Un bon cru pour la récolte de maïs 2023

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Un bon cru pour la récolte de maïs 2023

Selon l'AGPM, les rendements de maïs s'annoncent bons dans la plupart des régions françaises.

La récolte de maïs s'achève dans les régions françaises. Les rendements semblent prometteurs. De quoi redonner envie aux agriculteurs de cultiver cette plante ?

Elle n’est pas encore achevée, mais on peut déjà annoncer que la récolte de maïs de 2023 sera bonne. « S’il y a eu des craintes à certains stades de développement du maïs, nous avons de belles surprises à la récolte », s’enthousiasme Franck Wiacek, ingénieur chez Arvalis. Pour le moment, les rendements sont estimés à 101 q/ha pour le maïs grain hors semences. Et à 115 q/ha pour du maïs irrigué, contre 92q/ha pour un maïs pluvial. Pour le maïs fourrager, la moyenne est évaluée à 12,76 t de matière sèche/ha.

Retards au démarrage

La campagne de maïs en France a commencé par une période de semis qui s’est étalée, faute de beau temps dans certaines régions. À l’image des agriculteurs d’Occitanie ou encore de Bretagne, qui ont commencé leurs semis fin mars et les ont achevés début juin.

« Forcément avec des semis décalés et avec les températures froides de cette période le développement de la plantule a été ralenti. De plus, les ravageurs étaient nombreux, fait remarquer l’ingénieur. Les taupins, vers gris et corvidés étaient bien présents. » Dans certaines parcelles, les agriculteurs ont pu constater un manque de plantes dans les rangs.

Le temps qui a suivi n’a pas facilité le désherbage des parcelles. « Les luttes chimiques n’étaient pas toutes efficaces, se souvient Franck Wiacek,. Quant au désherbage mécanique, il a fallu plusieurs passages pour obtenir un résultat correct. » Avec peu de pluie, l’azote apporté ne s’est pas minéralisé comme il aurait dû. « Si bien que les rendements auraient pu être encore plus élevés si l’azote avait été bien valorisé », ajoute l’ingénieur.

Bouchons constatés

Par ailleurs, l’eau n’a pas vraiment manqué cette année. Peu de régions n’ont pas eu de précipitations. Quant à l’irrigation, les agriculteurs ont réduit de moitié leur apports d’eau par rapport à 2022. Avec le changement climatique qui s’opère, on observe tout de même des quantités d’eau toujours identiques mais des précipitations qui n’ont plus lieu sur les mêmes périodes.

« En août, les pluies estivales ont été bienvenues, poursuit Franck Wiacek. Elles sont arrivées au moment de la floraison. Elles ont permis un bon remplissage des grains et ont limité les stress à la plante. » Le retard était quasiment comblé.

Retard qui reste quand même notable : d’une dizaine de jours au moment de la récolte. Un peu plus tardives, elles vont s’achever d’ici fin octobre dans la plupart des régions. « On note que dans certaines régions du Nord-Est et plus particulièrement en Alsace, le manque de rayonnement a impacté le remplissage des épis créant un phénomène de bouchons », précise l’ingénieur Arvalis.

Des surfaces en recul

Côté marchés, la France n’est pas le seul pays a profiter d’une bonne récolte de maïs 2023 avec environ 15 Mt de grains produits. Au Brésil, leur production est record et en Ukraine, les disponibilités en grains sont également importantes. Les cours sont donc pour le moment en retrait. Seule éclaircie possible, le phénomène El Niño qui pourrait impacter la récolte brésilienne au premier trimestre 2024 et ainsi faire décoller les prix.

En attendant, les maïsiculteurs ont subi un effet ciseau avec une baisse des cours du maïs (après avoir constaté des prix records) et des prix achats d’intrants records. « Les charges tendent à diminuer, ce qui pourrait permettre aux agriculteurs de restaurer leurs marges », envisage un responsable de l’AGPM (association des producteurs de maïs).

Accès à l’eau, la limite

La filière maïs voit depuis plusieurs années les surfaces diminuer. De 10 % pour les grains et de 4 à 5 % pour le fourrager par rapport à l’année dernière. En 20 ans, la filière a perdu près de 500 000 ha de maïs.

« Les mauvaises récoltes et les difficultés à accéder à l’eau sont pour moi les principales raisons, estime Franck Laborde, président de l’AGPM, qui s’inquiète également de la souveraineté alimentaire de la France. Mais on voit bien cette année que l’innovation rend la plante productive avec de belles performances techniques. » La filière espère donc que cette récolte remotivera certains agriculteurs.

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