Un carburant à 20 centimes le litre et l’autonomie protéique

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Un carburant à 20 centimes le litre et l’autonomie protéique

Lionel Ogier devant un tracteur de l’exploitation fonctionnant avec de l’huile de colza

Depuis 2008, avec la cuma de la Verte Prairie du Lyonnais dans le Rhône, des adhérents pressent et produisent de l’huile carburant avec du colza. Quant au tourteau, sous-produit de la trituration, il est utilisé pour l’alimentation des animaux. Une activité qui perdure mais avec un changement de destination des produits.

Quinze ans déjà que la cuma de la Verte Prairie du Lyonnais produit de l’huile carburant à partir du colza pour alimenter les tracteurs de certains adhérents avec une presse mobile. C’est en quelque sorte une production en circuit court qui s’est mis en place. Une idée née d’une réflexion au sein de l’association de formation collective à la gestion avec un groupe d’éleveurs côté Rhône et un autre composé de céréaliers dans le département voisin de l’Isère. Deux groupes avec des objectifs différents. « Les éleveurs étaient intéressés par la ressource en protéines des tourteaux et l’utilisation de l’huile produite comme carburant. Pour les céréaliers l’idée était plutôt de valoriser la culture du colza en vendant l’huile ainsi que les tourteaux », résume Lionel Ogier, vice-président de la cuma.

Une presse itinérante pour la production d’huile carburant

Pour la réalisation du projet, la cuma investi dans un plateau fourrager équipé et automatisé pour le pressage du colza mis au point par un concessionnaire local. L’ensemble peut fonctionner pendant deux jours sans intervention humaine. L’installation est capable de traiter entre 2 et 2,5 t de graines de colza par vingt-quatre heures. Lionel Ogier précise : « Avec 1 t de colza, on obtient en moyenne 650 kg de tourteaux et 350 l d’huile. » Pour le tarif, il est fixé en fonction de la production d’huile. Au début de l’activité, il tournait entre 50 et 60 centimes/litre « Aujourd’hui, la presse est amortie et le tarif est de 20 centimes le litre pour prendre en compte l’entretien et les réparations, détaille le responsable de la cuma. Un tarif qui reste imbattable si on le compare au prix du GNR. »

La presse à huile est autonome et peut fonctionner deux jours sans intervention humaine.

La presse à huile peut fonctionner 2 jours sans intervention humaine et traiter plus de 2 t de graines de colza par 24 h.

Une production de 50 000 l / an

Dans les meilleures années, la presse produisait environ 90 000 l d’huile par an pour une quinzaine d’adhérents. « Plusieurs exploitations utilisaient l’huile comme carburant pour les tracteurs », explique Lionel Ogier. À l’époque, tous les tracteurs n’étaient pas compatibles pour utiliser de l’huile de colza comme carburant. Seuls certains modèles de la marque Deutz pouvaient fonctionner avec un minimum de modifications. Le vice-président de la cuma de la Verte Prairie du Lyonnais se souvient : « Sur les tracteurs, nous n’avons jamais eu de problèmes majeurs, pas de casse moteur. À un moment nous avions aussi à l’essai des modèles John Deere spécialement préparés. Des tests avaient montré que les émissions de fumées étaient dans la norme Tier4 de l’époque. » Aujourd’hui, les moteurs se sont complexifiés. Les motoristes communiquent peu et il devient difficile d’avoir des informations pour effectuer des modifications et utiliser l’huile comme carburant.

La production d’huile a donc diminué et sa destination a changé. « Nous sommes passés à une production annuelle qui tourne autour de 50 000 l pour une quinzaine d’adhérents, avance Lionel Ogier. Une production en baisse mais un nombre d’adhérents en hausse par rapport au début de l’activité. Seulement deux exploitations, dont la mienne, utilisent encore l’huile comme carburant pour les tracteurs. Pour le reste, la destination est alimentaire avec souvent de la vente directe. Les tourteaux sont utilisés sur les exploitations ou vendus. »

Un système adapté à l’élevage

« Sur mon exploitation, je produis environ 12 ha de colza. L’intégralité de la récolte passe par la presse à huile. Une partie de cette huile est mise en bouteille et écoulée en vente directe. Cette vente génère ma marge brute pour la production de colza. Le reste ce n’est que du plus. L’huile restante permet de faire tourner à 100 % les tracteurs de l’exploitation. Je reste entièrement autonome en carburant, sauf pour le tracteur de la cuma qui est au GNR. »

Tourteaux de colza réalisés par la presse à huile de la cuma la Verte Prairie du Lyonnais.

Les tourteaux, résidus de la trituration du colza, participe à l’autonomie protéique de l’exploitation.

Avec une exploitation en bovins viande valorisée en vente directe, La production de tourteaux de colza permet de gagner en autonomie alimentaire. « Elle assure aujourd’hui au moins 70 % de l’autonomie protéique, complétée par du soja cultivé en bio sur l’exploitation. Les tourteaux provenant de la presse à huile sont plus gras que les tourteaux industriels. Pour la production de viande c’est le top. C’est aussi un argument pour la vente directe de mettre en avant une alimentation des animaux entièrement produite sur l’exploitation. »

Même si l’utilisation de l’huile comme carburant a vécu, l’activité attire de nouveaux adhérents pour une valorisation de l’huile à destination alimentaire et une augmentation de l’autonomie protéique des exploitations.

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