Cuma du Chenin : portes grandes ouvertes aux non-issus du milieu agricole

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Cuma du Chenin : portes grandes ouvertes aux non-issus du milieu agricole

À la cuma du Chenin, huit administrateurs sur dix ne sont pas issus du milieu agricole.

Proposant des prestations complètes avec matériels et chauffeurs, cette cuma située en Indre-et-Loire favorise l’installation de jeunes adhérents viticulteurs, en majorité non issus du milieu agricole.

Les cuma s’ouvrent de plus en plus aux non-issus du milieu agricole (nima). À l’image de la cuma du Chenin. Située en Indre-et-Loire sur l’appellation AOC Montlouis-sur-Loire, cette cuma a été créée en 2001, essentiellement par des vignerons issus du milieu agricole. Les premiers matériels achetés étaient un enjambeur avec l’équipement d’entretien de la vigne tel qu’un broyeur, une rogneuse, une effeuilleuse et une machine à vendanger. 

Les non-issus du milieu agricole majoritaires dans la cuma

Aujourd’hui, après 22 ans d’existence, les adhérents non issus du milieu agricole sont majoritaires, puisqu’ils sont 12 sur 16, avec des surfaces oscillant entre 2 et à 13 hectares, de petites superficies ne permettant pas de s’équiper seul. En outre, l’une des problématiques récurrentes des exploitants viticoles est de parvenir à trouver de la main-d’œuvre qualifiée. L’embauche d’un salarié en cuma, afin d’effectuer les traitements, a offert l’opportunité à plusieurs jeunes, issus d’autres horizons professionnels ou géographiques, de s’installer en tant que viticulteurs, sans disposer des moyens nécessaires pour s’équiper ou avoir un collaborateur. 

Des prestations complètes avec trois salariés 

Précisons qu’avec deux salariés à temps plein en CDI et un troisième en CDD, auxquels s’ajoutent 200 heures d’assistance administrative de la frcuma, la cuma ne propose que des prestations complètes. La principale concerne le traitement des vignes effectué avec deux tracteurs enjambeurs Grégoire G4. Utilisés en polyvalence, ils sont complétés par un troisième tracteur enjambeur Loiseau, équipé pour effectuer les travaux de rognage, de prétaillage, de broyage, d’effeuillage et de travail du sol. 

Organisation attractive pour les non-issus du milieu agricole

Salarié à la cuma depuis 2020 et -responsable d’équipe, Issac en détaille l’organisation : « Nous faisons tous les travaux chez nos adhérents avec nos trois tracteurs. Nous nous sommes équipés de deux tracteurs enjambeurs Grégoire G4 similaires, ayant les mêmes porte-outils frontaux ascenseurs et entre-roues, afin d’offrir plus de polyvalence et de réactivité. Par exemple, nous arrivons à traiter une centaine d’hectares répartis sur plus de 140 parcelles distantes d’environ 20 km en deux jours seulement, avec un programme commun pour les 16 adhérents engagés en agriculture biologique ou en conventionnel. Cela permet de gérer les ZNT plus simplement. »

Les adhérents ne prennent pas le matériel sans les salariés. Mais ils peuvent faire l’inverse, grâce au groupement d’employeurs créé en 2021. Ce dispositif rend possible la mise à disposition de collaborateurs de la coopérative pour environ 1 400 heures réparties sur les
16 coopérateurs. Cette solution séduit ces nouveaux viticulteurs pour qui l’intégration à la cuma du Chenin s’inscrit comme une évidence, au même titre que leur implication dans son fonctionnement. D’ailleurs, huit administrateurs sur dix ne sont pas issus du milieu agricole.

Une organisation par commission

« La cuma vient de réaliser un audit de fonctionnement, afin d’identifier des axes d’amélioration (DiNA cuma), complète Bertrand Jousset, trésorier de la cuma. Cela a conduit à passer d’un schéma classique (bureau / conseil d’administration) à une organisation en commissions thématiques (travail du sol, traitement, etc.). Celle-ci facilite l’implication des nouveaux adhérents grâce au travail en petits groupes ». Bertrand veille à organiser régulièrement des rencontres et des conseils d’administration. La cuma met aussi en place de nombreuses activités qui fédèrent les adhérents. Cette initiative facilite les échanges de bonnes pratiques, tout comme la mise en place de chantiers de solidarité et d’entraide. Cela simplifie l’installation de nouveaux viticulteurs, rassurés par l’existence d’une telle organisation collective. Ils savent qu’ils seront épaulés et soutenus, en cas de difficultés inattendues.

Tours antigel et bâtiment photovoltaïque

Récemment, la cuma a investi dans des tours antigel pour un petit groupe, afin de lutter collectivement contre le gel. « Maintenant, nous avons acquis un terrain, afin de pouvoir disposer de notre propre bâtiment de 500 m2 avec panneaux photovoltaïques, détaille Frantz Saumon, président de la coopérative. Il servira pour ranger le matériel, mais aussi pour avoir un atelier et un espace de convivialité pour nos salariés et adhérents, avec salle de réunion ». Une initiative de plus pour favoriser l’intégration de nouveaux viticulteurs. Les demandes d’adhésion à la coopérative, en augmentation, témoignent du bien-fondé de la politique mise en place par le conseil d’administration. Cela oblige aussi les administrateurs à augmenter le parc matériel, voire à refuser certaines adhésions.

Sans la coopérative, la plupart des domaines à vendre n’aurait pu être repris avec de petites surfaces. Ils auraient peut-être été rachetés pour l’agrandissement d’exploitations existantes ou par des négociants en vin. Conséquence : le nombre d’adhérents à la cuma du Chenin aurait stagné, voire diminué. La viticulture artisanale a encore de beaux jours devant elle en bord de Loire et notamment à Montlouis-sur-Loire.  

Laura David, vigneronne : « Un véritable lieu d’échanges »

« Je ne suis pas issue du milieu agricole ou viticole, pas plus que du secteur de Montlouis-sur-Loire, indique Laura David. Lorsque je me suis installée sur sept hectares, la cuma du Chenin a tout de suite accepté mon adhésion, avant de me suivre pour deux hectares supplémentaires et d’accompagner ma conversion en agriculture biologique. Intégrer la coopérative m’a également permis de limiter mes investissements, car je n’avais pas l’apport nécessaire. Ainsi, j’ai pu également avoir accès à du ­matériel récent et à moindre coût, même en prestation. Mais le plus important est d’avoir réussi mon intégration ici et de rencontrer d’autres vignerons.

cuma du Chenin

Jeune viticultrice adhérente à la cuma, Laura David a été accompagnée dans sa conversion en agriculture bio. (©Viamo)

C’est un véritable lieu d’échanges qui permet de mûrir, au sein d’un collectif. Seule, je n’aurais pu monter aussi rapidement en compétence technique. Avec un autre administrateur, je suis également responsable de la commission salariés. » Aujourd’hui, tous les adhérents ont ­accès à de la main-d’œuvre qualifiée, via des prestations de conduite. Ils peuvent aussi bénéficier de l’intervention des salariés directement sur l’exploitation adhérente, par le biais du groupement d’employeurs.

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