« À l’origine, ce projet est né via le syndicat de la fourme, avant que la cuma de Roche ne prenne le relais. Nous avions souhaité proposer un bilan du système fourrager aux exploitations qui le désiraient », rappelle Thomas Tissier, président de la cuma de Roche, et éleveur laitier pour la fourme de Montbrison et la fourme d’Ambert. En réalisant ce diagnostic de toutes les plantes qui étaient dans les prairies permanentes multi-espèces, le résultat a fait apparaître une richesse de plantes locales, qui résistaient mieux aux problèmes de sécheresse. D’où l’idée de récolter des graines de ces prairies permanentes, très diversifiées et en très bon état. Retour sur la création de la brosseuse à graines de la cuma de Roche.
Création de la brosseuse à graines : elle permet de faucher en même temps
En effet, pour réensemencer une prairie naturelle, la principale solution est l’achat de graines dans le commerce. Des mélanges de semences chers et souvent produits dans des sols, à une altitude et avec un climat différent. Résultat : ces mélanges de graines ne sont pas toujours adaptés aux prairies locales. Avec la récolte de ces graines locales, les agriculteurs font donc des économies. En luttant plus efficacement contre la sécheresse ou les dégâts de gibiers.
« Nous avons alors pris contact avec le lycée Agronova de Précieux, en leur expliquant que l’on souhaitait une brosseuse qui permettait de faucher en même temps », explique Thomas Tissier. Un défi que Ludovic Chambon, professeur au lycée agricole, a relevé, avec une classe de BPREA, puis pour la fin du projet avec des élèves en Bac Pro. « Tout de suite, le professeur et les étudiants ont dit banco ! D’une part, ils étaient contents que l’on pense à eux, ensuite, ils ont pu mener un projet de façon collective, de A à Z, avec l’appui de trois agriculteurs qui ont suivi les étapes de la construction.

La brosseuse a été créée à partir de matériels existants. Les étudiants ont conçu, plié, soudé et adapté les matériaux pour créer cette machine. (©Entraid Medias)
Conception, soudure, pliage…
Les étudiants ont alors fait tous les croquis. L’attelage a été récupéré grâce à un don d’une faucheuse pendulaire. Ils ont récupéré le châssis, l’ont renforcé, rallongé. Conception, soudure, pliage… Autant d’étapes qui, à en croire les étudiants, ont été autant d’occasions d’apprendre. Mais aussi d’échanger, à l’image du fonctionnement que peuvent connaître les cuma.
Au final, la brosseuse à graines a été testée en 2022 sur quelques parcelles. Elle s’adapte au relief, peut être attelée devant ou derrière, et lorsque la fauche est sur 3 m de large, on peut récolter les graines sur 1,80 m, de façon à laisser une partie de la semence en prairie. « Avec ces premiers tests, tout le monde a été satisfait, et pour ma part, sur 2 000 m², j’ai ramassé environ 100 kg de graines », confie Thomas Tissier.
Une machine prometteuse au service des agriculteurs locaux
L’an dernier, la météo a été trop complexe avec seulement deux ou trois fenêtres météo pour faire les foins. Cela n’a pas joué en faveur d’une utilisation très intense de la brosseuse. En revanche, en 2025, Thomas Tissier l’assure, la cuma va mettre un coup de projecteur sur cet équipement. Comment ? En organisant notamment une mise en route de la machine qui, à terme, pourrait profiter à une soixantaine d’agriculteurs de la région.
Cette expérience restera un moment d’échanges privilégiés entre les étudiants et les adhérents de la cuma. D’ailleurs, pour aller plus loin, Thomas Tissier est déjà intervenu dans un établissement scolaire. Le but : retracer ce projet innovant et sensibiliser les jeunes à l’intérêt d’intégrer les cuma. « Si on veut avancer, il faut investir dans les projets collectifs, car à plusieurs, on est plus fort », conclut le président de la cuma de Roche.
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