La modulation « ce n’est qu’une étape dans l’agriculture de précision »

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La modulation « ce n’est qu’une étape dans l’agriculture de précision »

Premiers matériels pour la pratique de l'agriculture de précision : un GPS et un épandeur capable de moduler en fonction de cartes de préconisation.

Jean-Philippe Blanc a commencé par moduler les apports d’azote sur céréales. Pourtant il considère que ce n’est qu’une étape vers une agriculture de précision qui demande du temps pour s’approprier de nouvelles technologies en constante évolution.

Mettre la bonne dose au bon endroit est l’expression utilisée pour caractériser l’agriculture de précision. Installé en gaec près de Saint-Affrique dans l’Aveyron, Jean-Philippe Blanc exploite 650 ha dont 100 ha en céréales et le reste en production fourragère. Le gaec élève 800 brebis laitières et 70 vaches allaitantes. L’exploitation est sur du causse calcaire avec des sols vraiment hétérogènes, selon si on se trouve sur les crêtes ou dans le fond des vallées. Pour l’agriculteur, le commencement d’une agriculture de précision a été de s’équiper d’un autoguidage sur le tracteur et d’un épandeur d’engrais pouvant moduler dans les pointes de manière à éviter les recouvrements.

Une démonstration comme point de départ pour l’agriculture de précision

L’étape suivante est venue avec une démonstration d’Airinov sur l’exploitation. « Le drone a survolé quelques parcelles de blé et nous avons pu éditer quelques cartes de vigueur de la végétation », se souvient Jean-Philippe Blanc.

Pour Jean-Philippe Blanc, la clé de la réussite en agriculture de précision passe par la formation.

Pour Jean-Philippe Blanc, « l’agriculture de précision passe par la formation. L’évolution des techniques est si rapide qu’il est indispensable de se mettre à jour régulièrement. »

« J’ai alors pu visualiser des zones différentes au niveau de la biomasse. Cela correspondait à ce que j’avais déjà observé, mais en beaucoup plus précis. » Conquis, l’agriculteur accepte le devis de 18 €/ha comprenant la réalisation de cartes de biomasse ainsi que le conseil azoté.

« Plusieurs techniciens arpentaient les parcelles avec des pinces N-Tester pour visualiser les besoins en azote de la culture selon les différentes zones. » Ce travail permettait d’établir des cartes de modulation précises. « Pour la première fois, j’ai pu rentrer des cartes de modulation sur mon épandeur d’engrais qui avait cette fonction, mais que je n’exploitais pas à 100 %.

Avec l’arrêt d’Airinov, l’agriculteur s’est tourné vers un autre prestataire fournissant des images satellite pour suivre l’évolution de la biomasse de ses cultures. « Je disposais de plusieurs photos exploitables chaque mois, mais aucun technicien ou aide pour convertir ces images en cartes de préconisation. »

L’agriculteur s’est ensuite tourné vers 365FarmNet. « J’ai appris avec eux à interpréter et réaliser les cartographies de biomasse. À les convertir pour qu’elles soient compatibles avec le terminal de l’épandeur. Pour la cartographie et l’abonnement, cela revient à 2 €/ha.

Prendre du temps pour les préconisations

Pour réaliser les cartes de préconisations, Jean-Philippe Blanc a investi dans une pince N-Tester. « Je considère qu’il n’y a pas le choix. Les besoins azotés ne sont pas écrits sur les feuilles de la culture. C’est une étape qui prend du temps. Il faut diviser la parcelle en plusieurs zones et réaliser environ 80 tests par zone. »

Ensuite, l’agriculteur convertit les données récoltées par la pince en besoin azoté, en passant par le site Atfarm de Yara. « Une opération qui prend du temps, mais qui reste indispensable. »

Mesure directe de l'azote avec la pince N-Tester

La pince N-Tester évalue l’état de la nutrition azotée de la culture afin de réaliser ensuite des cartes de préconisation pour les apports d’azote.

Diviser par deux les apports azotés

Le but de la modulation azoté, au début, était d’augmenter les rendements. « Utiliser le même tonnage à la parcelle, mais en favorisant les zones à fort potentiel. Le choix n’était clairement pas de réaliser des économies d’engrais. »

Aujourd’hui, la situation a changé. « Le prix de l’engrais s’est envolé et il faut changer son fusil d’épaule. Le but de la modulation est maintenant de réaliser des économies sur les engrais. Avant, j’étais dans une optique d’optimisation des rendements et je me dirige plutôt vers une modulation privilégiant la compensation. »

« Quand l’engrais était à un prix raisonnable, on pouvait se permettre d’augmenter la dose à certains endroits pour aller chercher les cinq quintaux supplémentaires. Maintenant, ces quintaux en plus, je les laisse de côté, car ce sont ceux qui coûtent le plus cher, et ils ne sont plus rentables. Le but est de diviser par deux le tonnage d’azote à l’hectare. »

« Diminuer les apports dans les zones à fort potentiel et aider un peu les zones difficiles. Je vais bien sûr perdre un peu en rendement, mais aussi essayer de conserver et même diminuer le coût de production de chaque quintal produit. »

L'autoguidage sur tracteur, une option qui se démocratise pour différents travaux.

L’autoguidage sur tracteur, indispensable pour réaliser de la modulation intra parcellaire est aussi un outil qui permet de gagner du temps dans différents travaux.

Agriculture de précision : pas seulement de la modulation

La prochaine étape est de réaliser de la modulation lors des semis. Pour cela, l’agriculteur souhaite réaliser des cartes de rendement. « Il faut au minimum des cartes sur trois années afin de pouvoir les superposer pour obtenir suffisamment d’informations afin de prendre des décisions. »

Pour Jean-Philippe Blanc, l’agriculture de précision va prendre tout son sens dans la conjoncture actuelle. La première économie intervient bien sûr en appliquant la bonne dose au bon endroit. « Pour moi, le sens de l’agriculture de précision est de pouvoir diminuer de beaucoup la majorité des intrants. Dans mon cas, cela passe par une agriculture de conservation en pratiquant le semis direct ou TCS. »

« Moins de passage, moins de matériel, et moins de consommation de GNR. Cela passe aussi par des changements de pratique, en développant les couverts végétaux ou les cultures associés. Pour réussir cette transition, il est indispensable de consacrer du temps à la formation. »

« Entre l’agriculture pratiquée par mon père et celle d’aujourd’hui, il y a un fossé. Il faut s’approprier les nouvelles technologies, et leur évolution est si rapide que sans formation pour se mettre régulièrement à jour, on ne peut pas arriver à obtenir toute la précision souhaitée. C’est pour moi une des clés de la réussite. »

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