Le désherbage mécanique au banc d’essai

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Le désherbage mécanique au banc d’essai

Le maïs et le tournesol bénéficient du désherbage mécanique, en bio comme en conventionnel.

Le désherbage mécanique représente une technique bien implantée en Nouvelle Aquitaine, en bio comme en conventionnel. La météo, la nature des sols et le manque d’informations pèsent toutefois sur son essor.

Une enquête menée dans le cadre du projet TANDEM dresse un portrait détaillé du désherbage mécanique en Nouvelle Aquitaine. Le maïs et le tournesol s’avèrent les cultures souvent citées comme faisant l’objet d’un désherbage mécanique, en bio comme en conventionnel. Le blé tendre et le soja trouvent également quelques citations en conventionnel, en plus du bio.

Maïs bio, deux stratégies différentes

En maïs bio, l’itinéraire dominant comprend un passage de herse étrille en prélevée et un binage entre les stades 6-7 et 8-11 feuilles. Entre ces deux stades, à 1-3 feuilles, certains réalisent un second hersage, tandis que d’autres débutent les binages. Une autre approche consiste à faire suivre le hersage à l’aveugle d’un passage de houe rotative à 1-3 feuilles, puis d’attaquer ensuite les binages.

avis outils désherbage mécanique TANDEM

La bineuse reçoit la meilleure note en conventionnel (Conv.) comme en agriculture biologique (AB). Source : enquête TANDEM.

Maïs conventionnel, priorité à la bineuse

En maïs conventionnel, les agriculteurs commencent par un ou deux herbicides, positionnés selon les cas avant le semis, en prélevée ou au stade 1-3 feuilles. La bineuse est alors majoritairement outil de désherbage mécanique. Elle passe à l’étape 4-5 ou à 6-7 feuilles. Mais un quart des agriculteurs effectuent un désherbage chimique de rattrapage à 4-5 feuilles, réservant le binage pour plus tard.

La météo complique le désherbage mécanique

Pour tous les producteurs de maïs, la météo constitue la principale difficulté. En effet, elle influe sur l’état hydrique des sols et donc sur la durée des fenêtres d’intervention. En bio, la seconde difficulté la plus citée concerne le stade du maïs, avec des plantes sensibles au stade 1-3 feuilles.

avis d'utilisateurs sur les outils de désherbage mécanique TANDEM

Synthèse sur l’appel au désherbage mécanique pour différentes cultures (source : enquête TANDEM). DM : désherbage mécanique ; AB : agriculture biologique ; Cv : conventionnel.

Problèmes de vivaces

Le quatuor chardon, liseron, rumex et chiendent regroupe quatre vivaces à problèmes pour tous les producteurs de maïs. Il s’y ajoute le souchet en bio. Les graminées et dicotylédones arrivent ensuite en termes de gravité. Les espèces citées diffèrent selon qu’ils sont en bio ou en conventionnel.

Pas de difficultés pour le désherbage mécanique

Si on considère l’ensemble des cultures, «Plus de la moitié des agriculteurs déclare ne pas rencontrer de difficultés à la mise en œuvre du désherbage mécanique, indique Louise Debondans, qui a conduit l’enquête. Il s’agit tout de même de pratiques qui requièrent un certain savoir-faire et de bonnes conditions (météo, sol, réglages, etc.) pour la réussite».

origine eds outils de désherbage mécanique TANDEM

La matériel de désherbage mécanique n’appartient pas toujours à l’agriculteur. Source : enquête TANDEM.

Nature et sol et savoir-faire

La nature du sol arrive en premier dans les facteurs de difficulté cités, et notamment un fort taux d’argile, de la battance ou des cailloux. Autres préoccupations, d’une tout autre nature: le manque d’informations sur la mise en œuvre du désherbage mécanique (densité de semis, période d’intervention, réglage des outils…). Les agriculteurs interrogés se tournent d’abord vers des collègues pour trouver des réponses. Par ailleurs, les agriculteurs ayant répondu à cette enquête possèdent le plus souvent leur matériel de désherbage. Mais, fait intéressant, ils sont néanmoins un bon tiers à faire appel à une cuma ou à la copropriété. Précisément 36% en bio et 38% en conventionnel.

Bientôt un référentiel ouvert à tous

Ce questionnaire en ligne a été complété par 335 agriculteurs, dont 200 pratiquant le désherbage mécanique, et 60 conseillers, de toute la région Nouvelle Aquitaine. Le projet TANDEM (transfert adapté novateur en désherbage mécanique) a pour objectif «de doter les agriculteurs, conseillers et établissements agricoles de contenus et de références locales adaptés à leurs contextes pédoclimatiques pour faciliter le développement du désherbage mécanique en Nouvelle Aquitaine, indique Louise Debondans. Il aboutira à la création d’un référentiel à l’échelle de la région d’ici 2022 en libre accès et composé de fiches techniques, de vidéos de démonstrations, de témoignages, etc». Des vidéos témoignages sur différentes méthodes de désherbage figurent d’ores et déjà sur cette chaîne.

Ce projet CASDAR est conduit par les Chambre d’Agriculture de Nouvelle-Aquitaine, les fédérations de cuma 79 et 640, et Agro Smart Campus. A suivre!