Semis de céréales dans le sec

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Semis de céréales dans le sec

Benjamin Peultier est l'un des principaux utilisateur du semoir de la cuma. Il a semé une bonne partie de ses surfaces de céréales et garde quelques hectares pour semer après la pluie.

Les semis de céréales touchent à leur fin en Lorraine. Si les conditions sont bonnes, les agriculteurs espèrent la pluie pour faciliter la germination des graines. Car pour le moment, elles sont dans le sec...

Pour les semis de céréales, iI aura bien travaillé cet automne. Le nouveau semoir de la cuma du Bois de Cerf située à Houdelmont, en Meurthe-et-Moselle, aura implanté plus de 600 hectares de cultures d’automne.

Semis de céréales dans un sol sec

Arrivé au printemps 2023, le semoir, un Sky Easy Drill HD de 6 mètres, utilisé par la dizaine d’adhérents de la cuma, a été rapidement mis à profit. Juste après la moisson, il a en effet semé plus de 200 hectares de couverts. Et ce mois-ci, il a implanté plus de 400 hectares de céréales. Dans les deux cas, il aura profité du sec et des bonnes conditions pour satisfaire la cuma qui l’a acheté.

« En août, nous avons semé les couverts et le colza dans le sec, se souvient Benjamin Peultier, président de la cuma. Ils ont très bien poussé, profitant des pluies d’août. Et depuis fin septembre, avec le début des semis de céréales, c’est aussi dans le sec qu’il évolue. »

semoir sky drill 6m

Pour le moment, le semoir Sky Easy Drill n’a semé que dans des conditions sèches.

Les agriculteurs peinent à savoir si la stratégie qu’ils ont choisie est la bonne. « On a semé nos blés et orges aux dates habituelles, entre fin septembre et mi-octobre, mais il faut l’avouer, le sol est sec et les grains ne germent pas, fait remarquer le jeune président un peu inquiet. On prévoit de la pluie en fin de semaine, il faut espérer qu’elle soit vraiment là et que l’on puisse voir pousser nos céréales. »

Un semoir qui pèse

D’ici là, l’agriculteur a choisi de garder une quarantaine d’hectares à semer après cet épisode de pluie. Une manière de répartir les risques et espérer implanter les céréales dans de meilleures conditions pour la germination. Et aussi, pour laisser les autres semer.

« On essaye d’avancer au même rythme chez tout le monde, lance le président. Le responsable du semoir a la charge d’organiser les chantiers selon les besoins des adhérents et leur localisation. Cette année, la fenêtre météo est tellement large qu’on a peu d’inquiétudes sur les semis. »

Pour le moment, difficile d’évaluer le travail du semoir. « On peut tout de même faire remarquer que même lorsque le sol est sec, le semoir arrive à planter la graine à des profondeur plus ou moins élevées », tient à faire remarquer Laurent Tallotte, agriculteur et membre de la cuma. Avec ses trémies imposantes et ses six mètres de large, il pèse sur le sol tout en prenant garde de conserver la portance.

Moindre coût pour les semis de céréales et de couverts végétaux

À l’inverse, le semoir semble peiner lorsque le sol est humide ou lorsqu’il devient trop collant dans les cas où il est argileux. Pour les semis de couverts, importants pour les éleveurs qu’ils sont puisqu’ils les récoltent, le groupe est enchanté.

« J’ai fauché mes couverts cette semaine, précise l’éleveur Lorrain. Je suis très satisfait, ils atteignent plus de 4 TMS/ha. » Quant aux colzas, la levée n’a pas été difficile. « Ils ont si bien profité de la pluie d’été que j’ai dû appliquer un régulateur de croissance cette semaine. »

Avant d’acheter ce semoir en cuma, Laurent Tallotte faisait appel à une entreprise pour ses semis. « J’ai réduit mon coût d’implantation et en plus je suis satisfait du travail », avoue celui qui se lance petit à petit dans le semis direct.

Outil tout terrain

Il a d’ailleurs été choisi pour cette raison. « Nous avons deux adhérents qui sont engagés dans l’agriculture bio, poursuit le président. Ils nous font évoluer nos pratiques mais aussi nos besoins. Avec ce semoir, on peut labourer auparavant, comme ne rien faire. Il passe aussi très bien après un déchaumage, le travail à la herse rotative ou un vibroculteur. Finalement, nous avons chacun nos manières de semer et nous les adaptons selon les conditions climatiques et le sol. Cet outil semble assez polyvalent. »

Une polyvalence qui a un prix. Un peu plus 129 000 euros pour ce modèle, sans subventions car au moment de l’acheter, ce type de matériel n’était plus éligible au PCAE. Qu’importe, avec un amortissement sur sept ans et plus de 600 hectares engagés, les dix agriculteurs estiment obtenir un prix de revient à 25 €/ha.*

semoir sky drill

Le semoir demande beaucoup de temps pour les réglages mais une fois faits, le débit de chantier avoisine les 4ha/h.

Avec ce semoir, le groupe a revu son organisation. « Il est assez complexe à utiliser, nous avons donc missionné le salarié de la cuma pour le conduire, explique Benjamin Peultier. Il a suivi une formation d’une journée avec trois autres adhérents pour permettre à ceux qui l’utilisent le plus de pouvoir le conduire. »

Localiser l’azote

Pour augmenter le débit de chantier, les agriculteurs ont choisi de dédier un tracteur équipé de GPS, le Claas Axion 800 de 200 chevaux. « Il n’en faut pas moins », ironise le président. Ainsi, lorsque les réglages sont bien fixés, le chantier peut avancer à plus de 4 ha/h. Avec le tracteur, le GNR, le semis revient à un prix de 35 €/ha.

S’il demande une expertise pour sa conduite, c’est parce que le semoir présente des compétences supplémentaires. « Nous pouvons apporter de l’azote ou des engrais de fond de manière localisée, indique le président qui utilise cette option. Ainsi, nous évitons un passage pour apporter de l’engrais et grâce à la localisation, on divise la dose par deux. »

Les agriculteurs peuvent aussi semer différentes espèces à des profondeurs distinctes. Ou encore couper les tronçons automatiquement. Avec toutes ces options, le groupe a gagné en dynamique. Alors que l’année dernière, le combiné de semis classique de la cuma n’emblavait qu’une centaine d’hectares, celui-ci en fait 600.

« Nous l’avons conservé car il était amorti, admet Benjamin Peultier. Cela nous permet aussi de pouvoir intervenir quand le sol est trop humide ou que la météo nous presse.  » La cuma en garde sous le pied mais cette année, la météo clémente ne devrait pas les obliger à revenir vers leur ancien matériel.

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