Comment les cuma accompagnent-elles la transition agroécologique des fermes ?

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Comment les cuma accompagnent-elles la transition agroécologique des fermes ?

Développer de nouvelles techniques est important pour assurer la transition agroécologique

Pour accompagner les cuma dans l’appréhension de nouvelles techniques agroécologiques, le réseau fédératif cuma prend ses marques. Retour d’expérience de Maxime Lepeytre, conseiller agronome et animateur cuma en Corrèze, qui accompagne les agriculteurs dans la transition.

Accompagner la transition agroécologique des agriculteurs n’est pas une mince affaire. Retrouver sous les hangars de coûteux semoirs de semis direct en partie sous-utilisés… Maxime Lepeytre, embauché depuis 6 mois à la fdcuma de Corrèze, a déjà hélas rencontré ce cas de figure. Après un échec, une partie des adhérents retournent à des méthodes et des outils de semis plus conventionnels. Pourtant, ce n’est pas forcément la technique qui est inefficace, mais plus souvent l’accompagnement et les conditions d’utilisation du nouveau semoir… C’est pour corriger cette dérive que la fdcuma a « profilé » son équipe. Elle s’est adjoint pour cela les services d’une personne compétente dans le domaine agronomique.

Un animateur d’expérience pour la transition agroécologique

Dans son précédent poste à la Chambre d’agriculture de Corrèze, Maxime travaillait sur les changements des pratiques culturales. Il accompagnait les groupes dans les démarches de simplification du travail du sol, la réduction des intrants, la diversification des assolements, l’adaptation des systèmes fourragers aux aléas climatiques… Aux côtés de Cédric Parapel de la Chambre d’agriculture, conseiller en agro-équipement mis à disposition pour la moitié de son temps à la fdcuma, Maxime Lepeytre seconde désormais les cuma dans leur réflexion agronomique.

Le premier intervient sur les outils. Le second sur le lien entre machine et sol. « Lorsque les groupes veulent un renseignement technique sur la conception de tel ou tel semoir, ils sollicitent mon collègue. À l’opposé, si le groupe s’interroge sur le développement du sans labour, alors c’est moi qui interviendrai… » explique le nouvel animateur. Ce dernier tient compte d’abord de la typologie des exploitations concernées et des objectifs de production de chacune d’elles, avant de suggérer quelques clés de raisonnement.

Choisir les bons outils

Il invite à réfléchir, notamment, sur les rotations culturales avec l’alternance entre cultures de printemps et d’automne, de prairies temporaires pour casser les cycles. L’implantation de couverts végétaux permet aussi d’éviter les sols nus facteurs de risques en termes de dégradation de structures de sol, de lessivage ou d’érosion dans les sols pentus, d’atténuation de vie du sol. Le choix du type d’outils  joue également un rôle déterminant dans le travail du sol. Faut-il mieux opter pour des outils à dents ou à disques? Quels semoirs seront les plus efficaces en présence, ou non, de résidus végétaux. En revanche, lesquels seront les plus utiles selon le type de semis (décalé ou simultané), d’espèces pures ou de mélanges…

Maxime Lepeytre en est convaincu : « La tendance est à la diminution progressive de l’usage des produits phytosanitaires et aux alternatives mécaniques. » En parallèle, il observe la diminution de la fertilisation minérale. Cela invite à se pencher aussi sur les mécanismes de fertilité naturelle, biologique, physique, chimique et l’importance de la fertilisation organique. Enfin, les aléas du climat compromettent de plus en plus les espoirs de rendements avec notamment des épisodes successifs de sécheresses estivales qui altèrent les prairies.

Transition agroécologique : à chacun son rythme

Ces mutations obligent à de véritables changements de paradigmes dans la façon de considérer les rapports sol/plante/animal. Mais tous les agriculteurs ne sont pas à égalité sur ce sujet. Certains ont des parcelles plus séchantes ou moins profondes que d’autres. Quelques exploitants ont déjà acquis des expériences et de la technicité sur l’agriculture de conservation ou l’agriculture régénératrice. Alors que leurs voisins n’en sont qu’aux balbutiements ! Différence de générations aussi : la classe d’âge des plus de 50 ans sera focalisée sur les aspects temps de travail et les coûts de production liés aux changements de pratiques culturales.

Alors que les plus jeunes réagiront avec plus d’acuité sur la préservation de l’environnement ou bien encore sur l’agribashing dont ils sont victimes parfois sur les réseaux sociaux. Tous les agriculteurs qui adhèrent aujourd’hui à une cuma n’ont pas les mêmes ambitions dans ce registre. Ils avancent donc à des rythmes différents. Les plus audacieux seront prêts à changer radicalement de systèmes. Alors que d’autres, moins téméraires, essaieront d’avancer par petites touches. Par exemple en essayant sur quelques parcelles la technique du sursemis pour regarnir leurs prairies dégradées. C’est pourquoi, la fdcuma défend un accompagnement des groupes où « l’individuel ne soit pas noyé dans le collectif. »

Accompagnement global plutôt que conseil au cas par cas

Au lieu de prodiguer des conseils au cas par cas, la fdcuma privilégie une approche globale de l’accompagnement. Elle est basée sur les visites d’autres cuma ou exploitations et des interactions entre agriculteurs. C’est plus convaincant que des discours parfois académiques de conseillers ! Dans cet esprit la fdcuma suit un Giee, peut-être un deuxième prochainement. L’enjeu est aussi est que des adhérents ne se mettent pas une pression excessive en se fixant des objectifs inatteignables, résolus à suivre celui qui va le plus loin. Si un agriculteur est confronté à des adventices résistantes, passer un outil sur quelques centimètres de profondeur ne va pas d’emblée chambouler tous le profil pédologique de sa ferme ! « Mieux vaut y aller par petits pas, que par grandes enjambées », conclut Maxime.

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