Des graines toastées au menu des vaches

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Des graines toastées au menu des vaches

Le principe du toastage est de chauffer la graine jusqu’au noyau à une température de 100 degrés.

Le 6 octobre à Stenay, dans la Meuse, les agriculteurs des cuma voisines ont pu découvrir le principe du toastage de graines de céréales et oléoprotéagineux. L’occasion de faire le point sur les intérêts nutritionnels de cette méthode dans les élevages laitiers.

Après un long périple, le toasteur bourguignon, attelé à un tracteur est enfin arrivé dans le Grand-Est pour un séjour de quelques semaines. Sa première étape, le 6 octobre à Stenay, dans la Meuse a permis de faire découvrir le toastage des graines d’oléoprotéagineux pour l’alimentation animale. Pendant toute une après-midi, les participants ont pu voir de leur propres yeux le fonctionnement de ce «grille pain» à taille géante. L’objectif de cette machine est de griller, à juste température, des graines d’oléoprotéagineux, afin de les rendre plus digestes et ainsi augmenter l’autonomie des élevages.

Rendre les graines digestibles avec le toastage des oléoprotéagineux

L’autonomie protéique souvent recherchée dans les élevages peut être une source d’économies. «En maitrisant les intrants, l’élevage subit moins les fluctuations du marché, assure Fanny Mesot, responsable élevage à la chambre d’agriculture de la Meuse. Produire soi-même les protéines permet également de diversifier son assolement, réduire la quantité d’intrants et répondre aux enjeux de la PAC et de l’environnement.»

Cependant, les oléoprotéagineux à leur état naturel sont peu digestibles pour les vaches laitières, d’où la nécessité de les transformer en tourteaux ou en les toastant. Quelques études ont été menées pour connaître l’intérêt de leur transformation et comparer les différentes méthodes.

«Côté valeurs alimentaires une graine de soja en tourteaux apportera davantage de taux de matières azotées totales dans le lait par rapport aux autres formes de l’aliment, explique Alexandre Smessaert, conseiller chez Optival. En revanche, concernant le taux de matière grasse, il passe du simple au double entre un tourteau de soja (91 g/kg MS) et une graine toastée (193 g/kgMS).»

Pour les autres paramètres nutritionnels, les graines de soja toastées ou en tourteaux présentent sensiblement les mêmes valeurs.

Qualité du lait moindre

Par ailleurs, différents types de graines ont été toastées et l’étude a comparé les différentes composantes qualitatives du lait.

«Les résultats sont très variables et les écarts ne sont pas souvent significatifs, prévient le conseiller. Les graines de lupin, soja et féveroles vont avoir un effet globalement positif sur la quantité de lait produit. Mais les teneurs en taux butyreux et protéiques sont généralement pénalisés.»

toaster

À l’issue du toastage, il ne faut pas oublier de broyer la graine pour pouvoir la distribuer aux animaux.

Si le toastage permet de rendre l’aliment plus digeste et plus appétant, rien ne remplace le tourteau. Celui-ci est certes importé et cher, mais il a un réel intérêt nutritif. L’autonomie alimentaire pose d’autres questions avec notamment la capacité à cultiver du soja ou autres graines dans le Grand-Est. Si cela peut représenter une dépense en moins, les contraintes de cultures et surfaces mobilisées ainsi que l’emprunte carbone limitent peut-être l’intérêt.

Toastage des oléoprotéagineux: la machine en marche

Mais pour l’heure, le toasteur est en test dans le Grand-Est. L’idée vient tout droit d’une région voisine: la Bourgogne-Franche-Comté. La machine appartient à une cuma située dans la Nièvre de plus de 400 adhérents: la cuma Terr’Eau. Le toaster présenté ce jour-là, tourne à une cadence de 2t/h. Il a inspiré un autre groupe d’éleveurs du Grand Est, la Cuma Alt. Celle-ci s’est créée pour regrouper les intéressés de cette activité. Le groupe a donc choisi de tester la machine cet hiver en transformant plus de 280 tonnes de maïs principalement utilisé pour nourrir les palmipèdes gras.

toastage oléoprotéagineux

Lors de l’essai, ce sont des poids et céréales qui ont été toastées.

Le principe du toastage est de chauffer la graine jusqu’au noyau à une température de 100 degrés. Par la suite, l’éleveur devra broyer les graines chauffées pour rendre l’azote qu’elle contient plus soluble. Lors de l’essai, ce sont des poids et céréales qui ont été toastées. Une attention sur le tri des graines et leur calibre doit être portée de manière à faciliter le toastage.

Convaincue, la Cuma Alt a déjà investi dans un toaster qu’elle recevra dans quelques mois. «La soixantaine d’adhérents a acheté un toaster d’une capacité de 4t/h, explique Guillaume Saint-Ellier, animateur dans la Meuse. L’idée est de toaster plus de 700 tonnes dès février 2023. Le coût est facturé entre 60 à 70€/t avec un capital social de 14€/t et un engagement de 12 ans minimum.»

Si les limites d’utilisation d’aliments toastés en élevage laitier sont démontrées, il reste tout de même encore beaucoup à apprendre de cette technique.

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