Les fermes herbagères sont moins impactées par la hausse des coûts

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Les fermes herbagères sont moins impactées par la hausse des coûts

La « stratégie valeur ajoutée » sur laquelle repose les systèmes d’élevage autonomes et économes permet aux fermes d’être résilientes vis-à-vis des prix de l’énergie.

Face à un prix de l’énergie en perpétuelle augmentation, les fermes herbagères sont moins impactées. Le pôle Agriculture durable Grand Ouest du réseau Civam consacre une étude sur ce sujet. Extraits.

Le prix du gazoil non routier (GNR) ne cesse d’augmenter depuis le deuxième trimestre de 2020. Jusqu’à atteindre 1,17 € HT/litre en mars 2022 contre 0,37 €HT/litre en avril 2020. Soit une augmentation de 216 % en deux ans. C’est ce que le pôle Agriculture durable Grand Ouest du réseau Civam relate dans son observatoire des systèmes bovins laitiers. L’augmentation du prix de l’énergie n’est pas sans conséquences sur le coût des aliments, des engrais et des amendements.

Les processus biologiques pour davantage de résilience

Entre 2020 et 2022, le coût des concentrés de production a augmenté de 44 %. Celui des engrais et des amendements de 113 %. Au-delà du contexte actuel de la guerre en Ukraine, c’est bien à une hausse continue des coûts énergétiques que les systèmes de production devront s’adapter.

Les fermes en agriculture durable (AD) reposent sur une « stratégie valeur ajoutée ». Objectif : dégager plus de richesse pour un même produit en consommant moins d’intrants et de services.

Pour ce faire, elles mobilisent davantage les interactions biologiques pour réduire leur consommation d’énergies fossiles. A l’inverse, le système laitier moyen est caractérisé par une « stratégie volume » avec un objectif de maximisation des produits.

Quitte à consommer beaucoup, faisant ainsi appel à des flux importés d’engrais, de semences, de mécanisation, de carburant, de pesticides, d’aliments transformés… donc d’énergies fossiles !

39% de fioul en moins dans les fermes herbagères

En moyenne entre 2017 et 2019, les fermes de l’échantillon RICA consomment 11 080 litres de fioul par an. Contre 6 760 l/an pour les fermes AD non bio, soit 39 % de moins. Rapporté à l’hectare, cet écart est réduit à 31 % avec 119 l/ha de fioul pour les fermes de l’échantillon RICA et 82 l/ha pour les fermes AD non bio.

En moyenne sur 10 ans, la charge représentée par les énergies directes (énergies brutes consommées par la ferme) que sont l’électricité, le carburant et le lubrifiant est de 8 260 € pour les fermes de l’échantillon RICA contre 4 800 € pour les fermes de l’échantillon AD non bio, soit 42 % de moins.

Un impact significatif

Cela représente un coût hectare de 90 €/ha pour les fermes du RICA et 62 €/ha pour les fermes AD non bio. Ces énergies directes, dont certaines sont difficilement compressibles, représentent environ 5 % des charges totales quel que soit l’échantillon. Elles ne prennent pas en compte les énergies directes déléguées : cuma, Eta…

En considérant l’augmentation vue précédemment de 216 % du GNR et une augmentation de 10 % de l’électricité, ces charges représenteraient alors 11 % des charges courantes pour les fermes du RICA et 10 % pour les fermes AD non bio.

Quant aux énergies indirectes (énergies consommées pour la production et le transport des intrants utilisés sur la ferme) consommées par les fermes via leurs achats d’intrants (engrais, aliments…), l’impact est plus significatif.

En intégrant dans les charges correspondantes les inflations vues précédemment : 44 % sur les concentrés et 113 % sur les engrais et amendements, la part des charges d’engrais et d’aliments dans les charges courantes atteindraient 25 % pour le RICA (contre 20 % en 2020) et 15 % pour les fermes AD non bio (contre 10 % en 2020).

Prix de l’énergie et impact environnemental

Au-delà de représenter une économie, la réduction d’intrants représente également une réduction des impacts environnementaux de la ferme. En effet, l’achat de concentrés pour équilibrer une ration basée sur du maïs ensilage implique, par exemple, la culture de soja sur un autre continent, sa transformation puis son transport jusqu’à la ferme. Autant d’impacts délocalisés qui sont réduits lorsque la ferme est autonome.

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