S’équiper, c’est bien… Faire les heures, c’est mieux

Partager sur
Abonnés

S’équiper, c’est bien… Faire les heures, c’est mieux

Bineuse Monosem de la cuma du Bocage, dans les Deux-Sèvres.

Délégation au salarié, couplage au tracteur, responsabilisation d’adhérent, boucle WhatsApp, RTK ou caméra et faibles distances sont autant de clés pour s’assurer de faire les heures de l’outil de désherbage mécanique. Tour de France et des stratégies déployées.

L’homme et l’électronique font bon ménage. En tout cas pour l’atelier désherbage mécanique en groupe, en cuma. Qu’il s’agisse de l’initiative sur le calendrier de l’itinéraire technique et sur les réglages, de la disponibilité du tracteur, des techniques de précision et de communication, d’activité dans un périmètre resserré, tout cela participe de facteurs maximisant l’utilisation des outils de désherbage mécanique en groupe. Même l’an dernier, alors que la météo n’a pas vraiment aidé. Petit tour de leviers, en sept clés.

1. Désherbage mécanique en groupe : le responsable dans les starting-blocks

Premier levier pour gagner du temps et optimiser l’utilisation de la bineuse, l’agriculteur pointu en réglages. « L’un de nos adhérents connaît bien l’outil, partage Thierry Fraiture, président de la cuma du sud-ouest de l’Oise. Quand il a fini de biner les betteraves, il le passe en mode maïs. Puis la bineuse repart dans un cycle maïs pour plusieurs adhérents ».

En Loire-Atlantique, le président de la cuma L’Océane, Frédéric Bigot, n’y va pas par quatre chemins. « Je suis toujours le premier à régler la bineuse, une Garford 6 rangs, et partir désherber dès le stade deux feuilles du maïs. Il y a un guidage par caméra, mais il faut quand même avoir travaillé le sol avant. Je fais donc un à deux passages de herse étrille. Passer très tôt aux premiers stades, c’est pour moi la méthode la plus efficace ».

De cette façon, Frédéric Bigot libère aussi très rapidement la bineuse pour les neuf autres adhérents sur l’activité. Alors qu’il était très difficile de profiter des courtes fenêtres météo, la bineuse a pu couvrir 100 ha de maïs en 2024. C’est moins que les 150 ha habituels, mais les agriculteurs sont tout de même satisfaits d’avoir pu utiliser l’outil. Si la plupart font d’abord un désherbage chimique, ils ont pu ensuite faire un rattrapage à l’outil mécanique. « Il n’y a pas de nouveaux réglages entre adhérents. On a tous le même inter-rang. Je suis le premier à semer, à passer la herse et à biner. Je passe du temps sur les réglages, ensuite ça roule pour les autres ».

2. Le couple indissociable

« Quand c’est attelé, c’est attelé. La bineuse reste sur le tracteur qui passe d’un adhérent à un autre, partage Thierry Fraiture, président de la cuma du sud-ouest de l’Oise. Cela peut arriver que les adhérents se prêtent le tracteur pour ne pas de nouveau régler la bineuse. Ça permet de la réactivité. Pour l’utilisation du tracteur, chacun s’arrange ». Cette souplesse et cette entente permettent de s’assurer que l’outil en parc cuma est utilisé, et d’assurer l’activité. Cependant, pour simplifier ce fonctionnement, et de manière à résoudre la dépendance aux roues étroites, la cuma réfléchit à l’achat d’un tracteur d’occasion peu onéreux et uniquement dédié au binage, en roues étroites. Pour optimiser et sécuriser encore plus l’atelier.

Cette cuma n’est pas la seule à adopter cette stratégie. Dans les Deux-Sèvres, la cuma du Bocage va plus loin. La bineuse Monosem 12 rangs de 50 cm inter-rangs et guidée en RTK reste attelée au tracteur à voie étroite de la cuma. Et c’est un salarié qui se charge des binages. Pas moins de 30 à 40 adhérents la demandent. Le fait que la bineuse soit réglée, jamais dételée et toujours pilotée par la même personne est un énorme avantage. « On peut alors considérablement rallonger les journées de binage quand la pousse est très rapide », partage Gaël Debarre, le salarié qui en a la maîtrise.

Pas de salariés à la cuma l’Océane, mais l’outil reste sur le tracteur. « Que ce soit la herse étrille ou la bineuse Garford, l’une puis l’autre reste attelée au tracteur tout le long de l’utilisation, décrit Frédéric Bigot. On cherche l’efficacité. Et quand on a un tracteur dédié, c’est rapide de passer l’outil d’un adhérent à un autre ».

3. What’s up ? WhatsApp !

À la cuma des Jonqueuses, dans l’est de l’Eure-et-Loir, les adhérents utilisent un réseau social pour que tout le monde puisse profiter des outils de désherbage mécanique. « On a créé une discussion whatsapp pour chaque outil, décrit Frédéric Bellanger, le président. Ça fonctionne bien pour organiser chaque activité. Et même plus, car ça permet d’échanger des photos, d’échanger en technique. Ça crée de l’émulation autour de l’outil et ça fait s’intéresser les adhérents. »

« Le résultat est que l’usage des outils augmente considérablement. Par exemple, pour la houe rotative Agriser, on est passé de 150 à 450 ha annuels. Car le groupe d’une douzaine d’adhérents a trouvé différents usages, sur différentes cultures, désherbage, écroûteuse, aération des sols froids, etc. Et le coût est passé de 15 à 10 €/ha. Le problème maintenant est la disponibilité de l’outil, car tout le monde le veut en même temps. Se pose donc la question de l’achat d’une deuxième houe ».

