Le bâtiment de la cuma des Évoissons : un lieu précieux

Partager sur

Le bâtiment de la cuma des Évoissons : un lieu précieux

Depuis la construction de son bâtiment, la cuma des Evoissons connaît une nouvelle dynamique et s'implique sur son territoire. (©Lucie Debruyne)

La cuma des Évoissons n’est pas peu fière de son bâtiment. Un projet de longue haleine qui permet aux adhérents de se retrouver et qui a donné aussi un nouveau souffle au groupe.

Les masques et trousses de secours dans le grand bureau l’attestent, la cuma des Évoissons est un lieu de rencontre. La veille, une dizaine d’adhérents a pu se former aux premiers gestes de secours. C’est ainsi qu’Hubert Avet, le président, voit son groupe : ouvert et accueillant. Ce n’est en effet pas la première fois que la cuma héberge une formation ou une réunion technique. « On accueille des démonstrations en lien avec des concessionnaires, des rendez-vous techniques de groupes et même des portes ouvertes avec d’autres cuma, explique-t-il. Notre lieu se veut vivant. »

Un projet de 20 ans pour la cuma des Évoissons

Ce lieu, il l’a longtemps attendu. Une bonne vingtaine d’années. C’est le fruit de sa mandature. « J’ai toujours pensé qu’un bâtiment était indispensable pour le développement de notre groupe, admet Hubert Avet. Il a fallu du temps pour mobiliser les adhérents. Car ils voyaient en ce projet un investissement peu rentable. » Mais depuis les premières réflexions il y a 20 ans, les 40 adhérents ont eu le temps de maturer le projet et de le lancer.

Le problème : il n’y avait pas de terrain disponible. « Nous ne souhaitions pas que le bâtiment soit construit sur le terrain d’un adhérent, poursuit le président. Question d’équité dans le groupe. » Un frein qui n’a été levé qu’en 2016, lorsqu’un terrain à bâtir se libère dans la commune de Lignière-Châtelain, dans la Somme.

Le projet reprend alors vie. Objectif : bâtir un hangar de 1 500 m², clé en main, recouvert de panneaux photovoltaïques, équipé d’un atelier et d’une salle de réunion et de bureaux. « Comme pour toute décision, j’ai demandé aux adhérents de voter l’adhésion du projet, se souvient-il. Nous avons eu de justesse la majorité. Mais ce qui est remarquable, c’est que ceux qui ont voté contre, trouvent maintenant le bâtiment trop petit. »

Plus qu’un bout de papier, une identité

Signe de l’adhésion de tous ses membres. Et depuis 2019 et l’achèvement de cette construction, on peut dire que la cuma a changé de dynamique. Elle a accueilli, en même temps que les outils de l’atelier, un salarié mécanicien très autonome. « Il est là 25 heures chaque semaine pour faire l’entretien du matériel, y jeter un œil, effectuer les réparations si besoin. » Il faut dire qu’il peut vite crouler sous les tâches puisque la cuma possède environ 80 matériels différents.

Outre l’emploi de main-d’œuvre, c’est l’état d’esprit des adhérents qui a évolué. « Notre cuma a une identité, c’est un lieu, c’est un bâtiment, souligne Hubert Avet. Ce n’est plus qu’un papier. On partage quelque chose de réel. Maintenant, on vient à la cuma. On n’a plus de limites. Et ça change tout ! »

Parmi les projets, la construction d’un auvent pour mettre à l’abri tous les matériels qui ne le sont pas encore. Mais aussi, « finir la construction de notre salle de réunion, ajoute Hubert Avet. Nous avons tous les matériaux, il manque juste un peu de temps à consacrer pour tout monter. »

La convivialité, la clé de la réussite à la cuma des Évoissons

Le président et les membres du bureau sont attachés à réunir leurs adhérents. « La cuma, c’est aussi la convivialité, admet-il. Sans ce lien festif, on n’emmène personne. C’est aussi ce qui mobilise. » Au-delà d’un bâtiment et du matériel qu’il abrite, il y a aussi des hommes. Et le collectif, Hubert Avet y est attaché. « Le financier est une chose, mais finalement, ce qui nous relie, c’est bien le collectif, fait-il remarquer. C’est humain, nous avons besoin de partager nos idées, nos envies, nos conseils. Et c’est aussi nécessaire que de savoir que l’on peut compter sur son voisin. »

