[Vrai ou faux] 6 idées reçues sur la méthanisation

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[Vrai ou faux] 6 idées reçues sur la méthanisation

Lors de l’assemblée générale de la fédération des cuma Normandie Ouest en février, la SAS Agri métha groupe des marais a ouvert les portes de son unité de méthanisation (© Cécile Julien).

Une visite de l’unité de méthanisation SAS Agri métha groupe des marais, à Picauville (50), a été l’occasion de tordre le cou à quelques idées reçues à propos de cette production d’énergie renouvelable.

Retour sur les idées préconçues autour de la méthanisation en France avec Gary Lucarelli (Aile) et Madeleine Bréguet de la Chambre d’agriculture Normandie.

1. Il y a assez d’unités de méthanisation en France

FAUX. Dans la loi de transition énergétique, la France a affiché son ambition que 10 % de sa consommation de gaz provienne du biogaz. Ce qui représenterait un besoin de 44 Twh de biométhane.

Aujourd’hui, le biogaz représente aux environs de 3 % de la consommation. D’ici à 2030, la France devra donc tripler sa production de biométhane. À titre d’exemple, le Conseil régional de Normandie s’est fixé un objectif de 400 unités sur son territoire en 2030. Il en compte actuellement 211.

2. La plupart des unités de méthanisation en France n’appartient pas à des agriculteurs

FAUX. Sur les 1.724 installations en fonctionnement au 1ᵉʳ janvier 2024 dans l’Hexagone, 1.478 sont agricoles. Celles-ci sont sur des exploitations ou gérées par des collectifs d’agriculteurs. À l’échelle régionale, 81 % des 211 méthaniseurs en fonctionnement sont détenus par des agriculteurs.

Face au montant des investissements, certains collectifs font appel à des capitaux extérieurs tout en restant majoritaires. C’est le cas avec la SAS Agri métha groupe des marais qui gère l’unité de méthanisation à Picauville. Elle regroupe sept exploitations agricoles et, à hauteur de 20%, un apporteur de capital extérieur qui n’est autre qu’une société d’économie mixte portée par des collectivités départementales.

3. L’injection est plus rentable que la cogénération

VRAI. Les unités en cogénération sont, à ce jour, les plus nombreuses, car c’était la première technologie disponible. Depuis quelques années, les possibilités d’injection du biogaz dans le réseau de transport ont été facilitées.

Les tarifs d’achat font que, quand la localisation de l’unité est à proximité d’une conduite de gaz, c’est l’injection qui est devenue la plus rentable. C’est le mode de valorisation choisi dans la plupart des nouveaux projets. Au niveau national, les unités de méthanisation sont à 50 % en cogénération, 39 % en injection et 11 % valorisent uniquement de la chaleur. Pour les unités agricoles, 58 % sont en cogénération, 39 % en injection et 3 % valorisent de la chaleur.

Les unités qui injectent du biogaz sont généralement plus grandes. Ce sont plus souvent des collectifs qui les portent. En Normandie par exemple, les unités qui font de la cogénération produisent en moyenne 339 GWh. Ceci correspond à l’approvisionnement de 87.000 foyers. Les unités en injection produisent en moyenne 1 kGWh, soit l’approvisionnement de 310.000 foyers. La SAS Agri métha groupe des marais injecte 9 kGWh.

4. Les digesteurs sont remplis de maïs

FAUX. Pour limiter la concurrence entre l’alimentation et la valorisation énergétique, la loi sur la transition énergétique a fixé à 15 % du tonnage annuel des intrants qui peut provenir de cultures principales. Il n’y a pas de limitation pour les cultures intermédiaires, comme les Cive ou les couverts végétaux.

La SAS Agri métha groupe des marais complète l’approvisionnement de sa méthanisation par 7 % de maïs. Ce maïs est produit sur les sept exploitations à l’origine de cette unité collective. Les fermes participantes apportent aussi les Cive, du fumier et du lisier de bovins.

5. Les riverains s’opposent toujours à l’installation d’une unité de méthanisation en France

VRAI et FAUX. S’il y a souvent des montées d’opposants face à un projet de méthanisation, ce n’est pas systématique. La présentation du projet aux riverains, au conseil municipal, la proposition de visite de sites déjà en activité aident à désamorcer les critiques.

La SAS Agri métha groupe des marais a présenté son projet lors d’un conseil municipal, puis directement aux riverains. Ceci a facilité son acceptation.

6. L’emploi pour l’unité de méthanisation va se faire au détriment de la cuma

FAUX. Une unité de méthanisation demande de la main d’œuvre, pour le suivi et la maintenance quotidienne, mais aussi pour l’approvisionnement du méthaniseur et l’épandage du digestat. En fonction de sa taille, des distances entre les exploitations et l’unité, du matériel disponible, chaque groupe trouve son organisation. Des synergies se créent avec les cuma voisines, en termes d’emploi comme de matériel.

La SAS Agri métha groupe des marais travaille avec la cuma de Picauville. C’est la Cuma qui gère l’approvisionnement en lisier. Elle réalise également les ensilages de maïs comme de cive, et elle épand le digestat.

Ce travail supplémentaire a permis l’investissement dans une nouvelle tonne. Ainsi la cuma de Picauville s’est équipée de pendillards à patin. En outre, elle a d’embauché un deuxième salarié. Ce sont des développements qui profitent à tous les adhérents de la cuma.

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