4. Désherbage mécanique en groupe : quand le salarié prend la main…

« Il faut aller biner le plus tôt possible », témoigne Gaël Debarre, salarié de la cuma du Bocage, dans les Deux-Sèvres. L’avantage ici est que les salariés maîtrisent les itinéraires techniques des adhérents, dès le semis.

« On sème en GPS RTK. Et puis, pour ceux qui sont en bio notamment, on passe la herse étrille ou la houe rotative. On appelle les adhérents pour les prévenir qu’il faut passer un outil de désherbage mécanique et ils sont réceptifs. Ils ne discutent pas vraiment de nos décisions. On bine ensuite avec la Monosem à trois pattes d’oies entre rangs. Et on ne fait ce travail qu’en RTK. C’est plus sûr et le débit de chantier est meilleur. On est monté à presque 350 ha l’an dernier. C’est dans l’objectif d’utilisation annuel que se donne la cuma. La trentaine d’adhérents la prend sur des cultures variées, tournesol, betterave, maïs, sorgho, lupin, féverole, etc. ».

Le petit plus pour du travail de qualité pour Gaël Debarre, c’est aussi l’équipement de la bineuse. Par exemple, les cache plants pour éviter le recouvrement de la ligne de plants.

5. Un plus pour les noctambules amateurs d’électronique

« Le binage de nuit est spectaculaire, s’enthousiasme Thierry Fraiture, président de la cuma du sud-ouest de l’Oise. Les adhérents ont de grosses réussites en nocturne. La bineuse y est très performante ».

L’outil en question est une Garford à 6 à 8 rangs et largeur inter-rangs variable de 50 à 75 cm et équipée d’une caméra. Acheté grâce à un PCAE en 2022, le compteur Karnott affiche 175 ha en 2023 puis 235 ha en 2024. Une bonne progression. Ils ont aussi acheté une herse étrille ETR-AVT de 12,5 m avec réglage hydraulique à ressort.

Au compteur Karnott, 257 ha à 7 adhérents en 2024 et déjà 192 ha à 4 adhérents en 2025. Mais l’objectif est plutôt de 250 à 300 ha. « L’activité commence, tout le monde n’est pas encore prêt à l’utiliser ».

6. L’électronique pour étendre les plages d’utilisation

« On bine même jusqu’à ce que les feuilles touchent le bâti, avec les rangs recouverts, décrit Thierry Fraiture dans l’Oise. C’est vraiment une très bonne caméra ». Pour arriver à optimiser à ce point l’usage de la bineuse et de la caméra, les cumistes sèment de façon très précise au GPS RTK. « Cela permet d’avoir un bon débit de chantier au binage. Et c’est plus polyvalent pour les matériels en place. Un adhérent sème 4 rangs au GPS RTK et bine en 8 rangs. Il réussit à biner deux passages de semoirs côte à côte avec des roues étroites ! ». De quoi honorer l’engagement et assurer les heures sur l’outil.

À la cuma l’Océane, le choix d’une bineuse autoguidée par caméra, même à un prix exorbitant, est une manière de gagner en efficacité et de se faciliter la tâche pour assurer les interventions. « Avant cela, nous faisions un binage agronomique et il fallait être deux ! Un dans le tracteur, et l’autre à gérer l’outil. C’était très lent. Alors que maintenant, on va vite, 2 ha/h pour biner le maïs à stade 2 feuilles. On se donne du débit de chantier et on remet vite en circulation la bineuse ».

Autre avantage de la caméra pour Frédéric Bigot, étendre la plage d’utilisation à des stades végétatifs plus tardifs. « Des collègues continuent de biner alors que les inter-rangs sont recouverts. C’est grâce à la gestion de la hauteur des plants par la caméra. En fonction des stades, on a trois paramètres de hauteur possibles ».

7. Désherbage mécanique en groupe : des distances raisonnables

Ultime facteur facilitateur soulevé par les cuma enquêtées, le rayon d’action de l’outil. Par chance, le scope de la cuma du sud-ouest de l’Oise n’est pas très large. Les distances sont de 10 km maxi pour la herse étrille et 18 km pour la bineuse. Un facteur aidant pour optimiser les trajets et la reprise en main rapidement par l’adhérent suivant.

Même chose, voire une maille encore plus resserrée pour la cuma de l’Océane. « Il y a 10 km max entre deux adhérents, c’est assez proche », dit Frédéric Bigot. Cette distance maxi entre adhérents est de 15 à 20 km à la cuma des Jonqueuses, en Eure-et-Loir, ce qui reste raisonnable pour la herse étrille, la bineuse et la houe rotative, aux yeux de son président. Le lieu fait le lien.

Pour plus d’information, retrouvez aussi ces articles sur www.entraid.com :

Tout savoir sur l'agrivoltaïsme

Je consulte
Sélectionner deux matériels de la même famille pour les comparer