon le rapport publié par le CGAAER en avril 2021. Ce rapport montre toutefois que le niveau de mécanisation est semblable à celui des autres États membres de l’Union européenne doté du même potentiel économique, tels que l’Allemagne. À l’échelle mondiale cette fois, il apparaît beaucoup plus important par rapport aux autres pays producteurs de céréales.

Charges de mécanisation par unité produite

Ramenés à la tonne de céréales produite, les coûts de mécanisation des exploitations françaises sont moins élevés qu’aux Etats-Unis ou en Australie. Mais ils sont supérieurs à ceux des pays de l’Est comme la Russie et l’Ukraine. Les coûts de mécanisation par kg (viande, lait, …) constituent un ratio pertinent pour évaluer l’impact de la mécanisation sur la viabilité économique de l’exploitation. En Lozère, la fdcuma a enquêté sur ce sujet auprès de 24 exploitations en système spécialisé bovins viande et 24 autres en en bovins lait spécialisé.

Dans la première catégorie, les charges de mécanisation représentent 288 € par unité de gros bétail (UGB). Soit un ratio charges de mécanisation/produits vendus de 37 % en moyenne. Autrement dit, « plus d’un tiers de l’animal sert à payer les charges de mécanisation (hors remisage et main-d’œuvre) », explique Johan Portalier, animateur de la fdcuma de Lozère et auteur de cette étude. En lait, les charges de mécanisation dans l’échantillon étudié s’élèvent à 98, 50 € pour 1000 l. « De façon un peu plus concrète, un tiers du lait produit sert à payer les charges de mécanisation », illustre l’animateur.

La lecture attentive des résultats montre toutefois d’importants écarts d’une exploitation à l’autre, pouvant aller du simple au triple. Selon Johan Portalier, « plus de 60 €/1000 l d’écart entre le quart inférieur et le quart supérieur. » Dans un exposé au Sommet de l’élevage en 2021, l’Idele a listé les facteurs discriminants des coûts de mécanisation en lait :  – stratégie de mécanisation : collective, individuelle ou délégation des travaux des champs et de la distribution; système d’alimentation (proportion de surface pâturable); système de cultures (labour, TCS, semis direct). D’autres critères pèsent aussi comme le regroupement parcellaire.

Charges de mécanisation : un exemple en Gaec

Coûts de mécanisation du GAec L'hermet Chausy

Détail des charges de mécanisation du Gaec Lhermet-Chausy, dans le Cantal.

Ce tableau détaille les coûts de mécanisation du Gaec L’Hermet-Chausy (Cantal). Ses équipements en propriété sont réduits au minimum (1 tracteur de 150 cv 1000 h/an et 1 télescopique 800h/an). La délégation des travaux est maximale: moisson par ETA, semis, ensilage, pressage et matériels divers avec la cuma des 3 L avec chauffeur, distribution de la ration avec la cuma du Temps Libre (18 €/1000 l). Itinéraires techniques économes :  zéro labour et 100 % de semis direct.

 

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