Des semis de betteraves entre deux averses

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Des semis de betteraves entre deux averses

Thomas Papon peut compter sur son fils pour assurer une bonne vitesse de chantier.

Les semis de betteraves ont bien avancé cette semaine grâce au temps sec. Toutefois, les terres dans le Nord ont du mal à sécher et les semis sont réalisés un peu à la hâte. Reportage dans la cabine du tracteur de Thomas Papon, betteravier dans l'Aisne.

Pas question pour Thomas Papon de regarder les voitures passer sur l’autoroute jouxtant sa parcelle. Aujourd’hui, la concentration est de mise pour le semis des betteraves. D’autant que les récentes pluies ont mis en retard cet agriculteur de l’Aisne.

Les averses ralentissent les chantiers de semis de betteraves

Il ne lui reste que quelques hectares à emblaver avant de finir sa journée et de dételer le semoir pour le remplacer par une planteuse à pommes de terre. Le temps presse car les averses sont attendues pour le lendemain et le sol est à peine ressuyé.

« Je dois semer 45 hectares de betteraves cette année, lance Thomas Papon depuis sa cabine de tracteur. Il ne m’en reste plus que cinq mais le sol est encore bien humide à certains endroits. Mais il faut avancer, j’ai encore des légumes à semer et des pommes de terre à planter. »

En effet, cet agriculteur n’est pas en avance. D’habitude, les betteraves sont semées depuis plusieurs semaines, surtout avec les derniers printemps secs que nous avons vécus.

Qu’importe, le betteravier peut compter sur son bon débit de chantier pour avancer. « J’ai un saisonnier qui vient m’aider pour travailler le sol quand le temps presse, explique t-il. Après un labour d’hiver, j’ai ouvert le sol il y a quelques jours grâce à canadien Compactor. Je voulais être sur que la pluie n’allait pas tout replaquer mais il fallait sécher le sol. »

Semoir de compet’

Si en surface, le travail du sol a permis l’évaporation d’une partie de l’humidité, en profondeur, le sol est encore bien mouillé. Pour le chantier, Thomas Papon utilise le semoir de la cuma des Leups, dont il est président. Avec deux autres agriculteurs du village, ils partagent un semoir de précision Grimme Matrix 1 200 de 12 rangs.

« C’est sa cinquième campagne, rappelle t-il. Il est équipé de disques qui permettent de semer dans des sols qui ne sont pas labourés. Des roulettes de rappui de part et d’autre du disque semeur viennent tasser le lit de semences. Il est électrique donc les réglages se font facilement et chaque élément a son moteur qu’on peut éteindre. »

40 €/ha

Les réglages se font selon la profondeur du semis et la pression des ressorts pour le tassement du lit de semences. En plus, ce semoir est équipé d’une croskillette localisée attelée à l’avant. Pour l’utilisation de ce combiné de semis, il faut compter 40 €/ha, tracteur, main-d’œuvre et carburant non compris.

L’ensemble doit semer une centaine d’hectares chaque année. « Quand tout va bien, en deux jours, j’ai planté mes betteraves, relativise Thomas Papon. Il faut simplement bien organiser le chantier avec les collègues. Comme nous ne sommes que trois à l’utiliser, c’est assez facile de s’organiser. D’autant que nous avons un collègue qui préfère faire ses semis le week end. »

Le GPS pour des semis de betteraves droits

Le semoir est également équipé d’un disque au milieu des rangs pour faciliter le binage des betteraves. « On met la bineuse Agronomic de la cuma dans le sillon et ensuite, elle ne bouge plus », précise l’agriculteur.

Un semis qui demande d’être précis, donc. Pour cela, Thomas Papon est aidé de son tracteur de 150 chevaux équipé d’un GPS qui facilite l’étape. « Il manque juste un câble pour relier le GPS au semoir et couper des tronçons facilement, mais cette option était onéreuse et aucun de nous n’était vraiment intéressé dans ces conditions », ajoute t-il.

Cependant, l’agriculteur reste prudent sur les investissements. Car on ne peut pas dire que la culture de la betterave soit attractive, surtout avec les nouvelles réglementations.

Sans néonicotinoïdes

« Nous avons su que les néonicotinoïdes enrobés dans les semences étaient interdits quelques jours après avoir signé notre contrat de cinq ans avec Tereos, regrette Thomas Papon, qui livre à la sucrerie d’Origny Sainte-Benoite. Si j’avais su, j’aurais revu mes surfaces à la baisse au lieu de les maintenir. D’autant que mon technicien m’a déjà préconisé un apport d’insecticide dans les prochains jours si des vols de pucerons sont remarqués. »

semis betteraves

Thomas Papon a choisi des variétés précoces, peu sensibles à la cercosporiose et anti-nématodes.

En 2020, quand les néonicotinoïdes étaient interdits, cet agriculteur avait perdu la moitié de ses rendements avec 52 t/ha. « C’est difficile de faire encore confiance en notre ministre, estime-t-il. Je prends pourtant le risque de semer mes betteraves en espérant qu’avec une date de semis plus tardive, je puisse passer à travers la jaunisse. »

Pour cela, Thomas Papon a choisi des variétés précoces, peu sensibles à la cercosporiose et anti-nématodes… pour ainsi mettre toutes les chances de son côté.

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