La culture maya s’essaye à l’élevage vendéen pour doper la protéine

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La culture maya s’essaye à l’élevage vendéen pour doper la protéine

L’essai maya 2016 en Vendée se fait sur une parcelle où les éleveurs visent habituellement 16 t MS/ha en maïs irrigué. Á l’ombre de la céréale, la légumineuse a eu un développement végétatif intéressant, certainement influencé par la disposition en rangs jumeaux.

Le rendement d’un maïs, avec bien plus de protéines. La promesse est intéressante sur le papier. Pour confirmer l’espoir et commencer à évaluer la faisabilité d’une telle culture, un essai d’association maïs – soja, semée en Twin-row est conduit en Vendée.

C’était surprenant, donc ils ont poursuivi l’expérimentation. En Vendée, le groupe de développement centre et côte, marais et Vie teste cette année une culture de maya, comprendre : « association de maïs et de soja ». L’an dernier, sur des bandes d’essai d’une dizaine de mètres, « nous avions observé que le rendement, était le même que celui d’un maïs seul », mais avec « un gain de protéines de 38 % », présente Sébastien Clavé, conseiller de la Chambre d’agriculture. Ainsi se justifie l’expérimentation en conditions réelles de production menée cette année sur deux hectares du gaec Vital, à La Chapelle-Achard.

L’itinéraire technique

Précèdent :Ray grass 18 mois
Travail du sol et fertilisation :Rotavator
Labour
Rouleau Cambridge
Engrais en plein : 100 kg de (20-16-0) + 300 kg d’urée 46
Combiné cultivateur (avant) et herse (derrière)
Semis en solo le 9 Mai.
La parcelle a également eu 35 t de fumier de bovin (50 % à l’automne et 50 % au printemps)
Désherbage :En prélevée du Mercantor gold 1,2 l/ha + Prowl 400 2 l/ha

Dans le mélange, « le maïs domine, c’est lui qui fait le rendement. » De ce fait, l’itinéraire est similaire à celui d’un maïs, notamment pour la fertilisation azotée. « L’an dernier, même avec une conduite intensive, les nodosités du soja s’étaient développées. Cette année, on voit que c’est bien aussi de ce côté-là. »

En revanche, le désherbage ne peut pas être calqué sur l’itinéraire technique classique car l’association limite les possibilités chimiques. Rien sur l’essai 2015 et pour cette année il se limite à un « Mercantour + Prowl. » Sébastien Clavé constate : « il faut réserver le maya à des parcelles ou les précédentes cultures de maïs sont restées propres. » Et l’idéal est de pratiquer « un ou deux faux-semis. » Reste enfin la solution mécanique, qui n’a pas été pratiquée dans le champ du gaec. « Le soja densifie la culture et capte la lumière que le maïs laisse passer », mais cet effet étouffant ne compense que très partiellement les limites du désherbage. Ainsi, malgré le développement satisfaisant des deux plantes de l’association, les adventices étaient bien présentes mi-juillet.

Les aléas du stade expérimental

L’implantation est un autre sujet essentiel de l’expérience, puisqu’une de ses originalités est d’avoir semé, en un passage, le maïs et le soja en rangs jumelés. Les avantages sont que les deux espèces bénéficient de la qualité du travail fait avec le semoir monograine et qu’elles se concurrencent moins, tout en couvrant mieux le sol.

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Sébastien Clavé, conseiller de la Chambre d’agriculture, suit l’essai. Il attend désormais le verdict de la récolte (photo prise mi-juillet).

L’entrainement des distributions étant le même, « nous avons utilisé des disques différents » : 18 trous pour parvenir à une densité de 98 000 graines de maïs par hectare, contre 210 000 de soja, densité obtenue grâce à un disque de 40 trous. « C’est un peu faible pour du soja », regrette le conseiller, d’autant que la faune a sévit. Surtout à cause des lapins et des oiseaux, la densité de peuplement du soja doit être tombée à « moins de 140 000 plants/ha. »

Récolté en ensilage

Dans le prolongement du suivi de la culture, les éleveurs prévoient de faire consommer l’ensilage de maya par un lot de bovins suivi en contrôle de croissance. Et pour savoir si l’expérience maya sera prolongée l’an prochain, la récolte et les analyses de fourrage feront également foi, car une incertitude subsiste quant au comportement du soja, et de ses gousses, face au bec Kemper. Les protéines monteront-elles correctement à bord des machines de récolte pour arriver jusqu’au silo ? Rendez-vous à l’automne pour connaître la réponse.

Des envies de maya en moisson aussi

Plus au sud, l’idée d’associer les deux plantes germe aussi. Pour Ivan Alquier, installé dans les Landes, la finalité est une récolte de grains. Dans le département, « on voit de plus en plus de soja. Le climat et les sols se prêtent bien » à la culture économiquement favorisée par la Pac actuelle. « L’an dernier, nous avons eu des rendements parfois supérieurs à 50 q/ha » et sur sa propre exploitation, engagée en agriculture biologique, il a obtenu entre 30 et 35 q/ha. Cette année, son objectif de rendement est à 40 q/ha.
Á titre privé et au stade très expérimental, il s’est donc penché sur une association en semant du soja entre des rangs de maïs sur quelques ares, notamment pour évaluer si l’azote capté profite au maïs. « Pour cette année, ce n’est pas concluant », constate l’agriculteur qui n’avait aucune solution de désherbage. Pour l’an prochain, en serrant les rangs de soja et de maïs, il prévoit de se laisser la possibilité de désherber mécaniquement sa culture expérimentale, pour laquelle la question de la valorisation n’est pas non plus résolue. D’ici là, il aura peut-être trouvé d’autres idées en Argentine, puisqu’il s’y rend cet hiver avec un groupe lié par la Cuma du Born : « j’espère en profiter pour voir ce genre de choses. »

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