Quand la Chine fait pleuvoir : un enjeu mondial

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Quand la Chine fait pleuvoir : un enjeu mondial

50 000 personnes travaillent en Chine dans le secteur de la maîtrise des conditions météo.

Pauvre en eau, mais maîtrisant l'atmosphère autour de l'amont des plus grands fleuves de la planète, la Chine a développé de longue date une forte maîtrise des technologies d'ensemencement des nuages, et donc de "précipitations sur commande".

« La Chine est l’une des nations les plus pauvres en eau », son approvisionnement par habitant atteignant un quart de la moyenne mondiale, écrivent les chercheuses française et indienne Marine Guiglielmo-Weber et Amrita Jash, dans une récente note de l’Institut de recherche stratégique de l’École militaire intitulée Les pratiques chinoises d’ensemencement des nuages sur le plateau tibétain.

Ensemencement des nuages en Chine : 46 % des humains concernés

Par contraste, le Tibet, soulignent Marine Guiglielmo-Weber et Amrita Jash, « constitue le berceau des principaux fleuves asiatiques, l’Indus, le Gange, Le Brahmapoutre, l’Irriwaddy, le Salween et le Mékong, qui assurent la subsistance de 3,4 milliards de personnes, soit 46 % de la population mondiale. »

« Toute perturbation de cet écosystème fragile pourrait donc avoir des répercussions considérables sur les pays d’Asie du Sud et du Sud-Est, ainsi que les États situés en aval, notamment l’Inde », résument-elles.

Dès 1956, Mao Zedong appelle les scientifiques du pays à travailler sur des technologies de modifications de la météo à des fins agricoles. Le premier essai d’augmentation des précipitations est effectué en 1958. Depuis, les moyens alloués et la maîtrise ont été croissants.

Aujourd’hui, l’Empire du Milieu s’enorgueillit de trois expériences monumentales en la matière : « l’ensemencement des nuages dans six provinces du nord-ouest de la Chine, une autre dans quatre autres provinces. Et le fameux programme « SkyRiver » (« Rivière du ciel »), dont « l’objectif est d’intercepter la mousson indienne au-dessus du plateau tibétain, et d’en diriger une partie vers le nord, en particulier le bassin aride du Fleuve Jaune, afin d’augmenter l’approvisionnement annuel de 5 à 10 milliards de mètres cubes. »

Les efforts déployés sont considérables. Citant un article de l’administration météorologique de Chine, les chercheuses décrivent la construction du « plus grand système complet d’observation météorologique du monde« , comprenant :

  • 7 stations atmosphériques de fond ;
  • 70 000 stations météorologiques au sol ;
  • 120 stations de haute altitude ;
  • 242 radars météo de nouvelle génération ;
  • 7 satellites FengYun en orbite.

Dès 2018, la même administration décrivait six centres régionaux de modification du temps. Ce sont 50 avions, 8 200 systèmes de fusées et 50 000 personnels dédiés.

L’Inde inquiète

« La modernisation météorologique est envisagée comme un moyen de relever simultanément les défis climatiques et écologiques, tout en soutenant le développement économique », soulignent les chercheuses.

À titre d’illustration, dès 2010, le plan de défense météorologique vise à réduire de 50 % le nombre de victimes de catastrophes climatiques. Mais aussi, à ramener les pertes qui en découlent au PIB.

Toutefois, au vu de l’historique sur la construction des barrages chinois, et de l’implication des structures militaires chinoises dans ces projets météorologiques, le voisin indien observe avec inquiétude le développement de ces technologies et infrastructures.

Pourquoi on parle de l’ensemencement des nuages en Chine ?

En Europe, la France est le pays le plus actif dans le domaine de la modification des conditions météo. Notamment pour l’atténuation des risques de grêle.

Mais elle paraît bien en retard eu égard à l’investissement chinois.

Pourquoi et comment ?

Deux catégories de modifications du temps :

  • Celles destinées à prévenir et atténuer l’intensité d’événements météo extrêmes ;
  • L’augmentation des ressources en eau pour l’agriculture et l’énergie.

On peut y ajouter celles « de confort », destinées à assurer ciel bleu et air pur à certains événements. Cela a été le cas pour les JO de Pékin en 2008.

La Chine utilise pour cela soit des avions, soit des fusées. Voire des cheminées automatisées et télécommandées, ensemençant les nuages sur la base « des données d’un système de surveillance atmosphérique » comme c’est le cas sur le plateau tibétain.

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