Agriculteurs et producteurs d’énergie, les cuma s’interrogent

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Agriculteurs et producteurs d’énergie, les cuma s’interrogent

La production d'énergie par les agriculteurs peut passer par les cuma, ici la cuma Pierroise a ouvert son unité de méthanisation. Crédit: Frcuma BFC

La production d'énergie par les agriculteurs est une tendance de fond avec la méthanisation et le photovoltaïque qui se déploient sur les territoires. Seulement, il faut éviter les abus et laisser une place entière à la production d'aliments. Un thème débattu lors de l'Assemblée générale de la Frcuma Bourgogne Franche Comté le 30 janvier 2024.

Méthaniseurs, panneaux photovoltaïques sur les toits, dans les champs, sont autant d’ouvrages qui poussent dans les campagnes. Mais les agriculteurs, chefs de ces projets sont tiraillés entre produire de l’énergie mais aussi de l’alimentation. La production d’énergie par les agriculteurs fait toujours débat dans les territoires.

Production d’énergie par les agriculteurs, des freins à l’expansion

À l’image de la Bourgogne Franche-Comté qui a organisé une table ronde le 30 janvier 2024 sur ce sujet lors de leur assemblée générale. Si la région est relativement en retard par rapport aux nombres d’ouvrages dans les autres régions, les projets ne sont pas en reste. « En 2023, on compte 70 sites de méthaniseurs à injection dans le grand est contre 17 en Bourgogne Franche-Comté, illustre David Chauvin de Grdf. Cela représente 3% de la consommation gaz de la région. Mais la dynamique est repartie avec plus de 50 projets en perspective. Pour arriver à 8% de la consommation d’ici deux ou trois ans. »

Depuis quelques années, les porteurs de projets ont été ralentis par de nombreux freins: suppression de la prime d’incorporation des CIVE dans le tarif de rachat. Ainsi que de nouvelles contraintes et des mises aux normes qui représentent un surcoût de 300 à 400€ par unité de méthanisation.

Les feux au vert

Pourtant, la production d’énergie par les agriculteurs est l’une des voies privilégiée par le gouvernement pour atteindre l’objectif de réduction de 55% des émissions de gaz à effet de serre. « Pour y parvenir, le gouvernement table sur un doublement de la production d’énergies renouvelables, explique Mehdi Miftah, chargé de missions énergie à la fncuma. Ce qui revient à multiplier par six le parc actuel.  Les lois d’orientation agricole et celle sur la stratégie française tentent de réduire les délais de réalisation des ouvrages tout en assurant une rentabilité des projets. »

Sur le terrain, les feux sont au vert. Présents lors de l’AG, les représentants d’Enedis, pour l’acheminement de l’électricité et de Grdf, pour le gaz ont assuré leur adaptabilité et les possibilités de raccordement des structures. Et de rappeler que les réseaux actuels ont été imaginés pour consommer l’énergie et non pas pour la produire. « Mais les solutions techniques existent, rappellent ils. Nous faisons beaucoup de travaux pour raccorder les ouvrages mais aussi pour augmenter les capacités du réseau. »

Garder la valeur sur le territoire

Mais comment conserver la valeur ajoutée de ces productions sur le territoire ? La chambre d’agriculture de la Saône-et-Loire a cadré les projets en étudiant trois pistes. La première imagine la création d’une contribution volontaire proposée aux porteurs de projet, une sorte de caisse de péréquation. La deuxième est de faire porter les projets de production d’énergie par les agriculteurs, collectivités et habitants du territoire. « Enfin, la dernière piste, est d’étendre le principe d’autoconsommation collective, explique David Du Clary. Dans ce cas, les consommateurs d’énergie et les producteurs se regroupent en une seule personne morale. »

Point de vue que partage la frcuma, « la production d’énergie renouvelable doit apporter de la valeur au territoire, ce sont les agriculteurs qui doivent porter ces projets, mais il faut faire attention aux dimensions des projets », estime David Cornier, membre du conseil d’administration de la frcuma.

Production d’énergie par les agriculteurs, oui mais…

Impossible lorsque l’on parle d’énergie de passer à coté de l’agrivoltaïsme. « Il s’agit de production d’électricité par panneaux photovoltaïques sur une parcelle agricole, défini Mehdi Miftah. Cette installation doit aider à l’activité agricole et seulement 40% de la SAU ne peut y être consacré. »

Une définition large qui a laissé perplexe les agriculteurs, membres de la frcuma Bourgogne Franche-Comté pendant longtemps. Les administrateurs ont fini par se positionner. « On ne peut pas tout le temps être contre, estime David Cornier. Cependant, il faut définir des garde-fous. Nous en avons listé cinq. »

Le premier concerne les porteurs de projets collectifs, celui-ci doit avoir un revenu agricole avant tout. L’agrivoltaïsme ne peut être envisagé seulement lorsque les surfaces des toitures sont déjà recouvertes de panneaux. La valeur ajoutée doit être répartie sur le territoire. Enfin, le porteur de projet doit garantir la poursuite de son activité agricole et le démantèlement des panneaux en fin d’activité.

« Les cuma ont une carte à jouer »

Pour prendre de la hauteur, David Du Clary a projeté les besoins en agrivoltaïsme en France. « Le potentiel est de 100 à 120 000 ha, avec des projets d’environ 30 ha, cela ne concerne que 2,5% de la population agricole. Il y aura des déçus. D’où l’importance de bien répartir les projets. »

« Sur ce sujet, les cuma ont clairement un rôle à jouer, estime l’administrateur de la frcuma. On sait travailler ensemble, on sait mener des projets d’envergure. On a une carte à jouer là-dessus, surtout avec les coûts de l’énergie qui augmentent. »

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