Qui sont les nouveaux agriculteurs d’aujourd’hui ? Les surprises de l’étude AgriNovo

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Qui sont les nouveaux agriculteurs d’aujourd’hui ? Les surprises de l’étude AgriNovo

L'originalité de l'étude AgriNovo, son approche quantitative et un suivi des trajectoires sur le long terme. Crédit: Bednar

Qui sont les nouveaux agriculteurs, au-delà des nombreux portraits mis en lumière dans les médias ?

L’étude AgriNovo de 2025 a permis de quantifier et de qualifier les trajectoires des nouveaux arrivants. Apprenez-en plus sur les nouveaux agriculteurs en 2025.

Nouveaux agriculteurs 2025 : pourquoi cette étude est originale ?


Face au recul constant du nombre d’agriculteurs en France, comprendre qui s’installe aujourd’hui devient crucial. L’étude AgriNovo, menée par l’École supérieure d’agriculture d’Angers, apporte un éclairage neuf et surprenant sur ces nouvelles générations d’agriculteurs. Elle a été coordonnée par la sociologue Caroline Mazaud, avec Antoine Dain, Caroline Leroux et Bertille Thareau.

L’étude AgriNovo va au-delà des catégories actuelles comme « non issus du milieu agricole » (« nima ») ou « hors cadre familial » (« HCF ») pour révéler une diversité plus large des parcours et des pratiques. Son originalité réside dans son approche exhaustiv, mais aussi quantitative des trajectoires de vie (professionnelles, scolaires, résidentielles, familiales et conjugales). Elle entend mieux saisir comment elles façonnent l’exercice du métier agricole.

L’étude AgriNovo a permis de remonter jusqu’à 10 ans avant l’installation des participants pour décrire en détail leurs parcours. « Car la manière dont on devient agriculteur structure la manière dont on exerce ce métier », décryptait Caroline Mazaud le 10 juin 2025 dans une Conférence organisée par le Centre d’Études et de Prospectives du Ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire.

Lire aussi : Nouveaux agriculteurs installés en France : qui sont -ils ?

Topo sur la méthodologie pour déterminer qui sont les nouveaux agriculteurs en 2025

Quantitative, cette enquête d’envergure nationale a collecté des données auprès de 3 397 nouveaux installés en 2018 et 2022.

Un questionnaire détaillé d’une centaine de questions, diffusé en ligne, a permis de recueillir les informations. Ces dernières concernanient l’exploitation, le parcours pré-installation et les conditions d’exercice du métier.

Pour garantir la fiabilité des résultats, l’équipe de chercheurs a redressé l’échantillon en fonction du niveau de diplôme, du genre et de l’année d’installation, assurant ainsi une meilleure représentativité.

Qui sont les nouveaux agriculteurs aujourd’hui ? Principaux résultats

Les premiers résultats de l’étude AgriNovo révèlent des profils d’installés bien plus diversifiés et qualifiés qu’on ne l’imagine.

Les nouveaux agriculteurs sont en moyenne plus âgés (34,7 ans à l’installation), nettement plus féminins (39% de femmes contre 22% pour l’ensemble des exploitants) et surtout plus qualifiés (43% ont un diplôme supérieur, contre 28% pour l’ensemble des agriculteurs).

L’enquête tord le cou à l’idée reçue que la majorité des installés seraient « hors milieu agricole ». Seuls 23% des nouveaux entrants n’ont aucun agriculteur dans leur famille. La réalité est plus nuancée. 74% ont eu des expériences professionnelles non agricoles avant de s’installer. 44% n’ont pas de formation agricole initiale.

Ces « détours » professionnels ou « reconversion » sont désormais très fréquents et sont sources de nouvelles compétences et approches du métier.

L’étude a identifié cinq grands types de parcours d’installation. Ceux-ci influencent directement les pratiques sur l’exploitation. Par exemple, les « reconverti·es » issus des classes moyennes et supérieures sont largement surreprésentés dans l’agriculture biologique (jusqu’à 74% déclarent des pratiques bio) et se définissent souvent comme des « défenseurs de l’environnement ».

En revanche, les « héritiers bien préparés » sont, plus souvent, en production conventionnelle. Côté syndicalisme, les « reconverti·es » privilégient la Confédération Paysanne, tandis que les « héritiers » restent majoritairement à la FNSEA ou aux Jeunes Agriculteurs.

Des conditions d’exercice bien différentes

Un autre résultat clé concerne les conditions d’exercice du métier. Les « reconverti·es des classes moyennes » sont particulièrement exposés à des difficultés économiques, avec une charge de travail élevée et des revenus plus faibles (65% gagnent moins de 500€/mois). « Ils expriment une très forte insatisfaction par rapport à ces stress », soulignait Caroline Mazaud.

À l’inverse, si les « reconverti·es des classes supérieures » peuvent aussi avoir des revenus faibles issus de l’exploitation, ils bénéficient souvent d’autres sources de revenus et d’une plus grande autonomie pour aménager leur temps de travail (prenant plus de congés et travaillant moins le week-end), illustrant une recherche du « métier comme style de vie ».

En somme, AgriNovo montre que la profession agricole n’est plus un groupe fermé. Des lignes de clivage sociales plus larges, au-delà de la simple origine agricole, traversent désormais la profession.

Reste désormais à savoir « comment cette typologie tient dans le temps » concluait Caroline Mazaud, « mais également de quel pouvoir les uns et les autres disposent, comme par exemple dans les instances représentatives des agriculteurs. »

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