Combien ça coûte de se chauffer au bois-plaquette ? Une question légitime pour les agriculteurs qui ont la ressource à disposition : des haies, souvent de petit bois, des espaces de stockage et des machines pour la manutention.
Bois-plaquette : un tiers de coût des énergies fossiles
« Ramenée au MWh, le coût du bois-plaquette issue des exploitations atteint 30 à 34€, contre 100€ pour le fioul et 90€ (HT) pour le gaz », a indiqué Stéphanie Cazor, animatrice de l’association aveyronnaise Caloé, qui promeut la chaleur renouvelable dans le département.
« Le bois-énergie se porte bien en Aveyron », a indiqué Stéphanie Cazor en illustrant son propos avec une carte détaillant le maillage du territoire par les plateformes de bois-énergie dans le département.
Elle intervenait lors de la journée de la mécanisation de la Fédération des cuma de l’Aveyron, cette année dédiée à l’entretien des haies. Elle se déroulait le 30 septembre 2025 au lycée de La Cazotte à Saint-Affrique. »Cela reste économique, même si l’on doit acheter du bois-plaquette en attendant que ses propres haies deviennent productives », a-t-elle souligné.
Avec la cuma, une facture de 400€ à 600€/an pour le bois-plaquette
Rémi Bec, agriculteur sur 100 ha de rougiers en Aveyron, est venu appuyer ces propos. « Je suis sur des terres séchantes, sur lesquelles les haies poussent assez peu. Au départ, je ne pensais pas pouvoir être autonome, je n’avais en fait même pas pensé à alimenter la chaudière avec les plaquettes issues de mes propres haies. »
« J’ai finalement adhéré à l’Union des cuma Bois Énergie, pour le déchiquetage. Cela demande beaucoup de main d’œuvre, mais le service de la cuma est bien fait. Le broyeur est puissant, ça dépote. »
« Avec 40 m³ de plaquettes par an, je chauffe deux maisons. Les chaudières à plaquettes sont relativement onéreuses, et malgré tout, même si je devais acheter l’intégralité de ma plaquette, cela resterait rentable. La mienne, une Hargassner, ne bouge pas. J’ai eu très peu d’entretien dessus. »
Rémi Bec mentionne une facture de 400€ par, à 10€ par mètre cube.
Témoignage conforté par Christophe Milhau, responsable de la cuma Union Bois Énergie, qui opère pour le service de déchiquetage sur le Tarn, l’Aveyron et le Tarn-et-Garonne. « La cuma, qui offre ce service depuis 15 ans, déchiquette aujourd’hui 120.000 mètres-cube par an, pour 90 adhérents, soit pour du chauffage, soit pour du paillage. »
« Pour ma part, si je devais me chauffer autrement, ça me coûterait 3 500 € par an. Là, ma facture annuelle atteint 600 €. »
Stéphanie Cazor, de l’association Caloé, a pour sa part souligné les autres bénéfices du bois-plaquette pour le chauffage : « Non seulement c’est économique, mais il s’agit d’une filière désormais structurée, et qui crée des emplois non délocalisables ».
Entretenir l’existant, c’est encore plus économique
Concernant la plantation des haies, Claudie Blanc, agricultrice aveyronnaise, a pour sa part exposé ses calculs : la plantation, réalisé avec l’appui technique de l’association Arbres, Haies et Paysages en Aveyron, coûte de 1 à 3€ le mètre linéaire, selon l’association.
Chiffre auquel elle rajoute : « pour une haie de 200 mètres, sur laquelle 400 arbres sont plantés en double rangée, je rajoute quatre rouleaux de grillage de 100 mètres, soit 530€ et 150€ de piquets. Cela revient à 670€ pour protéger 200 mètres de haie, en plus du coût des arbres et d’un passage de sous-soleuse, et d’un coup de fumier, » explique l’éleveuse.
Sophie Hugonnenc, directrice de l’Association Arbres, Haies et Paysages en Aveyron, a pour sa part insisté sur le potentiel économique à préserver l’existant : « En Aveyron, nous avons la chance d’être dans un département où nous avons beaucoup d’arbres et des haies partout. C’est une richesse à préserver, d’autant plus que, le climat changeant, il y a de plus en plus d’échecs à la plantation, on a du mal aussi à regarnir. »
« Maintenons les ressources que nous avons déjà, qui ont déjà créé un micro-climat autour d’elles. Les haies, pour durer dans le temps, ont aussi besoins que l’on prenne soin d’elle, en maintenant des emprises d’au-moins deux mètres. Sinon, elles s’épuisent, » a-t-elle averti.
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