Cet humaniste compare même sa cuma à une famille. « On n’est pas toujours d’accord, on doit partager des objets et des valeurs, tout cela avec de grandes diversités. Certes, seul, on va plus vite, mais je ne pense pas que ce soit judicieux de s’enfermer. On est trop vite tout seul. »

Mobilisation difficile

Toutefois, il le reconnaît, ce n’est pas facile d’embarquer tout le monde. Outre le noyau dur comme il l’aime l’appeler, entendez, le trésorier et le secrétaire, il lui est toujours difficile de mobiliser les adhérents. « Aujourd’hui, nous avons une mise en route d’un matériel, or, il n’y a qu’une dizaine d’adhérents qui est venue », illustre-t-il un peu désarmé. Mais c’est aussi source d’inquiétude pour sa cuma. En effet, l’heure est au renouvellement des générations et du bureau. « Il y a bien des jeunes, mais ils ne veulent pas s’engager », regrette-t-il, à moitié compréhensif. Ce président de cuma est aussi maire de sa commune. Aussi, son engagement s’est fait parfois au détriment d’autres aspects de sa vie.

Pourtant, il n’imagine pas que les cuma puissent disparaître. « Avec la cuma, les agriculteurs ont accès à du matériel performant, neuf et souvent peu onéreux, constate-t-il. Avec le coût du matériel, on ne peut pas faire l’impasse de le partager. » Ce visionnaire essaye d’impliquer ses adhérents dans un modèle en plein essor : les chantiers complets.

Vers davantage de main-d’œuvre

Dans ce sens, la cuma embauche d’ailleurs deux saisonniers pour les chantiers complets d’ensilage, mais il en faudrait un supplémentaire. « Pour le moment, les adhérents s’appuient encore sur la main-d’œuvre familiale, expose Hubert Avet. Mais dans cinq à dix ans, elle ne sera plus là, et les exploitations auront besoin de main-d’œuvre collective pour réaliser les chantiers. Mais aussi proposer un panel important de matériels. » Là, la cuma devra sortir son épingle du jeu… Alors le président devance : « Ensemble, on va moins vite, mais on va plus loin. »

Finalement, ce président, même s’il peut rencontrer des obstacles, finit toujours par arriver à ses fins. Sûrement grâce à son leadership. Le bâtiment en est l’exemple, mais aussi l’acquisition d’une nacelle, récemment. « Personne n’en voulait, se souvient-il. Puis j’ai essayé de démontrer la nécessité de travailler en sécurité. Je n’ai cessé de remettre le projet sur le tapis pendant trois ans. Puis, il y a eu un déclic, on a fini par l’acheter et tous l’utilisent. Je suis beaucoup plus serein de savoir que tout le monde travail en sécurité. » Un vrai papa poule.

La cuma des Évoissons en chiffres

  • 40 adhérents en polyculture élevage ;
  • 80 matériels dont moissonneuse-batteuse, ensileuse, cinq tracteurs, matériel de fenaison, d’épandage, de travail du sol, de transport, bineuse, semoirs et autres petits matériels ;
  • 1 bâtiment équipé d’un atelier, un salarié mécanicien et deux saisonniers.

Pourquoi cette histoire ?

Hubert Avet, président de la cuma des Évoissons est de ceux qui mènent leur cuma dans des projets visionnaires. Il y a vingt ans, l’idée de construire un bâtiment était une chimère. Aujourd’hui, il apporte une tout autre dynamique.

Mais au-delà de ces projets, l’humain est au centre des préoccupations de ce président dévoué à la tâche. On vous le présente ?

Des activités et des adaptations

La cuma des Évoissons a dû adapter plusieurs fois ses activités. Si l’ensilage reste en toile de fond, d’autres chantiers ont dû évoluer. La manutention, avec un télescopique, a pendant une vingtaine d’années attiré de nombreux adhérents. Elle a fini par s’essouffler en même temps que chaque agriculteur a pu s’équiper individuellement.

Même résultat avec le matériel destiné à la culture du poireau qui s’est présentée comme une belle opportunité pour la cuma pour l’acquisition de matériel bien spécifique. Mais celle-ci s’est vite transformée en difficulté au fur et à mesure que la filière n’était plus rémunératrice.

Pour plus d’information, retrouvez aussi ces articles sur www.entraid.com :

Sélectionner deux matériels de la même famille pour les comparer