Aménager son cadre de travail en préservant la biodiversité

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Aménager son cadre de travail en préservant la biodiversité

François-Xavier Sainte Beuve et Chloé, une des salariés de la cuma profitent des conditions printanières pour planter des bandes de miscanthus, réserve de biodiversité.

François-Xavier Sainte Beuve, agriculteur à Montcornet dans l'Aisne, a décidé de découper son parcellaire pour y implanter des bandes de couverts et de miscanthus. Reportage sur la planteuse.

Il est possible de bien travailler tout en favorisant la biodiversité, c’est ce que démontre François-Xavier Sainte Beuve, agriculteur à Montcornet dans l’Aisne. Ciel bleu, 25 °C, les fleurs de colza à leur apogée, chants d’oiseaux et courses de lièvres… Ne vous y méprenez pas, ce n’est pas un décor de vacances, c’est son cadre de travail. En ce 4 mai, les conditions sont réunies pour permettre à ce jeune agriculteur de s’adonner à sa passion : la nature.

Protéger les animaux et la biodiversité

En effet, depuis son installation en 2016, François-Xavier Sainte Beuve s’applique à créer un havre de biodiversité dans ses parcelles. « J’ai la chance d’avoir de grandes parcelles, remembrées et regroupées, avoue ce passionné de faune sauvage. J’ai trois îlots de 90 hectares d’un seul tenant. J’ai décidé de les découper grâce à une vingtaine de bandes de quatre à huit mètres de large. Je tente ainsi de préserver les animaux et la biodiversité en créant des zones de repos et des corridors qui les cachent. »

Cette idée, elle n’est pas venue sur un coup de tête. Cet agriculteur a toujours eu envie de faire autrement. « Je ne voulais pas faire comme mon père, je me serais ennuyé, reconnaît t-il.  Et j’avais envie d’avoir un beau cadre de travail, d’être connecté à la nature et, surtout, de voir des animaux. »

Il s’est alors renseigné sur Internet et a visionné une vidéo réalisée par un autre agriculteur de l’Aisne, intitulée « Des perdreaux et des quintaux ». Avec l’aide des animateurs de la fédération de chasse, il se lance et consacre désormais 7,5 hectares à la biodiversité.

Ravageurs et auxiliaires

Et sur ce point, c’est une réussite. Ses champs de céréales et de colza, et ses talus grouillent d’animaux sauvages : faisans, lièvres, renards, alouettes… Mais aussi d’insectes plus ou moins désirables. Sur ce point, une étude entomologique avait été réalisée mais elle a dû être arrêtée, trop coûteuse.

Depuis, c’est l’Inrae (Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement) qui vient étudier l’intérêt de ses bandes sur les cultures. « À vrai dire, je n’ai pas encore noté de vrai changement, remarque ce passionné. Mais je ne le fais pas uniquement pour avoir un retour sur mon investissement. Je le fais avant tout parce que j’en ai envie.  »

En ce 4 mai, l’heure est à la plantation de miscanthus. Déjà présents en plots dans certaines de ses bandes, l’agriculteur veut les intensifier. « Au lieu de plots, je voudrais faire des bandes de 150 m de long et de 4 m de large, explique t-il en désignant la plaine. Je me suis rendu compte que ces plantes permettent aux animaux de se réfugier par tous les temps et même lorsque les récoltes ont eu lieu. Les oiseaux peuvent s’y poser lorsque le sol est trop humide, par exemple. »

plantation miscanthus pour améliorer. la biodiversité

François-Xavier Sainte Beuve plante des bandes de 150 m de long et de 4 m de large de miscanthus.

Comme un loisir

Et chose qu’il n’avait pas vraiment en tête avant de se lancer dans l’aménagement de son territoire : l’érosion. Car lorsque le miscanthus est bien positionné, il limite l’érosion. Pour cette année, la plantation d’une dizaine de bandes lui coûtera 1 100 euros, sans compter la main-d’œuvre (ils sont trois ce jour-là), le tracteur et le carburant.

L'implantation de miscanthus serait une solution pour préserver la biodiversité

Le coût de l’implantation de miscanthus est de 2 200 euros/ha dont la moitié est prise en charge par la fédération des chasseurs de l’Aisne.

Au total, en réalité,  il faut débourser le double, l’autre moitié étant prise en charge par la fédération des chasseurs du département. « C’est comme un hobby, je ne cherche pas à rentabiliser ces travaux, assure l’agriculteur entre deux chants de faisan. Ils passent après mes champs. Je dois continuer mon activité qui est de produire des denrées alimentaires et ça, ça doit rester rémunérateur.

Pérenniser son action sur la biodiversité

Les 25 bandes qu’il cultivent peuvent accueillir tantôt un mélange de plantes mellifères, du millet et du sorgo, ou encore du dactyle et de la luzerne. Il y a une vraie rotation réalisée chaque année. Mais depuis, l’agriculteur songe à amplifier ses actions en plantant des haies dans le bord de ses parcelles.

« Je n’avais pas encore franchi le pas car je voulais garder de la latitude, avoue-t-il. Je ne voulais pas me mettre des contraintes supplémentaires comme la taille. Et qui sait, un jour j’aurai peut être besoin de ces 7,5 hectares pour vivre. » Mais dans certains endroits, il pense que ce serait judicieux d’y implanter des haies.

Cette vision de l’agriculture, il ne cherche pas forcément à la transmettre et François-Xavier Sainte Beuve ne veut pas se positionner en donneur de leçons. « Je fais cela par passion, répète-t-il. En revanche, si on me le demande ou si je peux susciter des interrogations ou des vocations, je me ferai un plaisir d’épauler d’autres personnes sur ce sujet. »

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