Implanter ses couverts pour 6 €/ha

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Implanter ses couverts pour 6 €/ha

Ce sera la deuxième campagne pour les semoirs de couverts végétaux de la cuma de la Roanne.

La cuma de la Roanne située à Maixe en Meurthe-et-Moselle a changé de fusil d’épaule en matière de semis de couverts végétaux. Ils sont passés d’un semoir à semis direct à un semoir à la volée. Le coût est le principal mobile.

Ils sont prêts à repartir dans les champs, c’est l’histoire d’un mois ou deux. Ce sera la deuxième campagne pour ces deux semoirs de couverts végétaux qu’a achetés la cuma de la Roanne. « Nous les avons achetés lorsque nous avons renouvelé nos déchaumeurs, explique Gauthier Laurent, secrétaire de la cuma, mais également responsable de ce matériel. Nous avons décidé d’ajouter sur deux des trois déchaumeurs un semoir à couverts végétaux. »

Changer de méthode pour le semoir à couverts végétaux

Cette décision est le résultat de plusieurs années de sécheresse. En effet, le groupe de huit adhérents essuie plusieurs années des échecs de levées de leurs couverts. « On utilisait auparavant un semoir de semis direct, un Avatar, mais la levée n’était jamais garantie, se souvient le secrétaire. Sans compter le coût d’utilisation qui avoisinait les 40 €/ha. »

Le groupe a alors revu sa stratégie il y a deux ans, lors du renouvellement des déchaumeurs à disques Pöttinger estimés à 35 000 € chacun. En moyennant une option de 10 000 €, le groupe pouvait s’équiper de semoir à couverts végétaux. Calculs de financement réalisés, les agriculteurs estiment le coût d’implantation nettement réduit, à 6 €/ha, lissé sur les trois déchaumeurs. Alors forcément, si les plantes ne lèvent pas, l’enjeu est moindre.

semoir à couverts végétaux avec disque et rouleau

La graine est propulsée entre le disque et le rouleau. Ce dernier vient rappuyer la graine, ce qui lui peut faciliter sa germination.

« La trémie et la soufflerie du semoir viennent propulser la graine entre le disque et le rouleau, précise Rémi Voiry, adhérent de la cuma. Ce dernier vient rappuyer la graine, ce qui peut faciliter sa germination. C’est plus efficace et régulier qu’un semis à la volée par exemple. » L’année dernière, les graines ont germé après être restées plus d’un mois dans un sol sec.

Des petites graines

La technique permet également de mieux respecter la réserve utile du sol. Pour que les graines germent, encore faut-il qu’il y ait de l’humidité. « On a beau avoir le plus beau semoir, si on n’a pas d’eau, on ne peut rien faire, conclut le secrétaire. Avec cette technique, en un passage, la graine est dans le sol. »

Cependant, les agriculteurs ont dû dire adieu aux mélanges d’espèces avec différents calibres de graines. Ils ne sèment ainsi que des petites graines mais mélangées, celles-ci semblent bien résistantes au terroir qui peut être très sec. Les grosses graines sont plus délicates et résistent moins bien à la sécheresse. « On choisit ensemble le mélange d’espèces, précise Gauthier Laurent. L’année dernière, nous avions choisi d’implanter trois types de trèfles, de la vesce et de la phacélie. »

Les objectifs des couverts de ces agriculteurs lorrains sont triples : répondre à la réglementation, apporter de la matière organique pour le sol avec l’azote qu’ils captent, et produire des fourrages si besoin. Pour cela, les agriculteurs implantent leurs couverts une journée après la récolte, le temps de rentrer la paille. Avec le travail du sol entre 4 et 5 cm de profondeur, les Lorrains espèrent réaliser également un faux semis.

Débit de chantier élevé

Pour satisfaire les besoins de chacun, le choix des déchaumeurs à disques est large : 3m, 4m ou 5 m. C’est selon les parcelles, la météo, mais aussi la puissance de traction disponible. « En moyenne, près de 5 000 ha de céréales sont déchaumés avec le matériel de la cuma, comptabilise le secrétaire. Chacun s’engage selon sa surface en céréales et oléo-protéagineux (Scop). Cela correspond bien aux besoins des adhérents. Cela apporte de la souplesse. »

Si le groupe arrive à des coûts d’implantation si faibles, c’est grâce aussi à un débit de chantier élevé. Au lieu de semer à 6-8 km/h avec un semoir de semis direct, on la double presque avec le déchaumeur équipé de semoir. À ce matériel performant, la cuma a décidé d’y atteler le semoir à un tracteur dédié. Cela évite de perdre du temps à le dételer et l’atteler, mais aussi à réaliser les réglages.

« Pour cela, il faut avoir une bonne organisation entre nous, relève Rémi Voiry. Nous avons la chance d’avoir un territoire assez large avec des différences de maturité des plantes. Cela nous permet d’étaler les périodes d’utilisation. » Satisfait de leurs méthodes, le groupe pense renouveler leur matériel dans un an, afin d’éviter les frais d’entretien et de casse.

Avec un coût d’implantation de 6 €/ha, les agriculteurs de la cuma de la Roanne évitent d’être dans la panade face à la sécheresse. « On répond à la réglementation, ajoute Gauthier Laurent. Car malheureusement, les semis de couvert n’ont un réel intérêt que lorsqu’il pousse. » Le climat reste la limite.

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