Composter pour mieux valoriser les fumiers

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Composter pour mieux valoriser les fumiers

« La cuma représente un outil qui a des vertus économiques, qui apporte de la sérénité dans notre travail et une tranquillité morale grâce au groupe », convient Laurent Darosey, vice-président de la cuma de L’Ile Verte. De gauche à droite, Hervé Py, Stéphane Langondet, Gabriel Colombo, Cyril Figard, Laurent Darosey et Michel Champenoux.

La cuma de l’Ile verte, située à Vesoul, fédère ses adhérents autour de l’activité de compostage. Cette opération hygiénise le fumier et facilite son épandage. Reportage.

« À l’origine de la cuma, en 1998, nous étions 13 adhérents intéressés pour composter nos fumiers, se souvient Michel Champenoux, membre du comité de création et ancien président de la cuma de l’Ile verte. Aujourd’hui, nous atteignons le nombre de 80 adhérents. » Avec la montée en puissance de la demande en compostage et la dispersion des différents tas de fumier, la cuma de l’île verte s’est dotée d’une seconde machine de compostage pour mutualiser et optimiser les déplacements. Elle fait appel à deux prestataires dédiés qui interviennent avec leur propre tracteur. Chacun des deux chauffeurs s’occupe de la gestion du circuit de compostage en fonction de la localisation des tas.

Le compostage hygiénise la matière organique

« Nous nous sommes lancés dans le compostage afin de rendre plus fluide la matière organique à l’épandage », explique Michel Champenoux. « Elle est plus hygiénisée, grâce à la montée en température, et les odeurs sont réduites, ce qui nous permet d’épandre plus près des habitations. » Pour augmenter la température au tas et réduire le risque lessivage, certains éleveurs ont recours au bâchage. Plus secs, les fumiers de brebis sont, dans certains cas, mélangés aux raclages des lisiers pailleux.

compostage

Le compostage du fumier rend plus fluide la matière organique à l’épandage.

« Le mélange permet de faire monter en température la matière organique pour pouvoir ensuite la composter plus facilement », souligne Gabriel Colombo, chef de culture sur l’exploitation du lycée agricole de Port-sur-Saône et chauffeur d’une des composteuses de la Cuma de L’île Verte. « L’idéal est de composter un fumier frais et de l’épandre rapidement ensuite pour profiter d’une action plus efficiente. » Hervé Py, le second chauffeur, précise que « dans tous les cas, il faut que le fumier soit suffisamment déchiqueté pour que les couteaux du composteur le laminent bien et que la machine tire moins sur le tracteur. »

6 000 minutes de rotor par an

La cuma dispose de deux machines Ménart de 4,80 m de largeur de travail. La première a été achetée 38 000 € en 2004 et la seconde 47 000 €, quatre ans plus tard. « Aujourd’hui, en 5 m de large, le montant d’une composteuse s’élève à 123 000 €, indique Stéphane Langondet, trésorier de la cuma de l’Ile verte. Heureusement que nous pouvons bénéficier d’une subvention à hauteur de 55 % de l’investissement pour nous permettre d’en remplacer une prochainement. »

Aujourd’hui, la cuma facture 2,50 € la minute de rotor soit 150 €/h de compostage (avec un minimum annuel de 20 minutes facturé). Ce montant intègre la prestation de service des tracteurs avec chauffeurs (50 €/h) ainsi que le prix de revient de la composteuse (100 €/h). Même si depuis quelques années certains éleveurs sont passés d’un système d’aires paillées à des logettes, la quantité de fumier à composter reste pratiquement la même.

« Sur l’ensemble de la cuma, nous compostons, par machine, 6 à 7 km de tas de fumier », indique Michel Champenoux. « Certaines années, nous approchons les 10 km. Nous comptons deux tonnes de matière organique par mètre linéaire. Chaque machine travaille en moyenne 6 000 minutes par an. » Pour des raisons qualitatives, la configuration du tas de fumier a de l’importance. Il ne doit pas être trop gros pour permettre à l’air de circuler et éviter son tassement.

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