Machines agricoles et plaisir ? Un outil, on vous dit !
Premier enseignement : les agricultrices et agriculteurs interrogés n’octroient pas aux machines agricoles un statut autre que celui d’outil. Pour le plaisir pur, on repassera.
Interrogés directement sur « ce qui leur procure le plus de plaisir dans l’utilisation d’une machine agricole », les répondant plébiscitent l’accomplissement du travail (274 répondants ont jugé ce critère au plus haut niveau).

Entraid Magazine a mené l’enquête, en sollicitant les agriculteurs présents sur la toile, sur le thème « Machines agricoles et plaisir ».
Viennent ensuite la « tranquillité » (187), le fait d’être « au milieu des champs » (181). Puis la liberté (168) et « maîtrise technique » (151).
Interrogé de manière plus libre, sur d’autres critères éventuels, le mot qui revient le plus souvent, associé au plaisir, est celui de…. »fiabilité ».
Dit autrement, les machines agricoles procurent du plaisir à la majorité des répondants parce qu’elles leur permettent de les aider à accomplir du « beau boulot », tranquille dans leurs champs, ou leurs étables.
Les machines agricoles ne constituent donc pas un plaisir en soi pour la majorité des répondants, mais via ce qu’elles leur permettent d’accomplir au quotidien… et seuls aux commandes.

Les machines agricoles ne constituent donc pas un plaisir en soi pour la majorité des répondants, mais via ce qu’elles leur permettent d’accomplir au quotidien… et seuls aux commandes
Chouchou
En toute logique, le tracteur est de loin la machine la plus utilisée au quotidien (198 mentions), puis le télescopique (66 occurrences). Le chargeur (souvent associé au tracteur) complète le podium avec 44 mentions.
Une machine « chouchoute »? Le tracteur domine encore davantage sur cette question, suivi une fois encore du télesco et du chargeur. La moissonneuse-batteuse fait une belle percée en 4e position : la machine « coup de cœur » pour une partie de l’échantillon, celle qui représente le moment le plus attendu de l’année : la récolte !
De manière intéressante, l’entretien des matériels agricoles est vécu comme un plaisir pour la majorité des répondants (53,9 %).
Le klaxon « baby shark », on est pour ?
S’il y a une question révélatrice, c’est bien celle de la personnalisation (dite « customisation ») des machines.
Une majorité de répondants ne la pratiquent pas, avec des réactions parfois épidermiques (« c’est complètement idiot », « je ne suis pas un cirque »).
D’un autre côté, 42 % personnalisent, mais surtout de manière utilitaire, avec des modifications techniques, des éclairages supplémentaires, des aménagements pratiques de cabine.
Dans cet échantillon de répondants, la personnalisation esthétique est minoritaire et mal perçue, comme la personnalisation de la couleur de peinture (7 mentions), les autocollants ou drapeaux (2). Elle est surtout considérée comme une « dépense inutile », générant des obstacles à la revente.
Malgré tout, l’échantillon compte quelques enthousiastes, adeptes du « klaxon baby shark » ou de l' »échappement libre ! ». Ironie ou pure passion ? La rédaction n’est pas parvenue à trancher
Ce qui ressort, malgré tout, c’est que la culture agricole française reste très pragmatique et économe. La machine est avant tout un outil de travail, pas un objet de passion ou d’expression personnelle (sauf exceptions). Les dépenses doivent être justifiées par un gain d’efficacité, de confort de travail ou de sécurité.
Machines agricoles et plaisir technophile ? À voir
La technologie, tout comme la customisation, est perçue à travers le prisme de l’utilité. Si les répondants la plébiscitent, c’est à condition qu’elle ramène de la simplicité dans leur quotidien de travail. Alors… à l’avenir, les répondant se voient-ils davantage « chauffeur de tracteur » ou « pilote de robot »? On vous laisse apprécier les résultats dans le graphique ci-dessous. La partie est encore loin d’être gagnée pour les robots, question plaisir en tout cas.

La partie est encore loin d’être gagnée pour les robots, question plaisir en tout cas.
Verdict ?
Selon les résultats de cette première enquête, qui a rassemblé 454 répondants, les machines ne constituent pas le « moteur » du plaisir du métier d’agriculteur. En tout cas, pas celui que l’on décrit souvent. S’il y a d’autres pistes à creuser pour expliquer la surmécanisation des exploitations agricoles françaises, il faut sans doute chercher ailleurs. Par exemple, du côté de la fiscalité. Ou encore des dynamiques commerciales couplant constructeurs et concessionnaires, qui alimentent bien le rythme de renouvellement des matériels, telles que documentées par l’équipe de chercheurs « Politique de la machine agricole ». Nous y reviendrons dans une prochaine enquête.
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