Taille des haies: le rotor n’est pas le bienvenu

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Taille des haies: le rotor n’est pas le bienvenu

La formation dispensée en Mayenne commence par le végétal et se poursuit par la machine.

La taille traditionnelle avec une débroussailleuse à rotor présente des inconvénients pour une bonne santé de la haie. Des formations aident aujourd’hui les opérateurs à mieux s’y prendre.

La débroussailleuse à rotor fait partie du parc de nombreuses cuma. Avec son bras articulé et ses fléaux ou marteaux, elle a pour avantage de réaliser des tâches d’entretien variées, sur de la végétation herbacée ou arbustive, et cela à toutes hauteurs. Et pourtant, les défenseurs de l’arbre ne l’aiment pas beaucoup.

Des formations en Mayenne

En Mayenne, la Fdcuma organise des formations à l’entretien des haies, en partenariat avec la SCIC Mayenne Bois Energie et la cuma Cepvil. « Cette action se situe dans le cadre d’un objectif de gestion durable du bocage, précise Benoît Bruchet, directeur de la fédération. Les agriculteurs apprennent d’abord comment fonctionne la haie, avant de passer au volet machines. C’est comme pour le semis direct, il faut d’abord revenir aux fondamentaux de l’agronomie avant d’acheter un semoir spécialisé ! ». Le Conseil départemental encourage financièrement l’adoption du sécateur, et l’accord prévoit en retour de former les chauffeurs de cuma à son usage.

Tailler moins souvent mais plus net

Que reproche-t-on au rotor ? « Cet outil éclate le bois, crée ainsi des portes d’entrée pour les maladies et des perturbations pour la repousse. Il faut le réserver à la végétation du pied de haie. Au contraire, le sécateur permet une coupe propre, dès lors qu’on n’avance pas trop vite, tout en pouvant sectionner des branches déjà assez grosses ». Plus d’une dizaine de cuma du département ont ainsi investi 10 000 à 15 000 € pour doter leur débroussailleuse d’un sécateur. Il prend la place du rotor durant une partie de la saison. Benoît Bruchet précise un élément économique : » Nous montrons aux utilisateurs qu’ils peuvent se contenter de passer moins souvent, pour compenser le coût supplémentaire ». Dans cette manière de conduire les haies, on leur laisse en effet prendre une certaine épaisseur.

Donner de l’épaisseur à la haie

Le cahier des charges du Label Haie (AFAC-Agroforesterie), exigeant mais qui fait référence, explique bien cette approche. « Le meilleur allié pour contrôler la végétation en pied de haie est l’ombre de ses arbres. L’effet d’ombrage d’un couvert ligneux dense et haut (branches latérales déployées, arbres de grande hauteur, canopée large, houppier développé) permet à la haie d’exercer une dominance sur la végétation située en dessous créant un écosystème végétal stable. […] Ainsi, en situation bien ombragée, la bande enherbée de bord de champs nécessite peu ou pas d’entretien mais implique de laisser à la haie une certaine emprise sur le champ ».

Seulement les pousses de l’année

Quant aux matériels d’entretien, le même label national s’avère au passage restrictif. « L’épareuse sur les ligneux pour contenir la haie n’est pas interdite dans le cadre du Label Haie mais elle est encadrée. […] Il ne faut couper que des branches de petit diamètre de façon que la plaie soit rapidement refermée. S’il y a passage de l’épareuse ou du lamier, il faut intervenir sur des branches qui ont poussé sur l’année et tailler sans appuyer fortement sur la haie, pour […] ne pas provoquer trop d’éclatements des branches. » Avec modération, donc.

Un lamier pour les grosses branches

La Cuma de Monestiès (Tarn) a investi dans un lamier à scies pour couper les grosses branches qui gênent la circulation des matériels. Les responsables ont trouvé cette solution plus sécurisante que la coupe à la tronçonneuse, perchés dans une nacelle plus ou moins artisanale. C’est aussi un moyen de donner plus d’heures de travail au chargeur télescopique porteur de ce lamier Coup’Eco à quatre scies. « Nous avons des branches jusqu’à vingt centimètres de diamètre, explique le président Bernard Ducros. Après les premiers essais, nous avons constaté qu’il vaut mieux travailler avec deux lames seulement. Ensuite, pour l’entretien plus courant, nous pourrons utiliser les quatre lames, ou même des fléaux. » Le salarié de la cuma a suivi une formation au maniement du lamier. « C’est assez technique, mais aujourd’hui il maîtrise bien l’outil. » Le télescopique roulent en partie sur ce qui vient d’être coupé. Pour les plus grosses branches, il est donc préférable que l’adhérent soit présent pour lui dégager le passage. La cuma de Monestiès a ouvert sa prestation aux cuma voisines. Le tarif s’élève à environ 100 €/h.

lamier sur télescopique cuma de Monestiès

Un équipement complémentaire, pour enlever les grosses branches gênantes.

Pour plus d’information, retrouvez aussi ces articles sur www.entraid.com.

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