Andaineurs à tapis: comment éviter la panne ?

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Andaineurs à tapis: comment éviter la panne ?

Un matériel de qualité industrielle mais qui demande de l'attention à la conduite.

Les références en cuma sur les andaineurs à tapis sont encore peu nombreuses. Comment ces matériels vieillissent-ils ? Comment les préserver à l’usage ? Les réponses dans deux coopératives de déshydratation où la maintenance préventive est le maître mot.

Comment éviter la panne d’un andaineur à tapis ? Ce type d’andaineur représente aujourd’hui l’équipement standard chez les gros faiseurs, notamment dans la filière déshydratation. Pour réduire la consommation des fours, les entreprises ont adopté la fauche à plat suivie d’un andainage après préfanage. Elles ont alors investi majoritairement dans des modèles à tapis.

Éviter la panne de l’andaineur à tapis à tout prix

Alexis Hubert, chef de plaine à la coopérative Grasasa (Dordogne) résume les arguments en faveur de cette technologie: «L’andaineur à tapis permet de reprendre le fourrage, essentiellement de la luzerne et du trèfle, chez nous, sans le matraquer pour ne pas perdre de feuilles. Il a également l’avantage de ne pas gratter le sol et d’éviter ainsi des accidents sur le rotor de l’ensileuse.» La coopérative possède un ROC RT 950, avec un pick-up de 8,35m, attelé à un Fendt 514 Vario (150ch) et mené par deux chauffeurs salariés. Avec son collègue Christophe Cholet, responsable de la maintenance, ils préconisent de confier la conduite à un nombre restreint de chauffeurs différents. « Ce type d’andaineur peut vite coûter cher en entretien s’il est mal utilisé. Mieux vaut quelques charges salariales en plus que beaucoup de frais en réparations. »

Gilles Déshomme, responsable des matériels à la coopérative Déshy Ouest (Ille-et-Vilaine) complète le propos. « Pour optimiser le débit de l’ensileuse qui passe derrière, il faut de beaux andains et donc un chauffeur habitué. » Cette coopérative possède le modèle ROC RT 1000, avec pick-up de 8,90m, attelé sur un Fendt 512 (125 ch). « Le chauffeur gère le régime du pick-up avec la prise de force et doit adapter sa vitesse au volume de fourrage pour obtenir des andains réguliers. »

Ces deux coopératives affichent une activité importante, 1 200ha coupés 3,5 fois par an en moyenne à Grasasa, 2.000 à 3.000 ha au total à Déshy Ouest. «La règle numéro un chez nous, déclare Alexis Hubert, c’est qu’on ne tombe pas en panne avec l’andaineur à tapis ! » Les plannings sont en effet tendus.

Réglage précis, graissage et inspection

Tout commence par le réglage. Il poursuit : «L’andaineur est d’abord réglé sur une plateforme en béton, avec son tracteur gonflé à la bonne pression.» Dans ces conditions, autant dire que le mieux est de garder toujours le même tracteur.

Pour le graissage quotidien, Déshy Ouest a opté pour un dispositif automatique centralisé. À Grasasa, les responsables préfèrent un graissage manuel accompagné du coup d’œil circulaire du chauffeur aux points sensibles. « Cet appareil est souvent plié et déplié entre les parcelles, et les articulations sont très sollicitées. »

Chacun des trois éléments de l’andaineur ROC repose sur un bogie avec quatre roues de petit diamètre. «Il faut donc un sol bien nivelé et propre pour travailler correctement», préviennent nos interlocuteurs. À Déshy Ouest, les adhérents reçoivent d’ailleurs des consignes sur la nécessité de faire la chasse aux cailloux.

Sur le chantier, le chauffeur surveille les peignes du pick-up, car une casse peut vite dégénérer. Les tapis se révèlent pour leur part très fiables. Ils sont l’avantage de se présenter sous forme de petits éléments liés entre eux. En cas de casse, il suffit de changer celui qui est défaillant. C’est plutôt son système d’entraînement par courroie crantée qui souffre.

«Il faut surveiller la tension régulièrement», conseille Gilles Déshommes. Alexis Hubert et Christophe Cholet ajoutent que les fourrages lourds, première coupe de luzerne ou méteils, sollicitent plus fortement cet entraînement. « Chez nous, il tient trois à quatre campagnes. L’usure se manifeste par du patinage dans les fourrages chargés en rosée, comme cela arrive en quatrième coupe de luzerne. »

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À surveiller : les dents du pick-up.

graissage automatique pour éviter panne

Le graissage automatique constitue une option discutée.

diametre roue andaineur a tapis entretien

Le petit diamètre des roues demande un sol bien nivelé.

tapis Roc très fiable

Le tapis s'avère très fiable.

Prévenir plutôt que guérir pour éviter la panne de l’andaineur à tapis

En matière de maintenance préventive, Grasasa préfère jouer la sérénité et applique un changement des roulements tous les deux ans. Pour les peignes du pick-up, c’est tous les ans: «Mais nous conservons ceux qui peuvent encore servir, pour dépanner en cas de casse durant la saison. L’idée est d’user toutes les pièces jusqu’au bout.»

Les galets de chemin de came constituent un autre point à surveiller, selon les deux coopératives. À Déshy Ouest, Gilles Déshomme précise: «En laissant ces organes s’user trop loin, on risque de casser des barres porte dents.»

Il ajoute une astuce: «Mieux vaut que les pièces les plus usées se trouvent sur un des deux éléments extérieurs. Ainsi, en cas de panne, le chauffeur pourra toujours terminer son chantier grâce à la partie centrale et l’autre élément extérieur.» En effet, les tapis de ces andaineurs peuvent déverser le fourrage à droite comme à gauche.

Une fois repliés pour la route, ces andaineurs acceptent bien les déplacements. À Déshy Ouest, ils représentent tout de même 30% du temps passé. «Il faut éviter de rouler n’importe où», indiquent toutefois nos interlocuteurs de Grasasa. Ils ajoutent à cette remarque de bon sens que les pneus de leur andaineur durent environ trois ans. Autre point de vigilance: «Penser à vérifier la pression dans la boule d’azote qui assure la suspension.»

Un budget annuel de 3 à 10 000 €

Côté budget d’entretien, les deux coopératives s’accordent pour un budget annuel de 3 000 à 10 000 €, à ramener à une surface travaillée de plusieurs milliers d’hectares. Il faut y ajouter le temps passé, assez élevé en comparaison du prix des pièces.

Dans les cuma, les quelques andaineurs à tapis identifiés dans l’Ouest (ROC et Kuhn) affichent un coût d’entretien annuel de 500€ mais pour seulement 700 ha d’activité, et sur un échantillon très jeune (1,3 an en moyenne). Il n’y a plus qu’à souhaiter qu’il demeure à ce niveau raisonnable grâce aux bons conseils des responsables de parc de nos deux coopératives de déshydratation.

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