La modulation permet d’être plus précis dans les petites parcelles

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La modulation permet d’être plus précis dans les petites parcelles

David Meurillon utilise depuis six ans les équipements de modulation pour la fertilisation de ses céréales.

La cuma de la Croix au Bois située à Frelinghien, dans la métropole de Lille, a toujours équipé son pulvérisateur et son distributeur d’engrais de la technologie de coupure de tronçons. Depuis six ans, ils ont franchi le pas de la modulation. Témoignage.

Il y a six ans, la cuma de la Croix au Bois a dû renouveler son distributeur à engrais. Elle en a profité pour se lancer dans la modulation. Un choix qui allait dans la continuité de son désir d’apporter l’engrais au plus près de la plante.

Éviter les recroisements

« Dès le début de notre activité, les jeunes de la cuma nous ont incités à investir dans des outils équipés d’un système de coupure de tronçons automatique, explique David Meurillon, responsable des équipements de fertilisation. C’était assez évident d’utiliser cette technologie dans notre cas, car la plupart d’entre nous cultivent de petites parcelles, très morcelées. Il était donc judicieux d’éviter de recroiser les passages. »

Dès le renouvellement de ses équipements, la vingtaine d’agriculteurs a rapidement constaté une économie d’engrais. De 10 à 15 % selon les pratiques des agriculteurs. Ces derniers évitent aussi des phénomènes de verse, dus à la surcroissance des plantes. Quant à la manipulation d’un distributeur d’engrais dans des prairies d’arbres, « c’est beaucoup plus pratique et confortable ».

La modulation : un bonus dans la précision

Puisque pour passer de la coupure de tronçons automatique à la modulation il n’y a qu’un pas, le groupe investit donc il y a six ans dans un distributeur d’engrais centrifuge. ce dernier est équipé d’un système de modulation. Le prix de cette option sur le distributeur d’engrais est de 1 500 €. « Quand on achète un outil à 25 000 €, on n’est pas à ça près, ironise le responsable. Si on ne remarque pas d’économies d’engrais en tant que telles, on va dire que la modulation, c’est un bonus, une manière d’être encore plus précis dans nos apports d’engrais. »

Lors du renouvellement de l’automoteur il y a cinq ans, et satisfaits de leurs premiers pas dans la modulation, la quinzaine d’adhérents à l’activité pulvérisation choisit de poursuivre ses investissements dans des systèmes de modulation.

Formation nécessaire

Pour mettre le pied à l’étrier, les deux salariés de la cuma, chauffeurs des deux engins se sont formés auprès des constructeurs à la conduite. En effet, la plupart des agriculteurs, avec de tels équipements, ont décidé de déléguer entièrement leur fertilisation. « Le tracteur que nous utilisons avec le distributeur d’engrais doit être équipé d’un GPS isobus, explique le Nordiste. Pour perdre le moins de temps possible, on essaye de ne pas dételer le tracteur. On utilise donc celui de la cuma, qui est réglé pour la modulation et adapté au distributeur d’engrais. »

Si l’agriculteur ne monte pas dans la cabine, il doit tout de même préparer le travail au préalable. « Nous avons tous un abonnement à Farmstar pour pouvoir obtenir une cartographie précise de nos parcelles, ajoute le responsable du matériel. Avant les travaux, nous devons télécharger celle plus récente et la mettre sur une clé USB. » Celle-ci est ensuite insérée dans l’ordinateur de bord du tracteur et le chauffeur effectue quelques réglages avant de se lancer. La modulation permet d’apporter de l’engrais à deux mètres près.

Appui sur la cartographie de la récolte

La modulation par cartographie permet ainsi d’ajuster la dose d’azote, qu’elle soit liquide en pulvérisation ou solide avec le distributeur. « La cartographie permet de mettre la dose selon le développement de la plante. Avant d’en être équipé, je le faisais à la main mais surtout à l’œil, se souvient l’agriculteur. Quand on voit que l’épandeur tarde à s’ouvrir, au début, on pense qu’il ne fonctionne pas. Mais on se rend compte que c’est plus précis. Quand on voit une lacune dans la croissance de la plante, il est déjà trop tard. » Les adhérents de la cuma peuvent aussi s’appuyer sur la cartographie réalisée grâce aux capteurs d’une de leurs moissonneuses. Ils peuvent ajuster leur fertilisation selon ces données de récolte.

L’azote peut être épandu de cette manière uniquement sur les parcelles de céréales à paille à chaque apport. Cependant, le dernier semble être celui le plus bénéfique. « À la récolte, je remarque que le blé est plus homogène, a constaté David Meurillon. Les rendements sont aussi relativement plus élevés et j’ai un bien meilleur taux de protéines. »

Pour mettre en place cette technique de modulation, la cuma de la Croix au Bois a la chance de pouvoir s’appuyer sur deux chauffeurs, adeptes des nouvelles technologies et ayant une grande capacité d’adaptation. « Ce n’est pas très compliqué de s’y mettre, mais changer les habitudes peut être une source de résistance de la part de certains. » La technique, si elle n’augmente pas le débit du chantier, apporte plus de confort au chauffeur. À condition de passer un peu de temps à la préparation de la cartographie.

Encore plus de précision grâce à la modulation

Cependant, en déléguant cette tâche à des chauffeurs et un GPS, les membres de la cuma ont remarqué que certains agriculteurs se déchargeaient complètement du travail de la fertilisation. « Or, l’agriculteur doit garder ses responsabilités. »

Le groupe de Nordistes souhaiterait aller plus loin en précision. Notamment dans la fertilisation des autres cultures de leur assolement. Il réfléchit à s’équiper d’un distributeur d’engrais muni d’une rampe. Pour cela, il va falloir qu’il mette la main à la poche, il faut compter 150 000 €.

« Cette technique nous permet d’être précis à 50 cm près, explique l’agriculteur. On peut également travailler lorsqu’il y a un peu de vent. » Dans la même veine, le groupe sensible à l’agroécologie a investi dans une station de correction d’eau. Le but, réduire les quantités de produits phytosanitaires. Ils espèrent également que les techniques localisées de désherbage s’améliorent pour pouvoir bénéficier encore plus de précision.

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