Et le portrait brossé n’est pas des plus riants. Le sociologue François Purseigle, porte-étendard d’un collectif de chercheurs dont le travail est de caractériser les mutations du monde agricole français, a dessiné à grands traits l’évolution de la « ferme Sud-Ouest ».
Des agriculteurs plus âgés, une rentabilité des exploitations moindre
Cette « ferme Sud-Ouest » se situe aux avant-postes du défi démographique, avec un vieillissement plus accentué que dans les autres régions.
Globalement, les exploitations d’Occitanie et de Nouvelle-Aquitaine sont engluées dans une crise d’identité forte. Elles sont aussi peu rentables, notamment car elles sont pénalisées par un sous-équipement pour aller chercher de la valeur (typiquement, la fermeture des abattoirs).
C’est d’ailleurs particulièrement vrai pour certaines zones d’élevage.
Mais pas partout !
François Purseigle nuance son propos en pointant certaines zones plus dynamiques : c’est le cas des zones de montagne et de certains secteurs qui ont réussi à sortir des contours de l’exploitation familiale pour se complexifier.
Cette complexification provient, selon le chercheur, de la capacité de ces exploitations à se « poly-spécialiser », c’est-à-dire « à aller chercher de la valeur sur un segment » de produits.
L’étude AgriDinamo, dont les résultats ont été dévoilés récemment, pointe vers les installations de chefs d’exploitations plus âgés sur des exploitations à visée davantage « patrimoniale ». Et les plus jeunes sur des projets plus « entrepreneuriaux » ou « transformatifs », avec la volonté de faire évoluer les pratiques.
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Sous-investissement territorial, surinvestissement dans les exploitations
Un problème de valeur : diagnostic que confirme Yannick Carel, chargé d’études économiques chez Arvalis, qui à l’examen des données du Réseau d’information comptable agricole, souligne également la problématique générale de rentabilité des exploitations du Sud-Ouest. « Les charges fixes, notamment la mécanisation, y sont aussi très lourdes », a-t-il analysé.

Les Méca-culturales ont vu un public nombreux assister à des démonstrations de matériels. (©Entraid Médias)
Pointant la responsabilité des acteurs industriels et des filières, en termes de financement au service des agriculteurs, François Purseigle s’est vu poser la question de l’autonomie des dirigeants d’exploitations agricoles.
« Le défi, c’est que le Sud-ouest ne devienne pas le Far-West. Mieux vaut faire ces investissements avec des agriculteurs, dont on connaît les préoccupations, qu’avec de nouveaux acteurs. La valeur se déplace, il faut aller la chercher, et donc investir », a appuyé le chercheur.
Côté solutions : s’associer, déléguer, mutualiser pour améliorer la rentabilité des exploitations agricoles
Côté solutions, Francis Colin, agriculteur dans les Landes, représentait la cuma de Saint-Mamans. Avec ses six adhérents — trois fermes, trois groupements forestiers — mais aussi un groupement d’employeurs comptant 13 salariés permanents, cette cuma landaise, unique en son genre, est spécialisée dans les légumes pour la conserverie, les semences, le gazon en plaques et les matériels forestiers.
Association, délégation, mutualisation… cette organisation coche toutes les cases que l’équipe de chercheurs a identifiées chez les exploitations en capacité d’aller chercher de la rentabilité. Donc de durer.
Méca-culturales
Organisées par l’Association des cuma du bassin de l’Adour, les Méca-culturales se sont déroulées les 10 et 11 septembre à Saint-Agnet dans les Landes. Pour découvrir le côté machines, c’est sur www.entraid. com (« Les Méca-culturales marient la théorie à la pratique »).
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