Profiter du printemps pour tester la modulation de semis

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Profiter du printemps pour tester la modulation de semis

Damien Fritsch a testé avec d'autres adhérents de la cuma de la Rosée, dans le Bas-Rhin, la modulation de semis de maïs.

La cuma de la Rosée, située dans le Bas-Rhin, a testé la modulation de la dose de semis pour quelques hectares de maïs malgré les retards dans les interventions. Retour sur des semis de printemps délicats.

En Alsace, un groupe d’agriculteurs souhaite profiter de conditions météo plus clémentes pour tester la modulation de semis. L’heure est aux traitements pour les 13 adhérents de la cuma de la Rosée située dans le Bas-Rhin. Les semis de printemps se sont sont achevés il n’y a que deux semaines. Et le froid de ces derniers jours n’a pas aidé les cultures à rattraper leur retard. « Nous avons semé les 75 ha de betteraves mi-avril, avec trois semaines de retard, annonce Damien Fritsch, l’un des huit adhérents à l’activité semis de la cuma. Puis nous avons enchaîné avec les semis de tournesol, pour finir avec le maïs. »

Ne pas changer l’écartement

Si l’ordre est si bien rodé, c’est pour ne pas changer trop souvent les écartements du semoir et ainsi ne pas perdre de temps. Cette année, le groupe a implanté davantage de tournesol, 30 hectares contre quelques-uns seulement d’habitude. « Pour répondre aux exigences des éco-régimes de la PAC, estime l’Alsacien. Mais nous ne sommes pas sûrs de recommencer. Les prix et rendements ne sont pas assez élevés pour que ce soit rentable. Bien que la culture demande peu d’intrants. Enfin, on verra. »

Pour semer les 400 hectares de cultures de printemps, les huit adhérents ont investi, il y a six ans, dans un semoir Väderstad Tempo T avec coupures électriques de tronçons. Celui-ci s’attelle à un tracteur Fendt 516 guidé par GPS. Les agriculteurs étaient déjà satisfaits de leur méthode. « On n’a pas de recouvrement dans les tours ou dans les bordures », précise en effet Damien Fritsch.

Cependant, cet hiver, les plans des huit Alsaciens ont été quelque peu bousculés. « L’un de nos fournisseurs de semences de maïs nous a proposé une offre commerciale, raconte l’agriculteur. Pour un certain nombre de doses achetées, nous avions la cartographie de modulation de semis offerte. »

Tester la modulation de l’azote lors des semis

Une offre alléchante puisque le semencier s’appuie sur une vingtaine d’années de photos de parcelles et que cet hiver, les agriculteurs n’avaient pas de cartographie de leurs sols à leur disposition. Ce qui motive quatre agriculteurs à tester cette nouvelle méthode de semis sur leurs 40 hectares.

Seulement, pour y parvenir, le tracteur qui porte le semoir doit être compatible. « Pour cela, nous avons débloqué une option sur le tracteur vieux d’un an qui nous a permis de faire de la modulation, explique Damien Fritsch. Cela nous a coûté 1 000 euros. »

Il faut dire que le groupe d’agriculteurs veut aussi tester la modulation pour le troisième apport d’azote sur les blés. L’idée est d’en apporter davantage là où la culture est un peu moins développée. Pour le moment, seule une quarantaine d’hectares ont été fertilisés ainsi. L’épandeur à engrais de la cuma, un Kubota, acheté il y a quatre ans, était déjà équipé pour la modulation. Il manquait juste le tracteur.

« Nous sommes tous éleveurs de vaches laitières et nous avons des effluents d’élevage suffisants pour nos parcelles, d’où l’intérêt de connaître exactement les doses d’azote à apporter, fait remarquer l’agriculteur qui utilise cette technique. Avec les prix des engrais en hausse, j’estime avoir apporté un peu moins d’azote que d’habitude. » Pour cette opération, les membres de la cuma peuvent s’appuyer sur les cartographies de satellites.

Modulation de semis de maïs : 20 ha sur 40 modulés

Mi-mai, cartographie en main, Damien Fritsch, passionné de nouvelles technologie, se lance avec ses collègues dans la modulation des semis de maïs. « À vrai dire, on y est allé à tâtons, sans vraiment d’explications, reconnaît l’agriculteur. On a pas mal cherché comment tout cela fonctionnait. » Mais les semis pressent, alors les agriculteurs finissent par abandonner. « Il fallait avancer », lance-t-il.

Lorsqu’il ne restait plus qu’une vingtaine d’hectares et que les fenêtres météo étaient plus larges, les membres de la cuma se sont alors de nouveau penchés sur cette méthode. « Avec un peu de temps et de persévérance, on y est arrivé, se souvient Damien Fritsch. Nous avons donc testé la modulation sur 20 ha de maïs, en augmentant la dose là où le potentiel était plus élevé. »

Le tout sans diminuer le débit de chantier, une fois qu’il était démarré. Un point encore plus important dans cette conjoncture printanière. Cependant, Damien Fritsch le reconnaît, la modulation n’a d’intérêt que sur les grandes parcelles. « Sur un hectare, ça ne vaut pas le coup de distinguer dix zones différentes, le semoir ne pourrait pas tout prendre en compte. »

Economies de semences ?

Quant aux économies de semences, rien n’a vraiment été mesuré, « on sait juste qu’il reste un sac de semences chez un adhérent », précise l’agriculteur. Un trop-plein ou une peur de manquer ? Outre les économies potentielles de semences, le groupe espère gagner en homogénéité sur les levées et ainsi rattraper les potentiels, à défaut de pouvoir irriguer les parcelles. Les agriculteurs alsaciens souhaitent également utiliser le plus possible cette technique, notamment pour les semis de céréales et le désherbage.

Mais une chose à la fois, « on va essayer de cartographier les rendements au moment de la récolte grâce à la moissonneuse pour mesurer l’intérêt de la technique », relativise l’Alsacien qui fait aussi partie d’un GIEE (groupement d’intérêt économique et environnemental). Sujet qui est depuis peu au centre des études du groupe.

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