Quand le prix du GNR augmente, l’addition peut faire mal en fin d’exercice. «Dans les analyses des coûts de revient des chantiers, nous constatons que le coût du carburant équivaut désormais au coût du tracteur en lui-même», pose Jean-Marc Roussel, animateur cuma en Bretagne. Cette facture, les utilisateurs de tracteur ont néanmoins des possibilités de l’atténuer. Pour consommer moins de GNR, il faut s’intéresser au matériel et à la manière dont il est utilisé. Devant l’assemblée générale de sa fédération de proximité, le conseiller analyse quelques différences observées au gré d’essais.
Comment consommer moins de GNR avec son tracteur?
Exemple sur un chantier de travail du sol. Le cultivateur de 3m tiré à 7 km/h fait consommer 33% de carburant de moins au même tracteur, selon que le moteur tourne à 2300 ou 1600 tr/min. «Il n’y a rien d’autre qui change que la gamme. Le débit de chantier, la qualité de travail sont les mêmes. Le tracteur fera simplement un peu moins de bruit et il consommera 3 l/ha en moins.»
Connaître son moteur, la bonne manière de le valoriser, et y adapter sa conduite constitue pour l’expert «le premier levier», pour optimiser sa consommation de carburant.
Utiliser le bon tracteur pour consommer moins de GNR
Par ailleurs, il convient d’employer le bon format de tracteur par rapport au travail demandé. Les mesures de consommation de GNR sur deux tracteurs Massey Ferguson devant le même déchaumeur indiquent que celui de 205 ch a consommé 20% de plus que le modèle de 160 ch. L’animateur prolonge ses comparaisons sur du transport de lisier avec une tonne de 15 000 l. Sur les trois tracteurs de la même marque, le plus petit, de 125ch, s’avère «un peu juste. Pour dépanner ça passe, mais on n’aurait pas pu envisager une saison avec.»
D’autant que le surplus de temps passé sur la route a généré une surconsommation de quelques pourcents. Sur ce chantier, le modèle de 145 ch était idéal. Par rapport à celui-ci, utiliser un mastodonte de 220 ch signifie surconsommer quasiment 15% de fioul.
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Un tracteur qui ne patine pas est un tracteur trop lourd
Les leviers d’action sur la consommation de GNR par l’exploitation agricole sont nombreux. Bien choisir le tracteur au besoin du chantier ne fait pas tout. Et avant de valoriser le moteur aux bonnes fréquences, l’animateur règle aussi la question du lestage.
«Qui ajoute des masses sur son vélo pour ses sorties ? Pour un tracteur, c’est pareil. On a besoin de poids quand on sollicite une force de traction, au labour, par exemple.»
Dès lors que l’on cherche de la vitesse, entre autre sur du transport ou du semis, le poids est l’ennemi de l’économie. Jean-Marc Roussel illustre avec une mesure sur un 7620, toujours au transport de lisier. Sans masse avant de 1,5 t, il a brûlé environ 5% de carburant en moins que lorsqu’elle est restée sur l’attelage.
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«Qui ne consomme que 4 l/ha avec une faucheuse de 3 m?»
Si les chevaux superflus vident la cuve et le compte de l’exploitation, l’expert bat en brèche l’idée reçue qu’un gros tracteur coûte obligatoirement cher. L’activité fauche de la cuma de Plurien appuie le propos. Là-bas, deux tracteurs portent le groupe de 10 m selon les disponibilités. Le titulaire consomme 17 l/h, tandis que son remplaçant, plus puissant, atteint 23 l/h. Pour autant, ils consomment autant: 4 l/ha.
«En fait, il faut considérer le débit de chantier aussi», poursuit Nicolas Besrest, le représentant de la coopérative qui mesure précisément ses consommations. En effet, le tracteur le plus utilisé coupe en moyenne 4,26 ha/h quand son suppléant abat 1,5 ha/h de plus en moyenne.
Le conseiller en conclut : « s’il fait du débit de chantier et qu’on a la surface derrière », le moins économe ne coute pas plus cher. D’autant plus que dans ce cas, le groupe gagne aussi du temps de travail et des heures de tracteur, donc de la disponibilité du service.
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