Risque-t-on une pénurie de semences en 2023 ?

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Risque-t-on une pénurie de semences en 2023 ?

En semences de maïs, les producteurs se disent démotivés.

Face à une mauvaise récolte cette année et à une concurrence avec d’autres cultures, moins exigeantes et plus rémunératrices, les producteurs français de semences restent perplexes face aux engagements de volumes pour l’année 2023.

Les entreprises semencières françaises vont devoir faire face à deux défis majeurs pour maintenir leurs activités. Tout d’abord, celui de la production de semences. Celle-ci est en baisse cette année de 2%. Va-t-on vers une pénurie de semences en 2023?

Mauvaise récolte et risque de pénurie de semences

En concurrence forte avec d’autres productions moins risquées, les agriculteurs ont délaissé la filière semencière. De ce fait, plusieurs entreprises semencières n’ont pas réussi à placer tous les projets de production.

Les semences de tournesol et celles fourragères semblent être plus impactées avec respectivement des surfaces en retrait de 13 et 10%.

Par ailleurs, les difficultés climatiques de l’année ont dégradé la production de semences. Ce qui ne permet pas de reconstituer les stocks envisagés.

Prix de l’énergie trop élevé

Par exemple, pour le maïs, la production française atteint 60 à 70% de l’objectif, ce qui entrainera même une réduction des stocks lorsque l’on sait que la France représente 50% de la production européenne.

D’autre part, la hausse des coûts de l’énergie utilisée pour le traitement des semences et la production de nouvelles variétés risque de pénaliser la recherche et les programmes de développement.

« La répercussion inéluctable des hausses du coût l’énergie va donc contribuer à l’inflation des productions agricoles mais va aussi entraîner une perte de compétitivité sur les marchés européens », lance l’UFS (union française des semenciers).

Des producteurs démotivés

En Ariège, pour la production de semences de maïs, le cœur n’y est pas.

« Depuis plusieurs années, la production de semences de maïs est tendue », relate Jérôme Sottana, responsable de la production de semences de maïs pour trois semenciers.

Les mauvais rendements de 2022, les difficultés à accéder à l’eau, les concurrences avec d’autres productions incitent les agriculteurs à ne pas s’engager dans la filière.

De plus, la marge de cette production n’est pas très élevée, voire nulle. Les coûts en hausse de l’électricité pour pomper l’eau démotivent encore plus les producteurs.

C’est la rémunération certes, qui pêche, mais aussi un contexte. L’eau, ressource indispensable pour produire du maïs devient trop rare. Les agriculteurs ont subit trop de restrictions cette année pour être certains de produire du maïs durablement.

Juste rémunération des producteurs

« En plus de cela, les agriculteurs ne peuvent pas choisir leurs variétés, il peut y avoir des problèmes de fécondation, ajoute le responsable. Sans parler des difficultés à embaucher de la main d’œuvre. »

Si bien qu’à l’issue d’une enquête nationale, 20% des producteurs de maïs pour les semences se disent prêt à arrêter et 30% d’entre eux envisagent de réduire leurs surfaces de production.

Les céréales à paille ou les oléoprotéagineux les substituent. Ces cultures permettent également de répondre aux contraintes de la nouvelle PAC. Les semenciers français en sont bien conscients et entendent les revendications du terrain.

« Le tout est de bien répartir la valeur sur toute la chaine de production », lance Jérôme Sottana.

Le président de la fédération nationale de la production des semences de maïs et de sorgho, Pierre Pagès l’affirme. « La juste valorisation des semences sera déterminante pour conserver notre souveraineté et assurer la pérennité de la filière. »

Mesures adaptées demandées pour éviter une pénurie de semences

Face à la situation, « les semis 2023, mais aussi potentiellement les semis 2024, seront impactés par une tension sur la disponibilité des semences. À moins que l’année prochaine permette de remonter la pente », alerte l’UFS.

« Depuis plusieurs années, nous puisons dans les stocks, nous allons vers une pénurie de semences de certaines variétés pour les semis », estime Jérôme Sottana.

« Nous avons une dynamique de taille à relancer pour conserver notre excellence indispensable à la souveraineté alimentaire,  prévient Claude Tabel, président de l’UFS. Mais nous avons besoin du soutien des pouvoirs publics pour y arriver »

Il attend plusieurs mesures adaptées concernant l’accès à l’énergie, à l’eau mais aussi un soutien sur l’attractivité de la production de semences.

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