Binage de pomme de terre, une technique qui a le vent en poupe

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Binage de pomme de terre, une technique qui a le vent en poupe

La technique du binage de la pomme de terre permet de désherber les buttes mécaniquement.

Apparue récemment avec les restrictions d'utilisation de produits phytosanitaires, la technique du binage de la pomme de terre s'avère efficace si la bineuse est bien positionnée. Reportage à la cuma La Navette, qui s'est équipée il y a deux ans.

« Je ne reviendrai plus en arrière », lance Flavien Vandencasteele, agriculteur convaincu à Haverskerque, dans le Nord et utilisateur d’une bineuse depuis deux ans. En effet, la technique du binage de la pomme de terre se développe petit à petit et de nombreux agriculteurs s’équipent de cet outil. Pour cet agriculteur, c’est en cuma qu’il a investi.

La technique du binage de la pomme de terre selon les conditions du terrain


C’était en 2022 avec cinq autres agriculteurs. Ensemble, ils s’engagent pour utiliser l’outil sur au moins 70 hectares. « Nous avons une centaine d’hectares de pommes de terre au total, explique Flavien Vandencasteele qui est président de la cuma La Navette. Mais selon les conditions météorologiques et de salissement de la parcelle, nous utilisons plus ou moins la bineuse. »

En effet, la technique du binage de la pomme de terre reste dépendante de nombreux facteurs. Tout d’abord, bien souvent, on bine les buttes de pommes de terre pour éviter le dernier passage de désherbant chimique. Ce passage, n’est pas forcément nécessaire lorsque les applications chimiques ont bien fonctionné auparavant. La parcelle est alors quasiment propre.

De plus, si un rattrapage est nécessaire, les conditions doivent être réunies. « La fenêtre météo doit être assez large pour s’assurer que la terre est bien sèche et que les mauvaises herbes coupées ne reprendront pas avec l’humidité, explique l’agriculteur. D’autant que le binage peut venir endommager ou rendre moins efficaces les traitements désherbants réalisés au préalable. »

Des surfaces qui varient

Enfin, le stade de développement de la pomme de terre doit être ni trop avancé, ni trop tardif. Souvent réalisée au mois de juin, la technique du binage de la pomme de terre doit être positionnée de manière judicieuse. « La plantule doit laisser la place à la bineuse, précise Flavien Vandencasteele. Les buttes ne doivent donc pas être refermées. Mais la pomme de terre doit être assez développée pour assurer l’ombre nécessaire à la butte pour éviter les repousses d’adventices. » Tout un programme donc, qui demande à l’agriculteur de la précision et de l’attention.

L’utilisation de la bineuse dépend donc des années, mais aussi de l’organisation entre les six agriculteurs. Ainsi, en 2022, lors de la première campagne d’utilisation, la bineuse a travaillé 43 hectares, contre 70 en 2023 qui était une année plus propice au désherbage mécanique. Quelle que soit la surface, le prix facturé ne varie pas. Il est basé sur les engagements et fixé à 22 €/ha. « Si on venait à biner davantage, alors on essayerait de réduire ce tarif », admet le président.

Économiquement rentable

La bineuse achetée 11 700 € et subventionnée à 60 % permet aux agriculteurs de réduire la quantité de produits phytosanitaires utilisée. « Je n’aime pas traiter, alors je n’hésite pas à trouver des alternatives, avoue Flavien Vandencasteele qui a également investi en cuma dans une bineuse pour betteraves et un broyeur de fanes. Avec la bineuse, j’obtiens le même résultat qu’avec un désherbant chimique. Ce serait dommage de s’en passer.  »

D’autant, qu’économiquement, il s’estime gagnant. Avec le coût du tracteur de la cuma de 170 ch attelé sur la bineuse, soit 23 €/h, le passage revient à 45 €/ha, « c’est quasiment autant que le prix du désherbant chimique. »

Toutefois, il l’admet, un passage de traitement est plus rapide qu’un passage de bineuse. Avec un débit de 1 ha/h minimum, il faut consacrer une journée, voire deux, quand un pulvé le fait en quelques heures.

Bien régler l’outil pour le binage de la pomme de terre

Mais cette organisation convient bien aux membres de la cuma. « C’est un travail qui se fait un juin, quand c’est assez calme dans nos exploitations, décrit le président de la cuma. C’est aussi l’occasion d’utiliser davantage le tracteur de la cuma au moment où il y a moins de travail. » Mais c’est avant tout par souci du développement durable, du respect de la biodiversité et de l’environnement que ces six agriculteurs ont troqué leur pulvé par la bineuse.

Remisée pour l’hiver la bineuse demande peu d’entretien. « Nous avons choisi la même marque que la planteuse que nous avons en cuma, nous sommes ainsi sûrs qu’elle réalise les mêmes buttes, signale t-il. C’est également plus facile pour la régler, étape importante et un peu chronophage, puisqu’ils sont à peu près identiques. Seule la nature du sol les fait varier. »

L’outil peut biner quatre rangs à la fois, ainsi, les traces de tracteurs sont identiques à celles effectuées par la planteuse. Alors, facile la technique du binage de la pomme de terre ? À les entendre, on dirait bien !

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